“Non seulement une guerre, mais un génocide” : La Via Campesina marche en solidarité avec la Palestine à Bogotá
Bogotá, le 30 novembre 2023 – Alors que les délégué·es convergent vers Bogotá, la capitale de la Colombie, pour participer à la 8e Conférence internationale de La Via Campesina, les leaders du mouvement paysan international, déjà présent·es dans la ville, ont pris part à la marche de Bogotá en commémoration de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien. Convoquée par les mouvements ouvriers colombiens, cette marche a rassemblé près de deux mille personnes.
“En tant que jeunes de Via Campesina, nous participons à cette marche animés par notre engagement envers l’internationalisme et la solidarité. Reconnaissant que les frontières peuvent nous séparer, nous comprenons que nos luttes sont interconnectées. Nous condamnons sans équivoque le génocide en cours à Gaza”, a déclaré Chengeto Muzira du Forum zimbabwéen des petits agriculteurs biologiques et membre du Comité de coordination international de La Via Campesina.
Le génocide et l’occupation israélienne en Palestine résultent des forces entrelacées du colonialisme, de l’impérialisme, du capitalisme et du néolibéralisme. Ces systèmes agissent de concert pour exploiter, opprimer et perpétrer le génocide contre les pauvres, selon Jaime Amorim, membre du Comité de coordination international de La Via Campesina et représentant du Mouvement des travailleurs sans terre (MST). “En tant que Via Campesina, nos valeurs fondamentales sont anticolonialistes, anticapitalistes et antinéolibérales. Aujourd’hui, nous exprimons notre solidarité avec le peuple palestinien, soutenant leur lutte pour reprendre leur territoire et leur patrie. Par conséquent, leur combat devient international. Nous sommes ici guidés par nos principes de défense de la démocratie, d’opposition à la guerre et de plaidoyer pour la paix pour notre peuple. Le génocide à Gaza s’oppose à l’ensemble des travailleur·euses, des pauvres, des sans-terre, de la paysannerie, où qu’iels se trouvent”, a-t-il ajouté.
Amorim a raison de souligner que ce génocide dépasse les frontières de Gaza, devenant une préoccupation mondiale. Il est manifeste que les gouvernements puissants du monde entier et d’autres acteurs internationaux ne sont pas seulement complices du génocide des Palestiniens et de l’occupation, mais sont également des participants actifs.
Les marches et les manifestations marquant la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien ont été précédées de nombreuses mobilisations de masse dans le monde entier. Ces événements se déroulent dans l’unité et résonnent avec un cri unanime : Libérez la Palestine. Selon Yasmeen El-Hasan de l’Union des comités de travail agricole (UAWC), présente à Bogotá pour représenter les petit·es agriculteur·trices palestinien·nes à la conférence de La Via Campesina, la solidarité mondiale et la mobilisation de masse sont essentielles à leur lutte et à leur future libération. “Des marches comme celle-ci sont cruciales pour montrer à notre peuple en Palestine que des personnes du monde entier sont avec nous”, a-t-elle déclaré.
La Via Campesina est fondée sur des principes de liberté, de libération, de justice et de communauté. Elle se présente également comme un mouvement anticapitaliste, anticolonialiste et antipatriarcal. “La Via Campesina incarne l’idée que c’est une seule lutte, et notre libération est interconnectée. En tant qu’UAWC, nous sommes honoré·es de faire partie de ce mouvement. La Via Campesina nous soutient, et nous incarnons son esprit”, a ajouté Yasmeen.
Israël, une colonie de peuplement fondée sur le vol de terres
Israël est dénoncé par l’Union des comités de travail agricole en tant que colonie de peuplement, fondée sur le vol de terres. L’UAWC souligne que, pour qu’Israël réussisse dans son entreprise coloniale de peuplement, il vise à déplacer ou éliminer les populations autochtones de leur terre. Une méthode consiste à détruire ou à contrôler l’infrastructure et à limiter la capacité des Palestinien·nes à se sustenter grâce à leur terre. “Israël contrôle notre eau et notre agriculture. Il n’est pas fortuit que la zone ‘C’ de la Cisjordanie, qui représente plus de 60 % de la Cisjordanie, soit sous l’administration militaire totale des forces d’occupation israéliennes. Il n’est pas fortuit que ce soit la terre la plus fertile et la plus riche en ressources, et que nous ne soyons pas autorisés à l’utiliser”, a souligné Yasmeen.
Malgré le cessez-le-feu temporaire et l’autorisation d’Israël d’entrée d’aide humanitaire à Gaza, sa stratégie est d’utiliser la famine comme arme de guerre et de génocide, fabriquant délibérément la famine. “Notre lutte pour la souveraineté alimentaire est interconnectée avec la lutte pour notre souveraineté nationale. Si nous avions le contrôle de notre terre et de nos ressources naturelles, nous ne ferions pas face à des problèmes d’insécurité alimentaire”, a ajouté Yasmeen El-Hasan.