Notes de la VII Conférence : Contexte politique et luttes en Europe
Le premier après-midi de la VIIème Conférence Internationale de La Via Campesina a été consacré au contexte politique international. Celui-ci est caractérisé par la crise insoluble du capitalisme et les pressions de plus en plus fortes qu’il exerce sur les populations, les états et l’environnement, et par la dangereuse mercantilisation de toutes les ressources naturelles. Le lendemain, ce sont les luttes et les résistances qui ont été évoquées. Partout, la souveraineté alimentaire est considérée par les membres de La Via Campesina comme la seule alternative possible au modèle imposé, et l’agroécologie le moyen d’y parvenir et de nourrir les peuples. Dans ces deux espaces, les spécificités régionales ont été analysées.
Contexte politique
En Europe, le néolibéralisme est un dogme hégémonique auquel même les partis dits socialistes souscrivent, personne ne parle plus de lutte des classes, bien que 15% de la population soit en état d’insécurité alimentaire. Dans la partie occidentale de l’Europe, après 70 ans de modernisation, on voit apparaître des dynamiques de repaysannisation, mais l’accès à la terre et la reprise de fermes est difficile et cher. Les crises du secteur s’enchaînent, les prix de vente ne couvrent plus les prix de production. Rien qu’en France, un paysan se suicide tous les 3 jours. L’entrée dans l’Union européenne des pays de l’ancien bloc de l’Est a ravivé la question de la petite paysannerie en Europe, mais il y a peu d’organisations paysannes en Europe de l’est donc cette partie du monde est encore peu représentée au sein de La Via Campesina. Le rapprochement des zones de conflits crée un climat de peur et de repli, la xénophobie est bien présente.
Luttes et résistances
Les paysans militants européens ont conscience de la position hégémonique et impérialiste de leur continent et du poids que les décisions prises ici peuvent avoir partout dans le monde. C’est pourquoi leurs luttes ne peuvent se limiter au niveau régional, il s’agit d’une responsabilité pour eux d’agir auprès de toutes les institutions internationales qui siègent en Europe. Ils sont aussi conscients de l’importance de l’empêcher de devenir une forteresse. Le succès du dernier forum Nyéléni, qui a fait converger quelques 600 personnes en Roumanie en octobre 2016, a montré la volonté commune de parvenir à la souveraineté alimentaire. Du côté des luttes sur le terrain, les fauches de champs d’OGM continuent, comme les actions directes contre les sièges des multinationales de l’agrobusiness ou le travail de plaidoyer pour défendre les droits des paysans et leur permettre d’être toujours maîtres de leurs semences. La question de l’accès à la terre est également très centrale car en Europe aussi, le problème d’accaparement des ressources naturelles existe et nécessite d’être rendu plus visible.