PAC 2020 : Plus de dérégulation ne permettra pas de résoudre les problèmes
Communiqué de presse de la Coordination Européenne Via Campesina
PAC 2020 : Plus de dérégulation ne permettra pas de résoudre les problèmes…causés par la dérégulation et l’aveuglement des politiques
(Bruxelles, 1er juin 2016) A la suite des ministres de l’agriculture européens rassemblés en Conseil informel le 30 et 31 mai aux Pays Bas, la Coordination Européenne Via Campesina* s’est penchée sur le document « La nourriture pour l’avenir – l’avenir de la nourriture » proposé par la présidence néerlandaise de l’UE pour lancer les discussions sur l’avenir de la PAC après 2020, et sur les débats du Conseil.
Malgré l’ouverture annoncée sur la question alimentaire, c’est au final une vision très partielle de la problématique qui se dégage. La « demande », centrée sur les attentes des consommateurs aisés en matière de transparence, oublie au passage la question de l’accès à une alimentation de qualité pour des millions de pauvres en Europe, et les problèmes de santé liés à l’alimentation industrielle. L’approche de la question de la production est aussi décevante car seuls les agriculteurs modernisés ou enjoints à le devenir sont concernés, comme le montre le passage sur les Nouvelles Technologies de la Communication.
C’est au final une évolution encore plus industrielle et libérale du système agro-alimentaire que propose la Présidence néerlandaise malgré les crises violentes qui traversent de nombreux secteurs, suite à l’abandon des outils de régulation des marchés :
Ramona Duminicioiu, paysanne en Roumanie, regrette : « rien ne parle de l’avenir des millions de petites fermes ni des problèmes de l’agriculture que nous vivons en Roumanie et dans beaucoup des pays de l’Est de l’Europe, notamment en raison des accaparements de terre et du développement anarchique de la grande distribution ».
Jose-Miguel Pacheco, paysan au Portugal, précise : « les politiques ne tirent pas de leçons de la crise laitière ; ce dont nous avons besoin en Europe, c’est d’une régulation publique des marchés et de la production, et non de la soi-disant régulation par un marché dominé par une poignée de multinationales. Cette « régulation » là ne fait que précipiter au chômage une grande partie des producteurs ».
Pour Jyoti Fernandes, paysanne au Royaume Uni : « une meilleure PAC doit renforcer les systèmes innovants basés sur des liens directs entre producteurs et consommateurs. Ces systèmes existent aujourd’hui malgré la PAC et non pas grâce à elle ».
Si l’Europe veut survivre, alors que la PAC occupe une place centrale dans les politiques européennes, elle devra répondre aux réelles attentes des populations en matière d’alimentation, d’environnement, de vie dans les territoires et d’emploi. Elle devra dépasser le positionnement idéologique d’une orientation sur le Marché. Au vu des premières propositions, il faudra donc encore beaucoup de travail et de mobilisations.
Contacts:
Geneviève Savigny +33 6 25 55 16 87 FR-EN-ES
Ramona Duminicioiu +40 746 337 022 EN- FR-RO-ES
Jose-Miguel Pacheco +35 1 918 736 441 PT-ES
Jyoti Fernandes +44 7875849754 EN
*La Coordination Européenne Via Campesina est une organisation européenne qui comprend actuellement 28 organisations nationales ou régionales d’agriculteurs, travailleurs agricoles et organisations rurales, basées dans 18 pays européens. Son objectif principal est la promotion d’une agriculture familiale et paysanne, diversifiée et durable, sur la base des principes de la souveraineté alimentaire. La Coordination Européenne Via Campesina est reconnue par les institutions européennes et les organisations internationales en tant que partie prenante. Elle participe à des groupes consultatifs de la Commission européenne, est invitée par le Parlement européen à participer aux audiences publiques, et elle est membre du Mécanisme de la société civile au sein du Comité sur la sécurité alimentaire mondiale de l’Organisation des Nations unies.