LVC et FIAN demandent aux gouvernements d’interdire l’accaparement des terres

Envoyez au Ministère de l’agriculture de votre pays (ou le ministère chargé de représenter votre gouvernement à la FAO)

La Vía Campesina

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FIAN

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Monsieur, Madame,

La FAO estime qu’au cours des trois dernières années, 20 millions d’hectares, uniquement en Afrique, ont été acquis par des intérêts étrangers. Un processus global a été mis en marche où les investisseurs publics ou privés étrangers arrivent à des accords avec les gouvernements pour contrôler de vastes étendues de terre (beaucoup de ces accords concernent plus de 10.000 hectares et certains arrivent à plus de 500.000 hectares), lesquels sont indispensables pour l’avenir de la sécurité alimentaire des pays en question.

Au cours de ces dix à quinze dernières années, l’accaparement des terres a commencé à s’intensifier dans de nombreux pays suite aux politiques d’une dérèglementation excessive. Les crises alimentaires et financières récentes ont augmenté la force de cette vague d’accaparement des terres de la part des gouvernements et des investisseurs qui tentent de s’assurer une capacité future de production agricole et de stocks alimentaires ainsi que des actifs qui puissent leur fournir des dividendes important en toute sécurité. Les entreprises sont à l’affût de concessions économiques à long terme pour installer des plantations agricoles et produire des agrocarburants, du caoutchouc, des huiles, des aliments, etc. Cette tendance est également palpable sur les zones littorales où la terre et les ressources maritimes et hydriques sont en train d’être vendues, louées ou cédées à des investisseurs du secteur du tourisme et à des élites locales au détriment des communautés paysannes côtières et de pêcheurs.

L’accaparement des terres – même lorsque cela ne conduit pas à des expulsions forcées – dénie la terre aux communautés locales, détruit leurs moyens de subsistance, réduit l’espace des politiques agricoles profitant aux paysans et paysannes, détruit les écosystèmes, accélère le réchauffement climatique mondial et altère le marché en favorisant les intérêts chaque fois plus concentrés de l’agro-industrie et le marché global, au lieu de soutenir une agriculture paysanne durable avec des marchés régionaux et locaux, et pour les générations futures. C’est pourquoi la promotion et l’autorisation donnée à l’accaparement des terres violent le Pacte international des Droits économiques, sociaux et culturels. En outre, cela ne respecte pas non plus la Déclaration des Nations unies sur les droits des Peuples autochtones.

Au programme de la prochaine réunion du Comité sur la Sécurité Alimentaire Mondiale (CSA) qui se tiendra du 11 au 14 octobre à Rome, figure une table ronde sur le régime foncier et les investissements internationaux du point de vue de la Sécurité alimentaire : les directives de la FAO sur la Gouvernance responsable du Régime foncier et des Ressources naturelles (Directives FAO) et les Principes pour l’Investissement responsable en Agriculture (IRA). Ces principes ne sont pas conçus comme étant une politique publique concernant les investissements en agriculture, ni comme une réglementation d’Etat sur les investissements privés en agriculture, mais comme un conseil autorégulateur en vue d’atténuer les impacts négatifs de l’acquisition de terres à grande échelle. Si nous tenons compte que nous parlons de politiques qui violent des droits humains et du droit International, ce type de réponse est totalement inapproprié. Par contre, les Directives FAO fournissent l’opportunité d’augmenter la protection des droits à la terre et aux ressources naturelles de toute la population rurale.

Etant donné l’accaparement massif des terres, il est urgent que les Etats et la Communauté internationale agissent et respectent leurs obligations concernant les droits humains, le respect et la protection de l’accès à la terre, à l’eau et aux autres ressources des communautés rurales.

C’est pourquoi, nous demandons que lors de la prochaine session du CSA :

  • Soient prises les mesures relevant de sa compétence et de son influence pour interdire l’accaparement des terres;

  • Soit octroyé un mandat fort au processus des Directives de la FAO sur la Gouvernance responsable du Régime foncier et des Ressources naturelles y compris les dispositions qui interdisent l’accaparement des terres;

  • Ne soit pas soutenu les Principes IRA (Investissements responsables en Agriculture) et soit abordé tous les thèmes ayant trait aux questions concernant la terre dans le cadre des Directives de la FAO.

Nous vous serions reconnaissants de nous tenir au courant des mesures prises à ce sujet.

Veuillez agréer, Monsieur, Madame, nos meilleures salutations,