Le Cycle de Doha est le problème, pas la solution

Lettre ouverte à nos gouvernements

Nous, représentants et représentantes d'organisations de paysans, de femmes, de migrants, de travailleurs, de consommateurs, de pauvres urbains et ruraux, de peuples de pêcheurs, de mouvements sociaux et d'organisations de la société civile écrivons pour exprimer notre inquiétude vis-à-vis des efforts faits pour conclure les négociations du Cycle de “développement” de Doha.

M. Lamy utilise la crise financière actuelle pour justifier le besoin de conclure d'urgence le Cycle de Doha. Il soutient que la conclusion du Cycle serait la solution à la crise. La récente déclaration du G20 le 15 novembre dernier à Washington DC a également demandé la conclusion du Cycle de Doha pour solutionner la crise financière actuelle. Nous sommes en désaccord avec M. Lamy et le G20 et prenons comme exemple les engagements actuels pris sous l'Accord Général sur le Commerce des Services (AGCS) qui empêchent certains pays d'être en mesure de répondre à la crise financière actuelle. C'est l'ensemble du système de l'OMC qui pose problème et il ne peut donc en aucun cas faire partie de la solution.

Les négociations du Cycle de “développement” de Doha, lancé en 2001 à Doha, Qatar, étaient supposées traiter de développement pour les pays de voie de développement. Les années ont passé et plusieurs textes ont été rédigés, mais il est devenu évident que l'objectif du Cycle était de protéger et de défendre les intérêts des pays développés et de leurs entreprises multinationales.

Cela était très clair lors de la précédente mini Conférence Ministérielle de juillet 2008 à Genève où à cause de l'intransigeance des pays développés pour accepter les demandes des certains pays en voie de développement pour protéger leur petite paysannerie, les négociations ont échoué. Dans ces négociations et les textes proposés, la majorité des propositions des pays développés parlaient d'ouvrir encore d'avantage les marchés de biens et de services agricoles et industriels des pays en voie de développement. Il n'y a aucun indice, à l'heure actuelle, nous montrant que les propositions et les demandes des pays développés aient changé.

Il est faux de prétendre que le Cycle de Doha ou encore d'avantage d'ouverture des marchés des pays en voie de développement résoudrait la crise actuelle. Nous avons vu à l'occasion de la crise financière asiatique et de la crise actuelle que des années de libéralisation des marchés ont rendu certains pays vulnérables à l'instabilité des marchés et les ont empêchés de mettre en place des mesures afin de protéger leurs populations et leurs modes de subsistances.

Nous appelons nos gouvernements à rejeter les tentatives de conclusion du Cycle de “développement” de Doha et à travailler plutôt avec leurs populations à la construction d'un modèle d'échange alternatif qui assure leur développement durable, qui défend les populations, leurs modes de subsistance et l'environnement avant les intérêts des entreprises multinationales.

Nous nous engageons à mobiliser au niveau national, régional et international afin d'arrêter la reprise du Cycle de “développement” de Doha. Cela fait partie de nos luttes continues contre le modèle néolibéral, la libéralisation des échanges et ses instruments tels que l'OMC. Nous appelons les autres mouvements, organisations et groupes de la société civile à s'unir pour un monde sans OMC.

Globalisons l'espoir, globalisons la lutte !

Signé par :

BKU (Bhartiya Kisan Union), India

Ecologistas en Accion (Espagne)

EU-ASEAN Network

Focus on the Global South

GRAIN, International

Hemispheric Social Alliance

Jubilee South-Asia Pacific Movement on Debt and Development (JS-APMDD)

KAU (Anti-Debt Coalition), Indonesia

KMP (Peasant Movement of the Philippines)

Korea Alliance against the FTAs

Korea Alliance of Progressive Movements

Korean Confederation of Trade Unions (KCTU)

Korean Peasants League

Korean Women Peasants Association

Mexican Action Network on Free Trade

Migrant Forum in Asia

NOUMINREN (Japan Family Farmers Movement)

PKMP (National Unity of the Peasants in the Philippines)

Seattle to Brussels Network

SHOKKENREN (The National Coalition of Workers, Farmers and Consumers for Safe food and health), Japan

Southeast and East Asia La Via Campesina

SPI (Indonesian Peasants Union), Indonesia

Stop the New Round! Coalition, Philippines

Transnational Institute

Solidarity of Filipino Worker(Bukluran ng Manggagawang Pilipino)

Pour signer cette déclaration, envoyez un email à : rupina72@gmail.com