La 4ième Assemblée des jeunes de l’Asie du Sud Est et de l’Est: Nous sommes les jeunes, la souveraineté alimentaire est notre seule option
Du 4 au 7 septembre 2011, 26 délégations de jeunes venant de Corée, du Japon, de Thaïlande, d’Indonésie, du Cambodge, des Philippines, de Taïwan, du Timor Oriental et d’Australie se sont rassemblées à Sangjoo, au nord de Kyeongsang, en Corée du Sud pour leur 4ième assemblée régionale des jeunes. Le première assemblée a eu lieu à Chiang Mai en 2007, le but en est d’augmenter et de renforcer le rôle et l’engagement des jeunes dans l’agriculture et dans les organisations paysannes.
Dans presque tous les pays les jeunes disparaissent des zones rurales. Dans des pays comme le Japon et la Corée du sud, l’âge moyen des paysans est de plus de 65 ans et dans d’autres pays comme l’Indonésie, la Thaïlande, le Cambodge où le nombre des jeunes paysans est encore élevé, il est en rapide décroissance. Les jeunes ont du mal à travailler dans l’agriculture pour plusieurs raisons: le manque de terre, l’accaparement de terre, les importations alimentaires bon marché dues aux accords de libre-échange qui font que le paysan ne reçoit pas un prix juste pour ses produits. De telles situations forcent les jeunes ruraux à quitter la campagne pour chercher du travail en ville ou devenir des travailleurs migrants.
Yoon Geum Sun, membre du CCI pour la région de l’Asie du Sud Est et de l’Est a reconnu l’importance de cette assembée des jeunes. C’est grâce aux jeunes que nous osons rêver d’un futur meilleur pour l’agriculture dans notre région ainsi que dans le reste du monde. Les jeunes ont un grand courage qui leur permet de changer et de créer une voie pour sortir de ces multicrises mondiales.
L’une des grandes réussites de cette 4ième assemblée des jeunes est le renforcement ou la création de sections jeunes dans toutes les organisations de la région. Ces sections jeunes ont la responsabilité d’organiser ou d’améliorer le rôle des jeunes urbains et ruraux en agriculture et au sein des organisations paysannes. Il est très important de garantir la continuité de l’agriculture et des organisations paysannes dans chaque pays.
L’assemblée a aussi nommé le/la jeune qui sera coordinateur/trice pour les deux années prochaines. Achmad Ya’kub du syndicat paysan indonésien (SPI) ainsi qu’une personne de l’association des femmes paysannes coréennes (KWPA) sont les deux nouveaux coordinateurs des jeunes, remplaçant Ayumi Kinezuka de Nouminren et Arsenio Pereira de Mokatil.
Lors de cette assemblée, les participants ont aussi discuté du projet de souveraineté alimentaire après la catastrophe nucléaire qui a suivi le plus grand tremblement de terre jamais enregistré au Japon, en mars dernier. Le tremblement de terre a causé un énorme tsunami qui a détruit presque tous les ports et les villes du nord est du Japon, endommageant aussi 24.000 hectares de terres agricoles. De plus le tsunami a détruit le système de refroidissement des centrales nucléaires de Fukushima Daiichi provoquant l’explosion de trois réacteurs.
De nombreux fermiers à Fukushima ont été forcés d’arrêter leurs activités agricoles à cause du taux élevé de radioactivité. Et pas seulement à Fukushima, car cet accident a aussi dispersé des substances radioactives sur tout le Japon semant doutes et anxiété parmi les producteurs quant à leurs cultures et parmi les consommateurs quant aux produits locaux. Les habitants de Fukushima n’achètent presque plus les récoltes locales. A cause de cet accident, les mouvements de la souveraineté alimentaire au Japon, ont fait un bond en arrière.
Puisqu’un accident dans la centrale nucléaire d’un pays ne connait pas de frontière et peut affecter l’avenir de toute l’humanité, nous avons conclu que nous devons mener cette discussion avec chaque jeune dans tous les niveaux: national, régional et international.
Les jeunes de Nouminren et les autres organisations rassemblées dans cette 4ième assemblée régionale des jeunes ont donc le rôle de dire aux jeunes de LVC, dirigeants futurs du mouvement, quel est l’impact des accidents nucléaires sur la souveraineté alimentaire. C’est aussi une opportunité de discuter du type d’énergie que nous, les jeunes, nous voulons pour notre région.
Le KPL et le KWPA organisateurs de l’assemblée ont aussi proposé des visites de terrain afin de faire comprendre les défis auxquels les paysans coréens sont confrontés. La première de ces visites a emmené les jeunes sur le site d’un des plus gros problèmes en Corée; le village où se trouve le camp Carol, une base militaire américaine. Il a été découvert récemment que la base militaire sert d’entrepôt à des réserves d’agent orange, un produit chimique très toxique fabriqué par Monsanto qui a été utilisé comme arme chimique lors de la guerre du Vietnam. Ce produit a pollué les sols et l’eau de la région, de nombreuses personnes souffrent de cancer dans le village voisin. Les fermiers coréens et d’autres associations demandent que le gouvernement des USA reconnaisse ouvertement qu’un produit chimique toxique a été enterré, qu’il présente des excuses au peuple coréen et s’engage à nettoyer les sols et l’eau.
La seconde visite de terrain a présenté la construction d’un grand barrage sur la rivière Nakdong. Selon le gouvernement, la construction de ce barrage va réduire les inondations et servira de réservoir d’eau. Mais en fait, ce barrage ne fait que créer des problèmes à la population. La construction a fragilisé les sols, provoquant des glissements de terrain, détruisant les terres arables des rives du fleuve et mettant en danger la vie de la population.
Pour leur dernière visite, les jeunes sont allés dans une ferme biologique; Ils se sont rendus compte que ce n’était pas facile de devenir paysan biologique il y a 10 ou 20 ans. Le gouvernement coréen a même déclaré que les fermes biologiques étaient en relation avec le communisme et beaucoup de paysans biologiques ont été torturés et arrêtés. Mais cela n’a pas arrêté de nombreux fermiers qui ne veulent plus dépendre d’intrants chimiques. Aujourd’hui nous voyons de nombreux paysans se tourner vers l’agriculture biologique avec le soutien des consommateurs qui demandent des produits locaux, frais et bon pour la santé. En Corée maintenant, il y a un mouvement croissant de jeunes urbains qui travaillent à la ferme pendant leur vacances, comme vous le voyez ici. C’est un signe positif pour le futur de l’agriculture. Nous espérons que de plus en plus de jeunes en Corée et ailleurs vont s’intéresser à l’agriculture. En dépit des difficultés, l’atmosphère pendant l’assemblée était très positive et nous nous sommes engagés à continuer notre travail afin d’arriver à la souveraineté alimentaire.