Plan européen Viande Ovine : Reconnaître et défendre le rôle et le savoir-faire des éleveurs ovins européens
Communiqué de presse de la Coordination Européenne Via Campesina
(Bruxelles, le 13 Octobre 2016) Un cycle de réunions de réflexion sur le secteur de la viande ovine, réalisé à la demande de Phil Hogan, s’est achevé aujourd’hui.
Pour la Coordination Européenne Via Campesina (ECVC), présente à ces réunions, c’est l’occasion rêvée pour l’Union Européenne d’enfin reconnaître à sa juste valeur le savoir-faire inestimable des éleveurs ovins sur nos territoires, que ce soit en zones de plaine en polyculture-élevage ou en zones plus difficiles de montagne ou insulaires. La production ovine joue un rôle socio-économique et environnemental majeur dans les territoires ruraux et dans l’aménagement de ces derniers.
Le rapport de conclusions ébauche quelques pistes intéressantes : une PAC qui soutient davantage les systèmes de pâturage extensif et à l’herbe ; la nécessité réaffirmée de conserver des aides couplées et aux zones défavorisées ; l’urgence à s’occuper du problème de la prédation ; une révision du système de conditionnalité pour les éleveurs ovins, notamment sur l’identification électronique et les déclarations de mouvements.
Nous serons attentifs à ce qu’une refonte de la conditionnalité des aides soit engagée, davantage basée sur une obligation de résultats plutôt que de moyens, favorable aux petites fermes. A ce titre, nous attendons fortement l’arrêt de l’obligation de l’identificationélectronique pour tous les troupeaux ovins européens. Un soutien spécifique via une aide couplée pour le maintien du troupeau de ruminants doit aussi perdurer avec des conditions favorisant les systèmes naisseurs-engraisseurs, diversifiés et le pâturage mixte.
Cependant, les aspects développement des marchés locaux et dangers des accords commerciaux sont en l’état sous-estimés par le rapport final.
A nos yeux, le premier chantier pour la Commission Européenne est la mise en place d’un système simplifié et adapté à la réalité des élevages familiaux permettant une réelle reconnaissance des surfaces pastorales, au vu de leurs intérêts multiples : écologique, alimentaire, économique, sanitaire, paysager…
Une réelle politique de défense du pastoralisme doit être mise en place grâce, en premier lieu, à:
– la reconnaissance de l’éligibilité des surfaces pastorales dans le cadre de la PAC avec une conditionnalité adaptée à ces zones pour une simplification de la déclaration pour ces éleveurs ;
– des mesures de régulation de la population des loups pour abaisser rapidement la pression de prédation.
Le second point, négligé à ce stade par la Commission européenne, pourtant indispensable à un avenir serein pour l’élevage ovin est le maintien d’un réseau d’abattoirs de proximité et le développement de formes innovantes d’abattage mobile et à la ferme. La relocalisation des activités est un enjeu majeur économique, environnemental et sociétal.
En ce qui concerne l’orientation stratégique globale de la filière, il doit être davantage mis l’accent sur:
– la reconquête du marché intérieur qui passe d’abord par l’arrêt définitif de la politique commerciale européenne multipliant les accords de libre-échange, libéralisation qui a déjà fait tant de mal au secteur ovin européen avec la concession de contingents à la Nouvelle-Zélande et l’Australie il y a plus de 30 ans ;
– une adéquation de l’offre à la demande par un développement de la qualité de nos produits européens: autonomie alimentaire, qualité de l’alimentation animale, développement des races locales, promotion des signes de qualité… ;
– une régulation des marchés et un mode de fixation des prix équitable devant permettre une couverture des coûts de production des éleveurs et l’obtention d’un revenu digne ;
– la transition vers des systèmes plus durables et résilients face aux défis socio-économiques et climatiques actuels.
Un lien fort entre une politique alimentaire, axée sur l’accès à une alimentation de qualité pour tous, et une politique agricole cohérente, axée sur la protection des revenus de paysans nombreux sur le territoire et garants de nombreux biens publics, aurait davantage dû être mis en avant comme objectif premier de la réforme de la PAC à venir. Au lieu de cela, on peut craindre que la seule mesure concrète issue de ce travail soit encore un programme de promotion.
Nous, paysans européens, avons besoin d’une politique équitable qui renforce la cohésion européenne et maintien des fermes nombreuses sur les territoires. Nous, éleveurs européens, sommes les poumons de nos campagnes et montagnes. L’emploi et la vitalité de nos territoires dépend en grande partie de nous. La défense contre les incendies, la préservation des paysages d’attrait touristique, le maintien d’un patrimoine gastronomique de qualité : les éleveurs ovins font partie des premiers artisans de ces biens publics.
Monsieur le Commissaire, ne l’oubliez pas !
Contact :
Victor Pereira (FR ; EN ; PT) +33611391973