Vidéo explicative : qu’est-ce que la souveraineté alimentaire ?


Nous, La Via Campesina, un mouvement paysan international qui s’est réuni avec d’autres alliés du monde entier pour renforcer l’effort mondial en faveur de la souveraineté alimentaire. Notre mouvement mondial rassemble des millions de paysan·nes et de petit·es producteur·trices de denrées alimentaires, notamment des personnes sans terre, des peuples autochtones, des femmes et des jeunes, des migrants, des éleveurs et d’autres personnes travaillant dans les zones rurales du monde entier.

En tant que petit·es producteur·trices alimentaires, nous nourrissons 70 % de la population mondiale et nous sommes les gardiens d’une sagesse ancestrale transmise depuis des milliers de générations. Nous détenons la clé de la production d’aliments sains et nutritifs en parfaite harmonie avec notre mère la Terre, à une époque où celle-ci est menacée par le capitalisme néolibéral qui a créé la faim, les conflits et la destruction de l’environnement à l’échelle mondiale. C’est pourquoi nous nous sommes rassemblés pour défendre les divers modes de vie qui existent dans nos zones rurales et pour protéger la souveraineté alimentaire de nos populations.

QU’EST-CE QUE LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE ?

La souveraineté alimentaire est le droit de chacun et chacune, partout dans le monde, de produire des aliments localement et de manière durable grâce à des méthodes agroécologiques qui respectent le contexte climatique, culturel et géographique de chaque région. Elle nous place au cœur des systèmes alimentaires, plutôt que de puissantes entreprises, en s’appuyant sur les principes de solidarité, de collectivité et de justice sociale.
La souveraineté alimentaire défend nos générations passées, présentes et futures, et constitue une alternative à un système alimentaire industriel destructeur et nuisible.
Elle donne la priorité au commerce et marchés locaux, qui renforcent l’agriculture paysanne, la production, la distribution et la consommation de denrées alimentaires sur la base de la durabilité environnementale, sociale et économique. Elle garantit notre droit d’utiliser et de gérer nos propres terres, territoires, eaux, semences, bétail et biodiversité.
Et, plus important encore, la souveraineté alimentaire nous donne le pouvoir de préserver et de développer nos connaissances et nos capacités de production alimentaire dans le monde entier.

Alors, quelle est notre vision collective ?

Ensemble, nous luttons pour un monde ou nous :

  • Le droit des femmes dans les sphères de décisions liées à la production alimentaire est reconnu et respecté ;
  • Notre diversité, nos connaissances traditionnelles et nos cultures sont estimées et respectées ;
  • Les environnements ruraux, les ressources marines et les paysages sont conservés et réhabilités ;
  • Le commerce alimentaire est réorganisé, où les aliments sont avant tout une source de nutrition et où seul le surplus est échangé selon des principes de solidarité et de coopération ;
  • Nous élaborons nos propres systèmes et politiques de production alimentaire permettant à chacun et chacune de bénéficier d’une alimentation saine et abordable ainsi que d’un salaire décent ;
  • Nos territoires sont protégés et récupérés des actions déloyales des sociétés transnationales, les pleins droits sur nos terres et mers sont garantis par une véritable réforme agraire ;
  • Les familles paysannes, et plus particulièrement les femmes, ont accès à des terres fertiles, des semences indigènes, au crédit, aux technologies agricoles et à la propriété de leurs propres connaissances ;
  • La technologie est inclusive, au service de l’humanité, et il y a des avantages d’investissements dans la recherche publique intégrant les connaissances locales des agricultrices et agriculteurs et les pratiques indigènes à la science moderne ;
  • Nous vivons et partageons nos terres et territoires en paix, sans craindre les conflits violents, les déplacements forcés et l’accaparement de nos terres ;
  • Et enfin, la souveraineté alimentaire est reconnue et implémentée comme un droit humain fondamental.

Au cours des deux dernières décennies, notre idée de souveraineté alimentaire a commencé à germer et à se développer.
Aujourd’hui, plusieurs institutions comme l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Comité de la Sécurité Alimentaire Mondiale (CSA), des mouvements sociaux, la société civile, des syndicats et plusieurs gouvernements nationaux (comme le Népal, le Mali, la Bolivie et l’Équateur) reconnaissent la souveraineté alimentaire comme un pilier central dans l’élaboration des politiques d’agricultures et alimentaires.
Malgré ces avancées, la route est encore longue. Cependant, la pandémie du COVID-19 nous a montré une nouvelle fois que les économies locales solides étaient plus résistantes aux chocs qu’on ne le pensait.
C’est pourquoi, à la Via Campesina, nous nous engageons à construire un mouvement collectif pour y parvenir, grâce à la solidarité avec les paysannes et les paysans, où qu’ils soient.
Le temps de la souveraineté alimentaire est venu !