Italie : Les OGM pénètrent le pays sans discussion publique, campagne d’information raisonnable ou évaluation sérieuse des risques
Dans un communiqué de presse publié le 14 mai 2024, l’Associazione Rurale Italiana (ARI) a tiré plusieurs signaux d’alarme concernant la décision de donner le feu vert à la plantation de riz OGM.
Ci-dessous le texte complet du communiqué de presse, traduit en français.
L’Italie, suite à la notification B/IT/24/01 avec la plantation de “Ris8imo” qui a eu lieu hier à la ferme “Radice Fossati” à Mezzana Bigli, dans la province de Pavie, a perdu son leadership mondial en tant que pays sans OGM.
Le chœur de louanges ne peut pas cacher les limitations scientifiques du soi-disant “Riz de la Victoire”. Les inexactitudes présentes dans la notification auraient dû au moins susciter des inquiétudes de la part des autorités qui ont autorisé l’expérience. Un exemple est la notification indiquant, “…La variation a été obtenue par édition du génome (type NGT-1)…”, mais faisant référence à une réglementation européenne en discussion au prochain parlement qui ne fournit aucune description scientifique de “NGT1”, comme l’a largement documenté l’agence française de sécurité alimentaire dans deux rapports, n’a aucune valeur, sauf si c’est une tentative de présenter le produit comme “NGT1” exempté des futures exigences de traçabilité et d’évaluation de l’impact. En bref, c’est une ruse.
Après 24 ans de législation nationale garantissant le statut “sans OGM” de l’agriculture italienne, en raison des décisions imprudentes des gouvernements Draghi et Meloni, avec les décrets “Ukraine” et “Sécheresse” respectivement, l’Italie devient un pays à risque de dérive biotechnologique.
La manière dont la politique, le monde universitaire et les soi-disant grandes organisations agricoles ont imposé à la Nation le risque de perdre le travail accompli au cours des dernières décennies pour positionner l’agriculture italienne au sommet des classements de production de qualité est, pour le moins, déconcertante.
Aucune discussion publique, aucune campagne d’information raisonnable, aucune évaluation sérieuse des risques, notamment en ce qui concerne les dommages économiques pour des secteurs tels que le bio ou les DOP et IGP, que nous devons affronter uniquement en raison d’une conformité servile avec l’agrobusiness et la partie la plus rétrograde du monde académique et syndical.
Les accusations d’antitechnologie et les attaques contre ceux qui, depuis près d’un quart de siècle, se sont opposés scientifiquement aux OGM de vieille et nouvelle génération confirment le refus total de dialoguer avec les citoyens sur des questions stratégiques pour l’agriculture et la société dans son ensemble. Il est inutile de rappeler que le secteur agricole, en plus d’être fondamental pour l’économie du pays, fournit également de la nourriture à tou·tes nos concitoyen·nes, qui n’ont pas été consultés pour savoir s’ils sont prêts à avoir du riz modifié dans leurs assiettes pour acquérir une résistance qui, au mieux — techniquement — sera efficace pendant 3-5 ans.
Imaginer que les consommateur·rices de riz seront heureux·euses d’acheter une boîte d’Arborio avec “Ris8imo” est actuellement une simple illusion; la grande majorité des Italien·nes ne veulent pas manger d’OGM. Le stratagème de renommer les produits NGT en “TEA” (Techniques d’Évolution Assistée) montre un mépris pour l’intelligence des consommateur·rices de ce pays.
Pour cette raison, nous dénonçons publiquement cette imposition, qui est due à un manque de courage pour aborder civilement et démocratiquement une discussion politique et scientifique sur la question de l’édition du génome et de ses applications.
Nous continuerons nos activités d’information et de documentation pour contrer cette tentative de mystifier la question des nouveaux OGM, en les faisant passer, une fois de plus avec les mêmes promesses que les anciens OGM, pour la solution miraculeuse à tous les problèmes agricoles, des ravageurs à la sécheresse, de la nécessaire réduction de l’utilisation des pesticides à la forte augmentation de la production, dont l’échec est également reconnu par les lauréats du prix Nobel qui ont développé CRISPR/CAS. Promesses et accords pour l’industrie des semences.