Paysans, éleveurs, pêcheurs: défenseurs de la biodiversité

Présentation de La Via Campesina à la CBD SSTTA 13, 19th February 2008, Rome

Via Campesina, organisation des petits agriculteurs des cinq continents, le ROPPA qui représente les agriculteurs de l’Ouest Africain et plusieurs organisations de la société civile ici présentes attendent de la CBD qu’elle veuille bien indiquer par quel processus elle va reconnaître les droits des agriculteurs, des éleveurs, des pêcheurs, des peuples autochtones et des ONG de la société civile à participer aux prises de décisions sur l’avenir de la biodiversité agricole, – les agricultures paysannes ne font pas que conserver la biodiversité agricole, elles la renouvellent et l’augmente sans cesse. Les savoirs collectifs qu’elles mettent en oeuvrent

ne sont pas que traditionnels, avec l’agroécologie moderne, elles innovent sans cesse, garantissent une insertion durable dans les écosystèmes naturels et protègent la souveraineté alimentaire. Elles contribuent à la lutte contre le réchauffement climatique en fixant la matière organique dans les sols.

– l’agriculture industrielle aggrave le changement climatique en détruisant les sols et les ressources en eau, et en consommant de grandes quantités d’énergie fossile avec l’engrais chimiques, les pesticides, la mécanisation et les transports internationaux. Depuis que l’industrie impose ses semences et ses lignées animales améliorées, aujourd’hui génétiquement modifiés ou clonés, la biodiversité agricole ne cesse de diminuer : pour amortir ses brevets, elle doit en effet commercialiser le moins de variétés et d’espèces possibles. Les recherches pour des semences stériles menacent directement la biodiversité et les paysans et doivent rester interdites,

– pour s’adapter au changement climatique, aux nouveaux besoins alimentaires, les agriculteurs doivent retrouver l’accès à leurs semences traditionnelles enfermées dans les banques de gènes et à leurs droits collectifs de conserver, d’utiliser, d’échanger et de vendre leurs semences de ferme et leurs animaux reproducteurs,

– seules la diversité des races locales et des élevages familiaux peut répondre à la fois à la menace de grippe aviaire ou d’autres maladies animales et aux besoins en protéine des populations pauvres. L’élevage industriel de quelques lignées brevetées à croissance trop rapide est au contraire le principal responsable de l’émergence des nouveaux virus et de la faim des populations non solvables,

– seules les variétés et les races sélectionnées localement et l’agriculture pour la commercialisation locale peuvent s’opposer aux espèces exotiques invasives,

– les droits collectifs des paysans d’accéder à la terre pour la nourriture doivent être défendus contre son appropriation pour les profits financiers. Avec les cultures transgéniques industrielles d’aliments pour les animaux des pays riches ou les agrocarburants pour leurs voitures, les plantations d’arbres industrielles constituent la principale menace contre la biodiversité forestière. Les pays riches doivent renoncer au remboursement illégitime de la dette des pays pauvres qui les contraint à détruire la forêt et les cultures vivrières au profit des cultures industrielles d’exportation,

– enfin, la biodiversité marine et la pêche artisanale de petite échelle doivent être protégées de leur destruction par la pêche industrielle sur toutes les mers du monde et pas seulement dans quelques petits espaces préservés.

Les paysans et les éleveurs qui pratiquent l’agroécologie comme les petits pêcheurs ou les peuples forestiers sont essentiels pour défendre la biodiversité agricole et les écosystèmes .

Nous demandons à la CBD de reconnaître définitivement leur rôle central. Merci pour votre ecoute.

Guy Kastler,
de la Confédération Paysanne et du Comité de biodiversité de la Via Campesisna