L’Europe sociale et l’Europe agricole ne peuvent plus s’ignorer
Communiqué de presse de la Confédération Paysanne
(Bagnolet, le 9 décembre 2013) La Directive Détachement est au cœur des discussions du sommet européen des ministres des Affaires sociales, ce lundi. La négociation en cours doit aboutir à des outils de lutte renforcés garantissant le respect du droit. La France y affiche sa volonté de protéger les salariés. Une volonté tout à fait louable, mais inopérante sans remise en cause de la recherche de compétitivité à tout prix et de l’industrialisation de l’agriculture.
L’expertise menée ces dernières années par la Confédération paysanne sur les conditions sociales imposées aux travailleurs dans les ateliers de productions agricoles industrialisées en Europe, confirme le recours croissant à la prestation de service internationale. L’opacité des contrats ajoutée à la multiplicité des échelons de sous-traitance se traduit par la difficulté d’attribuer les responsabilités en cas de dérives. La Directive Détachement est le terreau où peuvent prospérer abus et atteintes au droit du travail (salaires dérisoires, heures non payées…) comme aux droits humains (logements insalubres, harcèlement…).
En soutenant prioritairement l’agriculture d’exportation, les politiques agricoles européennes mettent en compétition les agricultures et leurs outils de transformation. Elles conduisent à la disparition des petits paysans, au développement des migrations, et à l’exploitation institutionnalisée des travailleurs.
La lutte européenne contre le dumping social en agriculture doit passer par :
- la réorientation des soutiens en faveur de la relocalisation d’agricultures paysannes pourvoyeuses d’emplois de qualité ;
- la mise en œuvre d’une conditionnalité sociale des aides responsabilisante ;
- le renforcement plutôt que le démembrement des services de contrôle et d’inspection du travail.
La Confédération paysanne refuse que les champs des paysans soient les laboratoires d’érosion des droits des travailleurs et rejette l’argument du prétexte de la performance économique pour justifier la précarisation grandissante des paysans et des travailleurs européens.
Contacts :
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