Nous ne sommes pas des arriérés. Nos semences et notre savoir sont cruciaux pour notre survie

Les nouvelles de LVC Africa

(Harare, le 13 novembre 2013) La diversité des semences, que les paysans et les paysannes ont mis des siècles à créer, est en danger de disparition ; la diversité des semences restante est de plus en plus menacée par les grandes compagnies internationales, venant pour la plupart du secteur de la chimie agricole. En Afrique, des forces différentes convergent pour accaparer les semences paysannes et saper leur diversité ainsi que les connaissances et les pratiques qui y sont associées.

Au Centre de Permaculture de Fambidzanai, situé à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Harare au Zimbabwe dans une zone riche en biodiversité, des paysans africains se sont rassemblés du 12 au 14 novembre afin de discuter et d’échanger des informations sur les valeurs de leurs semences traditionnelles, car ils pensent qu’elles doivent être défendues. Nombre de participants ont souligné que les savoirs, les pratiques et les semences paysannes ne sont ni obsolètes ni archaïques.

“Le paysan est un scientifique. La somme et la qualité des savoirs, développés et pratiqués depuis des siècles, sont extrêmement utiles et appropriées”, a dit Maxwell Munetsi, un paysan du groupe du nord du ZIMSOFF.

Henk Hobbelink de GRAIN a expliqué que nous sommes confrontés à une propagande stratégique idéologique poussée par des agences de développement, des compagnies multinationales et de plus en plus de gouvernements, qui tente de changer la façon de penser des paysans et de les convaincre qu’ils mènent une existence arriérée.

“ Ils ont réussi à convaincre de nombreux gouvernements que l’agriculture industrielle représente l’avenir et qu’ils doivent accepter la nouvelle législation sur les semences et cet accaparement des semences”, a expliqué Hobbelink.

En ce premier jour de réunion, les paysans et les paysannes sont arrivés à la conclusion que sans leurs semences locales, ils perdent leur autonomie et ne peuvent survivre. Une fois que les compagnies internationales prennent le contrôle des systèmes locaux de semences, les paysans africains vont perdre leur vie. “Les semences paysannes se reproduisent librement, tout comme la vie. Elles ne sont pas des marchandises qui se vendent. Elles existent pour donner la vie. Par contre, les semences industrielles n’ont pas de vie”, a expliqué Guy Kastler, paysan en France.

Des initiatives telles qu’AGRA, et l’Alliance du G8 en autres s’efforcent d’intégrer les paysans dans un modèle agroindustriel capitaliste. Leur vision est d’une agriculture paysanne industrialisée.

Un moment crucial pour renforcer la lutte

Nous sommes à un moment crucial pour renforcer notre lutte. La pression doit venir principalement de la base aussi bien que du niveau national et mondial. “Les paysans, et pas seulement les ONG, doivent élever leur voix et faire pression sur les gouvernements et les institutions internationales pour y mettre fin”, a dit Mariam Mayet du Centre Africain pour la Biosécurité, en Afrique du Sud, invitée au séminaire.

Si rien n’est fait, les paysans et les paysannes africains auront de plus en plus de mal à cultiver et à échanger leurs semences dans la légalité.

Selon Elizabeth Mpofu, Présidente du Forum des paysans en agro-écologie du Zimbabwe (ZIMSOFF) et Coordinatrice générale de La Via Campesina, cette réunion sur les semences africaines est importante parce qu’elle contribue à renforcer la Campagne mondiale sur les semences menée par La Via Campesina.