SADC : Construire l’unité et la solidarité pour opérer un changement du système

Via Campesina, Rural Women’s Assembly, People’s Dialogue et WoMin

Bulawayo, le 14 août 2014 – Des femmes venues de tous les coins de l’Afrique australe se sont donné rendez-vous à Bulawayo afin de participer au Sommet des Peuples, un sommet parallèle à celui des chefs d’Etats de la CDAA (Communauté de développement d’Afrique australe), qui se tient du 14 au 16 août 2014. Elles se sont réunies pour échanger leurs expériences sur la manière dont elles ont été touchées que ce soit par les décisions prises par les gouvernements sans véritable consultation populaire, ou par le complexe agro-minier hérité des colonies qui continue à s’emparer des terres afin d’y extraire des ressources. Mais les femmes se sont avant tout rassemblées pour construire et renforcer leur solidarité, nouer des alliances et s’engager dans la lutte pour encourager un système de changement.

 Aujourd’hui – jour d’ouverture –, la rencontre fut dynamisée par une représentation symbolique, dramatique et chantée des défis relevés par la plupart des femmes en milieu rural (expulsion de leur terre, perte de leurs moyens de subsistance, etc.) et de la victoire qui pourra être atteinte grâce à un objectif commun et à la solidarité.

Des messages de solidarité ont par ailleurs été adressés au peuple palestinien qui souffre actuellement de sévères violations des Droits humains causés par le massacre de civils innocents. De plus, une vague de solidarité a été manifestée aux nombreux activistes politiques emprisonnés au Swaziland pour avoir exprimé leurs opinions politiques.

Mercia Andrews de la Rural Women’s Assembly a appelé les femmes à construire une unité et une solidarité accrues afin de fortifier la résistance et la voix des peuples. « Les actions mènent au changement ! Elles bouleversent la société et le pays ! Seuls les actions et les femmes organisées peuvent améliorer notre situation », a-t-elle soutenu.

Les femmes représentent la majorité des producteurs ainsi que la majorité de l’électorat du Sud de l’Afrique et d’Afrique en général. Grace Tepula de Zambie a exhorté les femmes à utiliser leur pouvoir majoritaire afin de générer le changement. Elle a déclaré : « Une femme est une femme, une mère. Sans femme, pas de nourriture. Les femmes devraient posséder les terres et être reconnues à ce titre. » Elizabeth Mpofu, coordinatrice générale de La Via Campesina, a mis l’accent sur le fait que nous devrions continuer à construire la résistance pour qu’un jour le changement s’opère. Ensuite, elle a souligné l’importance des terres et de la souveraineté alimentaire pour protéger la vie des peuples en milieu rural ainsi que l’intérêt de se prémunir des semences OGM et des décisions politiques telles que l’harmonisation des semences qui détruit leurs moyens de subsistance.

Cette année, le sommet des chefs d’Etats de la CDAA s’est concentré sur les ressources naturelles et leur valeur ajoutée sans se pencher sur la situation dégradante qui affecte les communautés.

Samantha Hargreaves de WoMin a appelé les personnes réunies à rejoindre l’alliance pour combattre les entreprises d’extraction minière qui pillent les communautés et polluent leur environnement. Farai Maguwu a expliqué qu’au lieu d’envoyer des aides au développement pour mettre un terme à la pauvreté, les gouvernements occidentaux devraient cesser de dérober les ressources naturelles du continent africain et autoriser les populations africaines à déterminer leur propre voie de développement. De fait, il existe un réel besoin d’empêcher les entreprises transnationales de s’emparer des ressources naturelles africaines. Une campagne pour démanteler le pouvoir des entreprises et stopper leur impunité a d’ailleurs été lancée. Celle-ci vise également à construire la souveraineté des populations. « Une telle souveraineté est capitale dans notre combat pour une vie meilleure pour tous », affirma Brid Brennan du Transnational Institute.

Elizabeth Mpofu a quant à elle donné un discours qui a fait écho chez tous les orateurs : « nous ne sommes pas présents pour célébrer mais pour savoir qui nous sommes et contre quoi nous luttons. Nous sommes ici pour renforcer notre résistance et personne ne viendra nous libérer de ces défis. » Le Sommet des Peuples n’est pas seulement une réunion qui suit les chefs d’Etats mais une force grandissante venue de l’intérieur qui cherche et envisage un avenir meilleur empreint d’égalité et d’équité pour tous. Ce mouvement et sa voix ne cessent de prendre de l’ampleur et ne peuvent être ignorés par les gouvernements.