Pakistan : Les syndicats paysans se mobilisent pour de meilleurs prix et pour dénoncer l’agriculture d’entreprise
Jhang, Pakistan – 6 octobre 2024 : Des centaines de petit.es paysann.es, travailleur.euse.s, femmes et jeunes de tout le Pakistan se sont rassemblé.es à Jhang, une ville du nord de la province du Pendjab, pour participer à la Conférence des paysan.nes de Jhang.
Organisée par le Pakistan Kissan Rabita Committee (PKRC), la conférence a servi de plateforme aux petit.es paysann.es et travailleur.euses agricoles pour exiger un prix de soutien minimum (PSM) équitable et protester contre l’orientation croissante du pays vers l’agriculture d’entreprise.
Le rassemblement a réuni divers mouvements sociaux du Pendjab et du Sindh. Les participant.es à la conférence ont condamné les politiques gouvernementales, qu’iels affirment nuire de manière disproportionnée aux petit.es paysann.es et travailleur.euse.s agricoles, tout en favorisant les entreprises et les intérêts militaires. Une résolution unanime a appelé à la fin de l’agriculture d’entreprise et a exhorté à la mise en œuvre de réformes agraires larges, incluant la redistribution des grandes propriétés foncières publiques et privées aux paysann.es.
Les politiques gouvernementales sous le feu des critiques
Le Secrétaire général du PKRC, Farooq Tariq, a vivement dénoncé les politiques économiques néolibérales du gouvernement, les accusant d’être dictées par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. « Ces politiques détruisent les moyens de subsistance des paysan.nes », a déclaré Tariq. Il a également mis en garde contre le contrôle croissant des systèmes agricoles et alimentaires du Pakistan, qui est progressivement remis aux multinationales et aux intérêts militaires, menaçant l’avenir des petit.es agriculteur.rice.s. « Le gouvernement et l’armée se mobilisent pour s’approprier des millions d’hectares de terres sous couvert d’agriculture d’entreprise », a expliqué Tariq.
Le Dr Dildar Laghri, représentant du Sindh Hari Tahreek (Mouvement des paysan.nes du Sindh), a tiré la sonnette d’alarme concernant l’initiative « Green Pakistan », un projet visant à saisir 2,8 millions d’acres pour l’agriculture d’entreprise. Laghri a comparé l’étendue des terres concernées à une superficie plus grande que la Jamaïque, soulignant qu’elle représente environ 9,5 % de la superficie totale du Pendjab.
Préoccupations concernant le déplacement et l’exploitation
Les intervenant.es ont souligné que l’agriculture des multinationales menace de déplacer les petit.es paysann.es et de dévaster les communautés rurales. Noor Khan Baloch, membre du PKRC à Jhang, a averti que le contrôle des terres par les multinationales exclurait les petit.es paysann.es et réduirait les opportunités d’emploi pour les travailleur.euse.s agricoles. « L’agriculture des multinationales entraînera le déplacement des petit.es paysann.es et la concentration des terres entre les mains de ces entreprises », a déclaré Baloch.
Les dirigeantes présentes, dont Riffat Maqsood du PKRC, ont également dénoncé le traitement méprisant réservé aux paysan.nes par le gouvernement. Maqsood a exigé des excuses publiques pour les remarques dégradantes qualifiant les paysan.nes de « mafia ». « Nous sommes la colonne vertébrale de cette nation », a affirmé Maqsood, en appelant le gouvernement à respecter les demandes des paysan.nes pour des réformes agraires et la justice sociale.
Un appel pour des réformes agraires et la justice
Le PKRC a clôturé la conférence par une déclaration forte, esquissant un programme complet de réformes agraires. Les groupes ont formulé 23 demandes, comprenant la fin de l’agriculture des multinationales, la redistribution équitable des terres publiques et privées, l’assurance d’un prix de soutien minimum (PSM) pour les cultures essentielles, et la restructuration des systèmes d’irrigation pour soutenir les petit.es paysann.es dans les régions sujettes à la sécheresse.
Les principales demandes comprennent :
- Mettre fin à l’agriculture des multinationales et redistribuer les terres aux paysan.nes, aux petit.es agriculteur.rices et à la population rurale sans terre.
- Garantir des prix de soutien minimum pour le blé, le coton, la canne à sucre, le riz, le maïs et d’autres cultures, tout en régulant les prix du marché pour les produits agricoles.
- Abolir les politiques permettant au secteur privé d’importer et de déverser des céréales, ce qui fait chuter les prix des produits agricoles locaux.
- Restructurer l’irrigation et garantir la disponibilité de l’eau pour les petit.es paysann.es dans les régions arides.
- Fixer les tarifs de l’électricité à 10 Rs par unité pour les petit.es agriculteur.rices.
Le PKRC a également annoncé une série de campagnes nationales axées sur la lutte pour les droits des paysan.nes, les réformes foncières, la souveraineté des semences et la justice climatique.
Cette publication est également disponible en English.