Vers une convention des Nations Unies sur les droits paysans

Après sept années de discussion tant sur le contenu que sur les stratégies, c’est avec sérénité et confiance que Via campesina augure la réalisation prochaine d’une Convention des Nations Unies sur les droits paysans.

 

Cette convention sera la pierre angulaire d’un mode de vie durable pour l’ensemble des habitants de la planète. Nous – paysans et paysannes, avec ou sans-terre, travailleurs agricoles, peuples indigènes – représentons près de la moitié de la population mondiale et sommes la colonne vertébrale des systèmes alimentaires.

Or les paysans sont expulsés de plus en plus fréquemment de leurs terres, privés de leurs moyens d’existence et de production au profit de  « mégaprojets »  – agrocarburants, industries minières, infrastructures routières, tourisme de masse… – ou du fait de l’augmentation de la militarisation et des conflits armés.

Les privatisations de l’eau et des semences s’accélèrent, les savoir-faire agricoles disparaissent. L’utilisation massive de pesticides, de semences hybrides, de plantes génétiquement modifiées, conduit à la disparition de nombreuses espèces et à la diminution de la biodiversité en général. Les revenus agricoles ne permettent pas de vivre dignement : les flux migratoires s’intensifient, les paysans quittent de plus en plus nombreux les campagnes. La criminalisation de leurs luttes se durcit. Dans ce contexte, il est devenu urgent de mettre en avant les droits spécifiques nécessaires à la pérennité des paysans et des paysannes.

Nous faisons face à des exemples spécifiques de violations de nos droits, par les crimes commis par les sociétés transnationales et pour les accords de libre-échange. Afin de répondre à ces attaques, nous avons besoin de dispositions et de mécanismes propres nous permettant de protéger effectivement nos droits. La future convention établira les droits spécifiques qui devront être garantis par les gouvernements et les institutions internationales.
Nous chercherons également l’appui des gouvernants et des institutions pour développer à tous les niveaux la convention. Nous appelons la FAO et le Fonds international de développement agricole (Fida) à conserver leurs mandats en contribuant à la protection des droits paysans. Nous demandons au département des affaires juridiques de la FAO de recenser tous les instruments utiles à la construction et à la protection des droits paysans. Nous porterons notre Déclaration sur les droits paysans auprès du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.

A la lumière des menaces que font peser les attaques du modèle capitaliste néolibéral sur les paysans et les systèmes alimentaires locaux, nous appelons tous les peuples à se rassembler pour l’avenir de l’humanité.

Josie Riffaud paysanne en gironde,
déléguée européenne à Via Campesina