2023 | Bulletin d’info d’août : L’actu des organisations membres de LVC dans le monde entier

En août, nous avons réactivé l’appel pour notre 8ème Conférence internationale, prévue du 1er au 8 décembre 2023 à Bogota, en Colombie. Le thème de la conférence, « Face aux crises globales, construisons la souveraineté alimentaire pour assurer un futur à l’humanité ! », reflète les mises à jour et les alertes que nous présentons dans cette édition du bulletin d’info, qui contient des nouvelles d’Asie, d’Afrique, d’Europe et des Amériques.


Le 50e Congrès du Mouvman Peyizan Papay (MPP) s’est déroulé dans le district de Hinche en Haïti du 5 au 11 août. L’événement a réuni 1’152 délégué·es, dont une délégation internationale de notre mouvement et des paysan·nes de Tèt Kole et du Mouvman Peyizan Nasyonal Kongre Papay (MPNKP), les deux autres organisations membres de LVC en Haïti. Au milieu de la crise multidimensionnelle du pays, le congrès a abordé des solutions concrètes telles que la réforme agraire, l’agroécologie et le féminisme paysan, qui sont énoncées dans son plan d’action pour les 5 prochaines années. Notre délégation a réaffirmé l’importance d’une solution haïtienne pour Haïti dans une déclaration commune avec d’autres organisations présentes, rejetant fermement les menaces d’intervention militaire des États-Unis et d’autres membres du groupe restreint.

Toujours dans les premiers jours d’août, La Via Campesina a rejoint la campagne de solidarité mondiale « Let Cuba live », qui exige le retrait de Cuba de la liste des États soutenant le terrorisme, promue par les États-Unis. Cette désignation s’ajoute au blocus économique déjà dévastateur, qui maintient le peuple cubain isolé, ce qui rend encore plus difficile le commerce et l’obtention de biens de consommation de base.

Par ailleurs, en solidarité avec les paysan·nes du Niger, La Via Campesina a publié une déclaration de solidarité, condamnant les sanctions sévères de la CEDEAO qui, après le coup d’État, affectent principalement la population et la paysannerie. Notre mouvement paysan se joint à la population et aux organisations paysannes du Niger pour rejeter les menaces d’une intervention militaire de la CEDEAO qui, avec le soutien de la France et de l’Union européenne, ne fera qu’accroître la violence et la pauvreté. Nous nous joignons également à l’appel pour des solutions qui respectent la souveraineté du peuple nigérien, y compris les droits des paysan·nes et la souveraineté alimentaire, afin de parvenir à la paix et à la prospérité.

Au Sénégal, les jeunes paysan.nes du Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux (CNCR) ont défini le Lac Rose comme le site du deuxième Camp d’Agroécologie Paysanne pour le Climat et la Gestion Communautaire des Ressources Naturelles (CAP-GCRN2). Les jeunes du CNCR cherchent ainsi à connaître les besoins de la population locale, qui vit de l’écosystème du lac, actuellement au bord de l’effondrement après les inondations produites par les fortes pluies de 2022, et à faire connaître leurs demandes aux autorités de l’État afin de préserver ce lac symbolique qui sert de moyen de subsistance à de nombreuses familles.

En juillet et au début du mois d’août, les organisations de petit.es exploitant.es agricoles du ZIMSOFF ont organisé au Zimbabwe des festivals de semences et de produits alimentaires mettant en valeur la vaste gamme d’aliments et de produits traditionnels. Ces événements ont donné lieu à des échanges et à des trocs entre les participants. Au milieu des défis économiques causés par la forte inflation du pays, les petit.es agriculteur.trices ont profité de ces foires pour renforcer la solidarité et établir des réseaux entre les acheteur.trices et les consommateur.trices.

Pour leur part, les jeunes du ZIMSOFF ont commémoré la Journée internationale de la jeunesse le 12 août à l’école d’agroécologie de Shashe. Iels ont participé à la plantation d’arbres pour lutter contre le changement climatique, soulignant ainsi leur rôle dans le soin et la protection de la planète. De même, des jeunes de l’ESAFF Ouganda ont organisé avec succès un webinaire sur le potentiel de l’agroécologie pour créer des emplois verts et transformer les systèmes alimentaires. Iels ont insisté sur la nécessité de mettre en place des politiques favorables pour lever les obstacles à la prospérité des jeunes.

En Tanzanie, MVIWATA commémore son 30e anniversaire en lançant le premier centre de marché agroécologique, situé à Morogoro. Ce centre a été officiellement inauguré le 2 août et servira d’espace où chacun pourra apprendre des agriculteur.trices et acheter des produits agroécologiques. Le 5 août, MVIWATA a participé à la foire Mwalimu Nyerere, où l’organisation a présenté la grande diversité de l’agroécologie paysanne.

Le 22 août, en Palestine, l’Union des comités de travailleur·euses agricoles (UAWC), a organisé une manifestation dans le port de Gaza. Iels ont exigé la fin du blocus maritime, condamné les attaques sionistes contre les pêcheur.euses et soutenu leur droit à accéder à des moyens de subsistance. Les paysan·nes palestinien·nes sont confronté.es à des conditions extrêmement difficiles, travaillant plus de 13 heures par jour sans repos hebdomadaire, sans contrat légal, sans assurance et sans revenus suffisants. En outre, iels doivent parcourir de longues distances pour se rendre dans leurs champs. En réponse, l’UAWC organisera une conférence nationale à Tubas (Palestine) en novembre 2023 pour aborder ces questions et chercher des solutions.

En Tunisie, le 13 août, à l’occasion de la Journée nationale de la femme, le Million de femmes rurales et l’Association des sans-terres ont contribué à la création de la première entreprise communale. Cette initiative repose sur le principe du droit des femmes à accéder à la terre et à lutter contre toutes les formes d’exploitation et de servitude. Le Président de la République a rendu visite à cette entreprise communale et leur a octroyé un terrain de 541 hectares pour des activités agricoles. Grâce à cela, plus de 50 femmes, qui travaillaient auparavant comme ouvrières agricoles sur ces mêmes terres, sont devenues propriétaires.

En République dominicaine, les 21 et 22 août 2023, la réunion continentale de communication du CLOC-La Via Campesina a eu lieu à l’école d’agroécologie (IALA) Mama Tingo. Lors de la réunion des communicateur.trices, les organisations paysannes locales ont exprimé leur solidarité avec la lutte contre l’extractivisme au Panama et ont rejeté le contrat minier de First Quantum avec le gouvernement panaméen. Pour sa part, UPC Panama a souligné que la lutte des paysan.nes panaméen.nes porte sur la préservation de la vie, contrairement à la nature néfaste de l’exploitation minière.

Au Guatemala, le 9 août, dans le cadre de la Journée internationale des peuples autochtones, le Comité de l’unité paysanne (CUC) a participé à un chat virtuel avec des représentant.es autochtones, tels que Daniel Pascual Hernández, coordinateur du CUC. L’événement a abordé la question des connaissances ancestrales et a souligné la valeur des langues pour le rétablissement de l’éducation, de l’alimentation et des moyens de subsistance des populations autochtones. Les États ont été invités à prendre sérieusement en considération la situation des peuples autochtones et à respecter leur autonomie.

Toujours en Amérique latine, en août, le coordinateur national agraire (CNA) a participé, au nom du CLOC et de la Via Campesina, aux « Dialogues amazoniens » qui se sont déroulés à Belém do Pará, au Brésil, et qui ont rassemblé plusieurs organisations indigènes, noires et paysannes vivant sur le territoire. Lors de cette rencontre, la CNA a proposé la reconnaissance des territoires paysans agroalimentaires comme projet de vie et la permanence des paysan.nes dans les territoires amazoniens. Elle a appelé à la formation de gardes paysans, noirs et indigènes comme mécanisme d’autoprotection des territoires, des peuples, des dirigeant.es et des organisations.

Le 18 août, au Pérou, la Fenmucarinap a commémoré ses 17 ans d’existence en organisant une assemblée extraordinaire pour prendre des décisions face à la crise politique, économique et environnementale du Pérou. Elle a également tenu une conférence de presse au cours de laquelle l’importance de la souveraineté alimentaire a été discutée et le rôle transversal du féminisme paysan et populaire dans la recherche de la justice et de l’égalité a été souligné. Des représentant.es du peuple Kokama Kukamira de Nauta (Loreto), qui réclame la restitution des terres concédées à des entreprises privées par le gouvernement péruvien, ont assisté à l’événement. Morgan Ody, coordinatrice de La Via Campesina, s’est jointe à eux pour souligner l’importance de la lutte des femmes pour le droit au territoire.

En Inde, les agriculteur.trices de l’Association des agriculteur.trices de l’État de Karnataka (KRRS) et d’autres groupes manifestent depuis longtemps à Bellary contre l’augmentation des dettes. Le 21 août, des centaines d’agriculteur.trices venu.es de différentes parties du district ont organisé une marche de protestation à l’aide de charrettes à bœufs et de tracteurs. Iels ont dénoncé le « harcèlement des agriculteur.trices par la Karnataka Gramin Bank » et ont demandé l’annulation des prêts agricoles.

Au Sri Lanka, MONLAR a organisé un symposium public sur l’agroécologie auquel ont participé des membres de LVC d’Asie du Sud. Lors de cet événement, iels ont discuté de la crise alimentaire actuelle, des événements climatiques extrêmes qui perturbent l’agriculture dans les pays d’Asie du Sud et de l’état de l’économie qui a accentué la crise agricole. Les invités ont souligné la nécessité pour les gouvernements de la région de reconnaître les effets néfastes de l’agriculture chimique et de l’endettement des agriculteur.trices.

La Ligue des paysan.nes coréen.nes a lancé un avertissement concernant la dévastation des zones rurales due aux catastrophes climatiques récurrentes. Entre mars et juillet, des températures extrêmes, de la grêle et de fortes pluies ont endommagé les cultures dans tout le pays. En août, un typhon a frappé la péninsule. Cette situation s’ajoute à une baisse drastique du prix du riz due à l’importation de produits agricoles et à la flambée des coûts de production pour les engrais, les matériaux et le pétrole.

En Thaïlande, l’Assemblée des pauvres (AoP) a attiré l’attention sur la situation critique des communautés riveraines du Mékong et du fleuve Mun. L’assemblée souligne que la décision d’ouvrir ou de fermer les vannes du barrage de Pak Mun est incompatible avec la saison de migration des espèces de poissons du fleuve.

En Europe, le syndicat agricole EHNE Bizkaia, au Pays basque, a lancé une série de vidéos éducatives intitulées « Transmettre la sagesse des femmes de Baserritarra », dans le but de diffuser et de récupérer la sagesse et les compétences que les agricultrices basques ont transmises de génération en génération.

En Belgique, le Mouvement d’action paysanne (MAP), en coproduction avec Permanier TV, a publié un documentaire détaillant la situation économique difficile à laquelle sont confronté.es les paysan.nes et les petit.es agriculteur.trices en raison de l’appropriation par l’agrobusiness. Iels ont également lancé un appel direct à la population pour qu’elle consomme des produits locaux et prenne en charge la souveraineté alimentaire du pays.


Si nous avons loupé une actu importante, veuillez envoyer les liens à : communications@viacampesina.org pour qu’ils soient inclus dans la prochaine édition. Nous n’incluons que les mises à jour des membres de La Via Campesina.

Pour une mise à jour complète des différentes initiatives d’août 2023, veuillez consulter notre site web. Vous pouvez également trouver les éditions précédentes de notre bulletin d’information sur notre site web.

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