Suisse: 2030 et la souveraineté alimentaire
Communiqué de presse
16 octobre : Journée internationale pour la souveraineté alimentaire ; Uniterre interpelle le seco et les Agroscopes (stations de recherche agronomique) sur la durabilité des politiques de libre-échange.
Uniterre promeut depuis de nombreuses années en Suisse le concept de la souveraineté alimentaire développé en 1996 par La Via Campesina. Le 16 octobre a été déclarée journée internationale pour la souveraineté alimentaire.
La souveraineté alimentaire désigne le DROIT d’une population, d’une région ou d’un pays à définir leur politique agricole et alimentaire, sans dumping de prix vis-à-vis de pays tiers.
La souveraineté alimentaire inclut :
La priorité donnée à la production agricole locale pour nourrir la population, l’accès des paysan(ne)s et des sans-terres, à la terre, à l’eau, aux semences et au crédit. D’où la nécessité de réformes agraires, de la lutte contre les OGM pour le libre accès aux semences et de garder l’eau comme un bien public à répartir durablement.
Le droit des paysan(ne)s à produire des aliments et le droit des consommateurs à pouvoir décider ce qu’ils veulent consommer et par qui et comment l’aliment est produit. – Le droit des Etats à se protéger des importations agricoles et alimentaires à trop bas prix.
Des prix agricoles liés aux coûts de production. C’est possible à condition que les Etats ou les Unions aient le droit de taxer les importations à trop bas prix, et s’engagent pour une production paysanne durable et maîtrisent la production sur le marché intérieur pour éviter des excédents structurels.
La participation des populations aux choix des politiques agricoles
La reconnaissance des droits des paysannes, qui jouent un rôle majeur dans la production agricole et l’alimentation
Après la suspension des négociations du round de Doha, il nous semble que le Seco et l’Office fédéral de l’agriculture ont du temps à disposition pour faire des recherches complémentaires. C’est pourquoi nous leur demandons d’approfondir la question du libre-échange sous l’angle des ressources telles que l’eau, le sol et les énergies.
Un des travers pernicieux du libre-échange est celui de fixer comme critère de choix, le seul avantage comparatif. Si une denrée alimentaire peut être produite moins cher ailleurs, autant se fournir là-bas. Cette vision des échanges agricoles amène à des transports exagérés de denrées alimentaires à travers la planète à des prix n’ayant plus aucun lien avec la réalité des coûts. Cette aberration ne concerne pas que la paysannerie suisse. Elle est dénoncée mondialement par les membres de la Via Campesina. La situation est d’ailleurs bien plus dramatique au sud, par exemple en Afrique, dont les marchés sont envahis par des céréales européennes et américaines subventionnées, du riz asiatique ou du poulet brésilien.1 C’est aussi pour cette raison que les ONG de développement soutiennent toujours plus l’idée de souveraineté alimentaire. Ce trafic alimentaire est aujourd’hui possible parce que les externalités de ce type de politique ne sont pas prises en compte. Parce que les transports sont, de la même manière, encore trop bon marché et qu’il n’y a aucune véritable réflexion sérieuse sur la limitation des stocks de pétrole. Routes, rails, aéroports, infrastructures de communication grignotent toujours plus la zone agricole.