La Via Campesina exprime sa solidarité et son soutien pour le peuple de Thaïlande
Harare, 21 Octobre 2020:
Les manifestations foisonnent en Thaïlande. La brutale répression, les détentions, la censure des médias et les arrestations d’étudiant(e)s et d’activistes continuent de défrayer les unes des journaux de la région. Malgré les menaces, l’intimidation et la violence dirigées contre eux par les autorités, les leaders de ce mouvement ne baissent pas les bras.
À plusieurs reprises, des étudiant(e)s se sont réunis devant des pavillons universitaires, sur la place publique, ou devant le quartier-général de l’armée pour exiger des réformes militaires et la démission de l’administration actuelle, avec à sa tête le premier ministre et ex-général de l’armée Prayuth Chan-Ocha. Le mécontement actuel remonte au coup d’état de 2014 qui a porté M. Prayuth au pouvoir, où il demeure après les élections parlementaires tardives et litigieuses de l’année dernière.
Les manifestants, menés par des étudiant(e)s, revendiquent la démission du gouvernement soutenu par l’armée et la réforme de la constitution dans le but de la rendre plus démocratique, ainsi que la réforme de la monarchie pour l’obliger à se conformer à des normes démocratiques. Plusieurs projets d’amendement de la Constitution soumis au parlement ont été retardés par les factions royalistes et le Sénat, dominé par les militaires ; par conséquent, les tensions dans la rue se sont attisées.
Depuis quelques semaines, des activistes et des leaders paysans, y compris Baramee Chaiyarat de l’Assemblée des Pauvres, ont été arrêtés. Bien que les autorités ont cédé à la pression du public en libérant Baramee, la brutale répression contre les étudiant(e)s et d’autres activistes se poursuit. Plusieurs média ont fait l’objet d’attaques pour avoir critiqué la gestion de la crise par le gouvernement.
Le décret d’urgence émis au petit matin du 15 octobre donne des pouvoirs illimités à l’État face aux citoyens et citoyennes, ce qui a donné lieu à des allégations de violations graves des droits de la personne et d’intimidation, notamment sur les étudiants et des jeunes enfants.
Le gouvernement a choisi le même soir de disperser violemment les manifestants pacifiques en déployant les forces armées faisant usage de canons à eau contenant des liquides chimiques toxiques. Beaucoup d’étudiant(e)s et de jeunes ont été blessés. Environ 80 jeunes leaders et activistes ont été détenus et inculpés.
La Via Campesina désire exprimer sa solidarité avec le peuple de Thaïlande et son soutien pour la lutte menée par les mouvements sociaux de ce pays.
Nous appuyons résolument l’Assemblée des Pauvres (AOP), organisation membre de La Via Campesina qui possède une longue tradition de lutte pour la souveraineté alimentaire et l’autonomie des peuples.
Nous dénonçons les arrestations, l’intimidation et la violence braquées contre les manifestants pacifiques, dont le Secrétaire-général de l’Assemblée des Pauvres, Baramee Chaiyarat.
La Via Campesina, mouvement mondial représentant plus de 200 millions de paysan(ne)s et membres de peuples autochtones dans 81 pays, s’associe aux revendications de l’Assemblée des Pauvres et de la société civile en Thaïlande, en exigeant que cesse immédiatement la violente répression de ce peuple pacifique. Nous demandons à nos alliés internationaux d’exprimer leur solidarité et leur soutien pour l’Assemblée des Pauvres en ces moments difficiles, et ainsi de faire preuve de notre force collective et notre engagement pour la justice sociale.
*Au moment de la publication de la déclaration, le décret d’urgence a été révoqué, mais la répression et la censure se poursuivent.
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