La Via Campesina boycottera la COP28 en solidarité avec la Palestine, exigeant un cessez-le-feu immédiat.
La Via Campesina boycottera la COP28 en solidarité avec la Palestine, exigeant un cessez-le-feu immédiat. Sans droits humains, pas de justice climatique !
CESSEZ LE GÉNOCIDE! CESSEZ-LE-FEU MAINTENANT !
(Bagnolet, Francia) En réponse à la guerre génocidaire sans précédent menée contre le peuple palestinien, le mouvement paysan international qu’est La Via Campesina se joint à l’appel croissant au boycott de la COP28. En solidarité avec les paysan·ne·s, les pêcheur·euses et les familles de travailleur·euses de la Palestine occupée, nous restons unis et nous exigeons que tous les peuples et tous les gouvernements agissent maintenant pour mettre fin à la guerre génocidaire menée par Israël contre les Palestiniens et les Palestiniennes, à la fois à Gaza et en Cisjordanie. Un cessez-le-feu est urgent –maintenant !
Tandis que le gouvernement israélien poursuit ses crimes de guerre à Gaza – bombardant des maisons, des hôpitaux, des mosquées et des églises, massacrant des civils innocents (dont plus de 4 000 enfants) et laissant des dizaines de milliers de personnes mutilées, blessées et traumatisées – des colons armés soutenus par les forces d’occupation mènent leur propre guerre en Cisjordanie. En tant que mouvement qui lutte pour le respect de tous les droits de tous les peuples, nous, La Via Campesina, ne pouvons pas, en toute bonne conscience, participer aux négociations climatiques de la CCNUCC alors qu’un génocide est perpétré contre les membres de notre communauté, et qu’ils sont privés de leurs droits et leur souveraineté. Il n’y a pas de justice climatique sans droits humains !
Alors que nous sommes témoins de cette violence, nous sommes particulièrement préoccupé·es par le greenwashing de la colonisation et de l’apartheid lors de la COP28 de cette année à Dubaï. La participation d’Israël occulte le génocide en cours et détourne l’attention mondiale des crimes qu’il est en train de commettre. L’hypocrisie et les abus de nombreux gouvernements impérialistes et pollueurs lors de la COP28 sont en outre révélés par le gouvernement hôte des négociations sur le climat, les Émirats arabes unis, un important producteur de pétrole et violateur des droits humains, sans parler de la présidence de la COP : un dirigeant pétrolier milliardaire ! La corruption de la CCNUCC doit cesser !
Notre décision de boycotter la COP28 est également notre ratification d’un engagement profond et d’une solidarité avec un mouvement mondial pour la justice climatique enraciné dans les luttes populaires pour les droits humains et le rétablissement des relations avec la Terre Mère. Nous voulons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour exiger un cessez-le-feu maintenant !
PLUS DE COP CORROMPUS ! LA JUSTICE CLIMATIQUE MAINTENANT !
La COP28 vise à produire le premier bilan collectif des émissions à travers l’Évaluation Mondiale. Nous restons vigilant·e·s et demandons des comptes à tous les gouvernements sur leurs engagements minimaux visant à maintenir les températures mondiales en dessous de 2 degrés, avec un objectif vers 1,5. Nous continuons à faire pression et à dénoncer les lacunes et les problèmes qui résultent principalement du manque d’action des pollueurs historiques dont les engagements jusqu’à présent n’ont pas reflété leur juste part de réductions d’émissions ou n’ont pas démontré d’attention à la responsabilité historique.
Dans notre quête de justice climatique, nous, La Via Campesina, restons déterminé·e·s à construire la Souveraineté Alimentaire à travers une transition juste. Cette approche reconnaît et défend les droits des paysan·nes, promouvant l’agroécologie paysanne comme moyen de refroidir la planète. Comme le démontrent les systèmes alimentaires dirigés par les paysan·ne·s et de vastes corpus de recherches indépendantes, l’agroécologie paysanne pratiquée par les communautés paysannes et autochtones offre d’énormes potentiels pour aider à atténuer et à s’adapter aux impacts du changement climatique, tout en soutenant et en améliorant le bien-être communautaire, la démocratie la coopération la paix.
Lors de la COP28, les multinationales de l’agrobusiness feront valoir leurs intérêts à travers ce que l’on appelle l’Agenda des systèmes alimentaires et de l’agriculture et l’Agenda sur les paysages régénératifs. De nombreux·euses leaders mondiaux·ales ont déjà signé la Déclaration des dirigeants sur des systèmes alimentaires résilients et une agriculture durable, lancée par la présidence de la COP où sévit un greenwashing décomplexé. Nous rejetons ces tentatives de greenwashing de l’agrobusiness et de renforcement des marchés et des technologies des entreprises. Sous la bannière de la durabilité, ces initiatives font plus pour concentrer le pouvoir et les ressources que pour réduire réellement les émissions de la chaîne alimentaire industrielle, qui représentent plus d’un tiers du total des émissions mondiales !
Nous rejetons les engagements faibles et dénués de sens de Net Zéro qui cooptent et sapent l’action réelle face à la crise climatique. Nous rejetons la tarification et les compensations du carbone dans l’Accord de Paris ainsi que les formulations trompeuses qui incluent l’élimination du dioxyde de carbone (CDR), les solutions basées sur la nature (NBS), l’agriculture intelligente, l’agriculture du carbone et autres schémas de marchés et compensations douteux et non scientifiques, poussés par l’article. 6. Ces phénomènes portent atteinte à la souveraineté alimentaire et encouragent l’accaparement des terres dans le monde entier. Notre terre n’est pas un puits de carbone !
Nous nous opposons fermement à toutes les tentatives des gouvernements puissants de nommer la Banque mondiale comme gestionnaire du Fonds des pertes et dommages. En cas de succès, cette décision donnera aux États-Unis et à d’autres émetteurs historiques un pouvoir et une autorité indus sur le financement de la lutte contre le changement climatique, ce qui portera gravement atteinte aux gouvernements et aux communautés locales des pays du Sud global et approfondira les hiérarchies de pouvoir mondiales.
Enracinés dans les principes mondiaux de justice climatique, nous continuons à lutter pour des réparations de la dette historiques. Tout le financement climatique doit être entre les mains des communautés (et non des banques !), il doit prendre la forme de subventions (et non de prêts !) et doit donner la priorité à la fois à l’adaptation et à l’atténuation.
Aux côtés du mouvement pour la justice climatique et de tous les peuples du monde, nous déclarons :
Les droits des Palestinien·nes sont des droits humains ! Cessez-le-feu maintenant !
Pas de justice climatique sans respect des droits humains, du droit international et de l’autodétermination.
La souveraineté alimentaire et l’agroécologie paysanne sont des solutions à la crise climatique !
Globalisons la lutte, Globalisons l’espoir !