#17Avril2021 Vingt-cinq ans de luttes paysannes pour faire de la souveraineté alimentaire une réalité
APPEL À LA MOBILISATION
(Harare, le 23 mars 2021) Lors du Sommet mondial de l’alimentation de 1996, La Via Campesina a mis des mots sur sa vision pour s’opposer au modèle industriel capitaliste à l’origine de la faim, des inégalités et de la crise climatique en définissant la “souveraineté alimentaire”. La souveraineté alimentaire est le droit des personnes à produire de manière autonome des aliments sains, nutritifs, adaptés au climat et à la culture, en utilisant les ressources locales et des pratiques agroécologiques, afin de répondre en priorité aux besoins alimentaires locaux de leurs communautés. La souveraineté alimentaire est nécessaire notamment pour garantir la sécurité alimentaire.
Depuis son lancement, il y a 25 ans à Rome, la souveraineté alimentaire a eu des répercussions importantes sur les politiques publiques, reprises par de nombreuses organisations et institutions des Nations unies telle que la FAO (Organisation pour l’alimentation et l’agriculture), le FIDA (Fonds international de développement agricole) , le Conseil des droits de l’Homme (CDH) , etc. Certains gouvernements comme l’Équateur, le Venezuela, le Mali, la Bolivie, le Népal, le Sénégal, etc. l’ont incluse dans leurs politiques et certains dans leurs constitutions. L’adoption de la déclaration sur les droits des paysan⋅ne⋅s et autres personnes vivant dans les zones rurales par l’Assemblée générale des Nations unies en 2018 et la reconnaissance de l’agroécologie par la FAO en 2015 témoignent d’une reconnaissance et d’une acceptation plus larges de la souveraineté alimentaire des peuples du monde par certaines institutions multilatérales et gouvernements.
Malgré ces succès, les multinationales travaillent sans relâche pour bloquer et faire reculer l’ancrage de la souveraineté alimentaire et de l’agroécologie dans les politiques publiques notamment dans de nombreuses instances des Nations unies tels que les Conseil des Droits de l’Homme ou le comité pour le sécurité alimentaire mondial. L’exemple récent de l’organisation du sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires illustre bien l’emprise de ces entreprises, qui utilisent la pandémie de la COVID-19 et l’augmentation de l’insécurité alimentaire pour promouvoir leurs intérêts. De notre côté, nous pensons qu’au contraire, la pandémie actuelle de la COVID-19 a montré l’importance et la résilience des systèmes alimentaires locaux qui ont permis à de nombreuses personnes d’échapper à la faim et à la famine. Pour cette raison, nous continuerons à faire pression pour une stratégie de transformation radicale vers un système alimentaire juste et décent pour toutes et tous : un système alimentaire qui reconnaisse les besoins des peuples, ne pille pas la nature et respecte la dignité des hommes et des femmes.
Cette année, nous célébrons 25 ans de luttes pour la construction de la souveraineté alimentaire. Il s’agit d’une opportunité pour donner d’avantage de visibilité aux succès déjà obtenus, mais c’est aussi et surtout le moment de décupler nos efforts collectifs pour obtenir la réalisation de la souveraineté alimentaire dans les prochaines 25 années.
Faisons de cet anniversaire de 25 années de luttes paysannes, un moment fort de solidarité et de construction de ce que nous entendons par la souveraineté alimentaire et pourquoi nous pensons qu’elle est plus que jamais pertinente et d’actualité. Montrons-en toutes les dimensions en tant qu’alternative au système capitaliste alimentaire. Nous, la Via Campesina allons faire de 2021, une année de célébration de la souveraineté alimentaire, et plus particulièrement au moment de nos dates de mobilisation clefs : 17 avril (journée des luttes paysannes1), 16 octobre (journée d’action internationale pour la souveraineté alimentaire des peuples et contre les multinationales), 25 novembre (journée internationale contre la violence faite aux femmes), le 3 décembre (journée contre les agrotoxiques et pour la vie).
Pour ce #17Avril2021, nous appelons chacun de nos membres, nos allié⋅e⋅s, nos ami⋅e⋅s à mettre en avant une dimension de la souveraineté alimentaire qui fasse sens dans son contexte local.
- Organisez des événements pour défendre la vie et promouvoir les semences paysannes, les droits des paysan⋅ne⋅s , les droits des travailleur⋅se⋅s migrant⋅e⋅s, l’alimentation local, l’agroécologie, les politiques publiques en faveur de la souveraineté alimentaire etc.
- Actions symboliques de solidarité, Projections de film, débats publics, marchés paysans, cuisines collectives en plein air, donations d’aliments dans les villes ou dans le voisinage, toutes vos idées sont bienvenues.
Autour du 17 avril, nous appelons plus particulièrement à des démonstrations de solidarité concrètes envers tous les peuples opprimés. La répression des luttes paysannes et citoyennes a encore augmenté. Partout dans le monde, la liste des leaders de mouvements sociaux menacé⋅e⋅s, tué⋅e⋅s ou emprisonné⋅e⋅s s’allongent inexorablement. En mémoire des personnes du mouvement des sans terre tuées les 17 avril 1996 et en solidarité avec toutes celles qui vivent de violentes répressions de leurs luttes aujourd’hui , nous proposerons à nouveau une action mondiale de solidarité comme celle du 26 janvier dernier consistant à allumer des bougies d’espérances. Plus de précisions vous serons données ultérieurement
Mobilisons-nous et montrons au monde que la solidarité est notre force.
Envoyez-nous vos photos, déclarations, articles, vidéos, affiches et actions de mobilisations à lvcweb@viacampesina.org, nous relierons toutes ces actions les unes aux autres pour donner vie et visibilité à ce grand défi commun de la souveraineté alimentaire.
Les crimes et la violence contre celles et ceux qui luttent pour la souveraineté alimentaire doivent cesser !
“Nous nourrissons le monde et construisons la souveraineté alimentaire”.
#17avril2021 #PasdeFuturSansSouverainetéAlimentaire
1 Le 17 avril 1996, la police militaire de l’Etat amazonien du Pará au Brésil chargeait des paysans membres du Mouvement des travailleurs sans terres (MST) qui, pour exiger la mise en œuvre de la réforme agraire, bloquaient une route. 19 personnes furent tuées, 2 moururent plusieurs jours après des suites de leurs blessures. Il y eut aussi des centaines de blessés empêchés par leurs séquelles de continuer à travailler dans l’agriculture. La Via Campesina, qui tenait alors sa deuxième conférence internationale à Tlaxcala au Mexique, déclara le 17 avril, comme journée internationale des luttes paysannes.
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