Maroc : Halte à l’exploitation ; Halte à l’humiliation
Appel à manifestation national le 15 février 2017 de la FNSA
(Rabat, le 9 février 2017) Pour dénoncer la souffrance des travailleurs(e)s agricoles et éradiquer toutes les formes de discrimination, la Fédération Nationale du Secteur Agricole (FNSA/UMT) a entamé une campagne de protestation le 18 Janvier dernier. Cette campagne sera couronnée par une manifestation nationale à Rabat le 15 Février 2017, sous le slogan : “Halte à l’exploitation ; Halte à l’humiliation (la hogra)”.
La Fédération Nationale du Secteur Agricole (FNSA/UMT) entame une campagne de lutte, du 18 Janvier au 15 février 2017, pour protester contre l’exploitation accrue, les conditions sociales et économiques déplorables vécues par les ouvriers (es) agricoles et la discrimination juridique dont ils font l’objet en permanence. A travers cette campagne, les ouvrier(e)s agricoles visent à dénoncer la réalité de leur extrême pauvreté, l’intensité de l’exploitation qu’ils subissent et le bafouement de leurs droits élémentaires
1. la discrimination au niveau des salaires
Secteur |
|
Salaire minimum légal |
Salaire mensuel (Dh) |
Retenues(Dh) |
Salaire mensuel net(Dh) |
Industrie |
|
13,46 Dh/Heure
|
2570,86
|
173,27 |
2398 |
Agriculture |
|
69,73 Dh/jour
|
1812,9 (26 J/mois) |
122,19
|
1691 |
Le salaire minimum légal dans le secteur Industriel (SMIG) est supérieur de 42% au salaire minimum légal dans secteur Agricole (SMIG). La différence est de 700 Dh. La FNSA revendique, d’une part, de mettre fin à cette discrimination flagrante en unifiant le salaire minimum, comme convenu dans l’accord conclu lors du dialogue social du 26 avril 2011 entre syndicats, patronat et gouvernement et, d’autre part, d’augmenter sa valeur selon l’augmentation des prix et du niveau de vie.
2. La Discrimination au niveau de la durée du travail
Légalement, et selon le code du travail Marocain, les ouvrier (e)s agricoles doivent travailler 48 heures par semaine. La durée hebdomadaire pour les travailleur (se)s du secteur industriel, du commerce et des services est de 44 heures. En réalité, la durée du travail dans le secteur agricole est plus longue. Elle dépasse, dans la majorité des cas, 10 heures par jour et dans des conditions lamentables. Ils travaillent dans des serres à forte humidité et des températures élevées et utilisent des produits phytosanitaires très toxiques et sans protection.
3. La grande faiblesse de la protection sociale
A peine 16% sont des ouvriers agricoles déclarés à la Caisse Nationale de la Sécurité Sociale (CNSS) sur un total estimé par la FNSA à un million d’ouvriers et ouvrières agricoles. Une majorité d’entre eux sont privés de l’assurance maladie obligatoire et des allocations familiales. L’impunité dont bénéficie le patronat agricole accentue la défaillance des déclarations à la CNSS tout en amplifiant illégitimement leurs profits.
4. Utilisation des moyens de transport dégradés et non appropriés
Les ouvrier(e)s agricoles sont transportés, entassés, vers les exploitations dans de vieux véhicules (remorques, pick up). Ces véhicules, généralement non assurés, mettent les vies des travailleurs agricoles en danger. Des accidents, souvent mortels se produisent régulièrement dans beaucoup de régions. La circulation de ce type d’engins est effectuée au vu et au su des autorités compétentes. Le transport demeure un des aspects cruels de l’exploitation des travailleur(se)s agricoles.
5. La Précarité du travail et la généralisation de l’insécurité de l’emploi dans le secteur agricole. Le recours intensif aux entreprises d’emploi temporaire (sous traitance) détruit la stabilité du travail, érode les acquis relatifs à l’ancienneté et brise le syndicat.
6. Droits syndicaux bafoués : Les ouvrier(e)s syndiqué(e)s sont souvent licencié(e)s juste après la formation du bureau syndical. Les délégué(e)s des salariés, censés être protégé(e)s par la loi, sont les premières victimes. Pour briser les luttes ouvrières le patronat agricole bénéficie de la bienveillance du gouvernement qui lui met à sa disposition les outils de répression. Les sit-in et les grèves sont souvent réprimés par l’intervention des forces de répression et l’utilisation de l’article 288 du code pénal qui condamne les grévistes pour leur soit disante entrave, à la liberté du travail.
7. Absence du dialogue social avec la FNSA. Contrairement à l’attitude bienveillante du gouvernement envers le patronat agricole, la FNSA est privée complètement de son droit à la négociation sociale prévue par le code du travail. Malgré la formulation de multiples demandes et la présentation des pétitions portant 6000 signatures d’ouvriers et ouvrières, le gouvernement est resté muet.
Ce ne sont ici que quelques aspects des conditions d’oppression et d’exploitation des ouvrier(e)s agricoles, dont la responsabilité incombe à l’Etat et son gouvernement. Pour ce dernier, garantir la soumission des travailleur(se)s agricoles au profit des grands capitalistes agricoles et propriétaires terriens se justifie par la nécessité d’encourager des investissements.
Par ailleurs, et en plus de l’exonération d’impôt, le patronat agricole bénéficie de subventions, qui atteignent des milliards de dirhams chaque année, et des facilités pour utiliser des terres agricoles cédées par l’Etat.
Nous, militant(e)s de la Fédération Nationale du Secteur Agricole, lançons un appel à tou(te)s les démocrates et défenseur(se)s des intérêts de la classe ouvrière en vue de se mobiliser pour dénoncer ces violations flagrantes des droits humains et pour soutenir et participer au mouvement de protestation qui aura lieu devant les sièges du ministère de l’Agriculture et du Parlement à Rabat le MERCREDI 15 Février 2017 à partir de 9h.
Nous appelons également tous les réseaux de solidarité ouvrière et rurale, tant à l’échelle régionale/nationale qu’internationale, à appuyer et soutenir cette initiative militante, de la faire connaître et de la médiatiser.