Molefe Pilane, Afrique du Sud s’adresse à la presse

"Merci beaucoup et bon après-midi a tous.
La conférence de Via Campesina est très importante pour nous en Afrique du Sud, dans la lutte pour la réforme agraire. L’Afrique du Sud a connu la démocratie très tard, il y a seulement dix ans.
Des thèmes comme la reforme agraire, la souveraineté alimentaire et l’interdiction des organismes génétiquement modifies sont considérés comme des thèmes de lutte, des luttes actuelles qui nous concernent.

Cette conférence arrive au moment où dans la région Sud de l’Afrique, la réforme agraire est un thème trés important puisque dans certaines situations, l’économie s’écroule à cause de la réforme agraire.

Non pas que la réforme agraire soit une mauvaise chose mais parce que les gouvernements commencent à paniquer quand ils n’arrivent pas à obtenir le pouvoir après avoir combattu les colonisateurs. Après dix ou quine ans, ils commencent à paniquer parce que la réforme agraire est lente du fait des politiques de la Banque Mondiale ou du FMI qu’ils sont obligés d’adopter mais qui ne marchent pas. Le résultat, c’est que la réforme agraire est lente et inefficace.

Ainsi, les gouvernements du Sud de l’Afrique sont heureux de leurs succès politiques et négligent le thème de la réforme agraire. Cela a créé une situation où le peuple a commencé à se soulever dix ou quinze ans après avoir atteint la démocratie et pris le pouvoir aux colonisateurs. Quand le peuple a commencé à se soulever, les gouvernements ont alors rapidement entrepris des réformes agraires ridicules, en négligeant les autres thèmes.
Dans notre région par exemple, au Zimbabwe ou plus récemment en Namibie, les gouvernements ont entrepris d’accélérer les processus de réforme agraire, alors que l’Afrique du Sud avance plus lentement. Mais nos mouvements prennent de l’ampleur et les gens commencent à se joindre à la lutte pour la terre en Afrique du Sud. Le gouvernement Sud-Africain commence également à être sous pression pour avancer plus vite vers la réforme agraire.

Dans le sud de l’Afrique, les pays restent néanmoins en retrait si on compare avec des pays comme le Brésil quand on parle de la réforme agraire. Le MST va fêter 20 ans de succès et la plupart des pays du Sud de l’Afrique ont 20 ans de retard lorsequ’il s’agit de réforme agraire et ceci crée beaucoup d’impatience parmi les gens sur le terrain ; les petits agriculateurs, les pauvres, les paysans et ceux qui n’ont pas de terre.
Si l’on regarde des pays comme l’Afrique du Sud, on se rend compte que des proprietaires principalement européens possedent 85% des terres tandis que les pauvres ne possèdent probablement pas plus que 10% des terres.

La lutte pour la terre dure depuis plus de 350 ans et en ce moment, il y a près de 7 millions de petits paysans et de ruraux qui commencent à se soulever et à se battre pour la terre.

Ces 7 millions de personnes sont en ce moment rejointes par 16 millions de pauvres du milieu urbain qui ont également besoin de terres pour des raisons différentes, comme le logement ou dans l’intérêt des petites familles.

Pour le gouvernement Sud-Africain ainsi que d’autres gouvernements dans la région, la réforme agraire est très lente à cause de l’adoption des politiques de la Banque Mondiale et du FMI. La plupart des gens pense que la situation est désespérée et nous devons leur redonner confiance et leur dire qu’il n’est pas trop tard pour commencer la lutte pour la terre et la réforme agraire.

Dans le sud de l’Afrique, les politiques adoptées par les gouvernements d’apartheid étaient fondées sur la destruction des paysans et leur transformation en ouvriers agricoles qui devaient simplement travailler pour ceux qui possédaient la terre. Il y a donc une histoire de la dépossession des terres, prises aux populations pauvres qui étaient ensuite forcées de travailler pour ceux qui possédaient la terre, majoritairement européens.
Dernièrement, sur le thème de l’interdiction des OGM, nous sommes confrontés à une situation très difficile, parce que la plupart des gouvernements ont tendance à légitimiser les entreprises produisant des OGM comme Monsanto et d’autres. Ils leur donnent des licences pour planter, produire et transformer des aliments contenant des OGM.

Le problème avec les aliments contenant des OGM est qu’ils ne sont même pas labellisés. One of the problems with GMO food id that it is not even labeled. Quand on achète des aliments, vous ne savez même pas si vous achetez des produits contenant des OGM ou si vous achetez des aliments produits correctement sans utilisation de la technologie OGM. Les labels dans les magasins n’existent pas.

Les paysans sont confrontés à des défis difficiles, parce que la répression étatique dans la région commence à augmenter. Les membres des mouvements commencent á être arrêtés, torturés et frappés par la police et l’armée.

Nous remercions donc Via Campesina d’organiser cette conférence où nous pourrons partager nos expériences avec d’autres paysans sans terre de différentes régions de notre monde. Nous espérons pouvoir apprendre beaucoup et nous diffuserons cet acquis auprés de nos membres dans le sud de l’Afrique, pour nous donner confiance dans cette longue bataille et ne jamais abandonner.

Enfin, nous sommes heureux parce que cette conférence de Via Campesina internationalise nos luttes locales dans le Sud de l’Afrique et leur donne une dimension internationale et nous vous sommes donc très reconnaissants. »