Solidarité avec les interprètes : pour une aide urgente dans le cadre de la pandémie COVID-19
Communiqué de la coordination européenne de La Via Campesina
À la lumière de la crise de COVID-19, les interprètes indépendant.e.s travaillant pour les institutions européennes se sont retrouvé.e.s sans soutien d’urgence adéquat. L’UE tire profit de la mesure d’économie consistant à employer des agents interprètes de conférence (AIC) accrédités en tant que free-lance, bien qu’elle soit souvent le seul employeur de ces derniers. En raison de l’arrêt des activités des institutions pendant la période de quarantaine, les AIC ont vu toutes leurs sources de revenus réduites. Pourtant, en raison de leur relation contractuelle avec l’UE, ils n’ont reçu que peu voire aucune compensation.
Le rôle des interprètes est essentiel pour la prise de décision démocratique et la consultation de l’UE. De plus, les interprètes et traducteurs bénévoles sont essentiels au travail de la Coordination européenne Via Campesina (ECVC). Ainsi, ECVC est solidaire avec tou.te.s les interprètes touché.e.s par la pandémie et concrètement exige que l’UE consulte les AIC, afin de mettre en place des instruments suffisants et fournir un soutien d’urgence pendant les perturbations causées par la pandémie de COVID-19.
Malgré les appels à la solidarité lancés par les dirigeants européens tout au long de la pandémie, le seul soutien que l’UE a offert jusqu’à présent aux AIC est une petite avance pour les travaux futurs. Cette aide intervient après que tous les contrats d’AIC quotidiens ont été annulés avec un préavis de 60 jours, évitant ainsi la nécessité contractuelle de verser une compensation.
Malgré le fait que la discrimination fondée sur la langue soit interdite par l’article 21 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, ECVC souhaite souligner qu’au cours de la dernière décennie, on a observé une réduction significative du nombre d’espaces institutionnels qui fournissent des services d’interprétation, permettant seulement aux expert.e.s et aux citoyen.ne.s européen.ne.s qui parlent anglais de pouvoir participer à ces espaces. Pour ECVC, cela entraîne une dégradation de la qualité des mécanismes de consultation au sein de l’Union européenne et constitue une discrimination à l’encontre des organisations paysannes membres qui ne parlent pas anglais. Cette situation a été exacerbée par le COVID-19, car aucune interprétation n’a été fournie pour les réunions des groupes de dialogue civil, qui se déroulent généralement en plusieurs langues.
Il s’agit là d’une contradiction flagrante avec le droit des paysan.ne.s à une participation active et libre aux processus de décision, tel que reconnu par les articles 10 et 11 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP). En particulier, l’article 11 prévoit que « Les États prendront des mesures propres à assurer aux paysans et aux autres personnes travaillant dans les zones rurales l’accès à une information utile, transparente, opportune et adéquate dans une langue, sous une forme et sur des supports adaptés à leurs méthodes culturelles, de façon à promouvoir leur autonomisation et à garantir leur participation effective à la prise des décisions susceptibles d’avoir une incidence sur leur vie, leurs terres et leurs moyens de subsistance. »
ECVC souligne donc également le rôle important que les interprètes et les traducteur.rice.s jouent dans la démocratie européenne, et demande aux institutions européennes de fournir des services d’interprétation chaque fois que cela est nécessaire, afin de garantir et de respecter le droit de participation des citoyen.ne.s européen.ne.s (Article 39 de l’EUCFR).
Pour plus d’informations sur la lutte des interprètes accrédité.e.s pour obtenir du soutien, vous pouvez consulter le site https://www.euaid4interpreters.eu/.
Contacts:
- Alisha Sesum – Responsable de Communication de ECVC: +44 7557537289 – EN, ES, FR
- Andoni García Arriola – Comité de Coordination d’ECVC: +34 636 451 569 – ES, EUZ