Québec: Congrès annuel et nouveau président pour l’Union Paysanne
« Ça passe par la relève », tel était le thème du congrès annuel de l’Union paysanne, qui s’est déroulé mi-novembre à Victoriaville. L’organisation y a nommé un nouveau conseil d’administration et un nouveau président. Retour sur l’événement et message de ce dernier.
(Ste-Croix, le 20 novembre 2017) « Ça passe par la relève », tel était le thème du congrès de l’Union paysanne, tenu en fin de semaine à Victoriaville. L’auditoire, à forte proportion de jeunes agriculteurs en situation de démarrage de ferme, a discuté des entraves et difficultés liées au métier : accès limité au marché en raison des plans conjoints, quotas et agences obligatoires des filiales traditionnelles de l’UPA, normes du ministère de l’agriculture non adaptées à des modèles différents en agriculture, accès à la terre, manque de soutien.
Des conférenciers venus du Vermont, du Nouveau-Brunswick et de France ont toutefois présenté leur situation, nettement plus permissive qu’au Québec. Ainsi, un éleveur du Nouveau-Brunswick peut acquérir gratuitement du quota pour produire 40 000 poulets, alors que son homologue québécois est limité à 100. Patrice Vidieu, de la confédération paysanne française, a présenté comment la relève agricole française a réussi à mettre fin au monopole en place, ouvrant la porte à la liberté d’association en matière d’agriculture.
En dépit de ce cadre extrêmement rigide, le nouveau président de l’Union paysanne, Maxime Laplante, a souligné l’incroyable créativité de la nouvelle relève du Québec, développant des outils modernes : plate-forme web de mise marché, certification biologique d’insectes, permaculture, mise en marché directe, réseautage, etc.
L’équipe de direction de l’Union paysanne entend outiller la paysannerie. Recours collectif pour avoir droit à la mise en marché directe, fiducie foncière pour l’accès à la terre, Centre paysan pour la formation agricole, démarches auprès des élus pour une véritable politique agricole, collaboration internationale avec Via Campesina.
Une toute nouvelle génération de fermiers réclament leur place au soleil. Une politique agricole digne de ce nom devra en tenir compte.
Chers paysans et paysannes,
Ainsi que vous l’avez sans doute appris, la présidence de l’Union paysanne m’a été confiée, lors du congrès annuel tenu à Victoriaville en fin de semaine. Mais l’élément plus important, c’est que le congrès a élu une équipe dynamique et jeune à la direction de l’Union paysanne, à l’image de la relève agricole du Québec. Des gens innovateurs, créatifs, qui n’acceptent pas les limites imposées par le modèle actuel, avec ses quotas inaccessibles, ses normes mal adaptées à la réalité des circuits courts, le manque de soutien de l’État.
L’utopie, ce n’est pas de croire qu’on ne peut pas changer les choses, mais plutôt de croire que le système actuel va perdurer. La diminution constante du nombre de fermes, l’accroissement des monocultures et de la spécialisation, les coûts sociaux engendrés par la mauvaise gestion des ressources, tout cela ne peut pas continuer longtemps. Depuis 16 ans maintenant, l’Union paysanne tient le fort de la paysannerie, offre une tribune aux acteurs désireux de changement. Sous la présidence de Benoit Girouard, l’Union paysanne a fait beaucoup plus que tenir le fort. La nouvelle équipe entend poursuivre cette vision de réflexion, de changement, d’action.
La relève moderne en agriculture, ce sont pour beaucoup des néo-ruraux n’ayant pas de lien de parenté avec les familles agricoles en place. La moitié de cette relève a plus de 35 ans. Beaucoup de femmes, souvent plus de scolarité. Un parcours de vie différent. Mais avec des besoins essentiels pour s’établir.
Le premier de ces besoins est l’accès à la production et au marché. Avec eux, l’Union paysanne a entrepris une démarche de recours collectif. Une révolution dérangeante? La simple application de la loi sur la mise en marché des produits agricoles supposée permettre la libre mise en marché en autant qu’elle se fasse directement au client.
Un autre de ces besoins est l’accès à la terre. Pour l’Union paysanne, cela se concrétise par une collaboration avec des organismes comme Protecterre et Arterre, pour favoriser l’accès à la terre sans subir la spéculation.
Un besoin de formation, par le biais du Centre paysan, la seule école d’agroécologie en Amérique du Nord.
Sans compter le développement d’outils de mise en marché comme une plate-forme web.
L’avenir de l’agriculture et celui de la paysannerie passe par la relève. Au niveau politique, l’Union paysanne entend travailler à convaincre le gouvernement de formuler une véritable politique agricole tenant compte de cette réalité.
Pour y arriver, nous avons besoin de vous, de votre soutien, votre réflexion, votre action.
Maxime Laplante, agr