Le futur est entre les mains de la jeunesse paysanne, et l’éducation dont elle rêve promet de belles récoltes
(Derio, 18 Juillet 2017) La jeunesse représente le futur. Le futur solidaire d’un mouvement qui construit des alliances avec d’autres mouvements sociaux pour se renforcer, qui communique d’avantage tant à l’intérieur de l’organisation qu’avec l’extérieur et qui promeut la paix dans un temps de guerres et de criminalisation, (et de précarisation) qui touche les jeunes en premier lieu. Les 16 et 17 juillet 2017, s’est déroulée la IVème assemblée des jeunes paysannes et paysans de La Via Campesina. L’ensemble des thématiques importantes pour l’organisation a été évoqué par l’assemblée et le protagonisme historique des jeunes a été souligné avec force, comme une nécessité en ces temps où la population agricole vieillit dans de nombreuses régions du globe et le néolibéralisme nous pressurise chaque jour d’avantage.
Un des défis majeurs à relever pour les jeunes concerne la formation. Dans chaque groupe de travail, lors de tous les débats et au travers de nombreux commentaires et questions en plénière, le manque de formation, la qualité de celle-ci ou encore son accessibilité sont ressortis comme une inquiétude pour une jeunesse qui clame haut et fort sa volonté de prendre son destin en main et de se doter de tous les outils nécessaires à une meilleure reconnaissance de ses droits.
En Afrique, Asie et Amérique latine l’accès à l’éducation de base, ainsi qu’aux formations techniques, reste difficile dans de nombreuses zones rurales. En Europe, c’est l’accessibilité à la formation supérieure ou continue qui est problématique. Ce que remarque aussi la déléguée de Land Workers Alliance, c’est que, quand elle existe, « l’offre de formations courtes sur l’agroécologie, la permaculture ou encore l’apiculture est souvent très chère, car il s’agit aussi d’une mode au Royaume Uni, ce qui la rend difficilement accessible pour les jeunes paysans. » La qualité d’une bonne partie de ces formations est également remise en question par la camarade. Ce qui bien-sûr alimente les inquiétudes quant aux risques de cooptation de l’agroécologie. Au sein du groupe de travail sur cette thématique, il a d’ailleurs été rappelé que nous devons tout faire pour que l’agroécologie paysanne reste anticapitaliste, et ne jamais la délier de la notion de souveraineté alimentaire dans nos prises de position.
En Afrique, comme le souligne la jeune déléguée de Zimsoff du Zimbabwe, c’est l’accès à la formation technique qui fait défaut, alors que ce sont en majorité des jeunes qui cultivent la terre, dans des pays où les petits producteurs peuvent représenter jusqu’à 90% de la population, comme c’est le cas au Niger. De la bouche des jeunes de ce continent, comme de tous les autres, le manque d’espace propres, de possibilités de s’organiser, de reconnaissance et de crédibilité semble lié à ce déficit de formation, que celle-ci porte sur les aspects techniques ou sur la connaissance de leurs droits, à la terre en particulier.
En réponse à ces problèmes plusieurs solutions ont été proposées ou réaffirmées par les jeunes. Avant tout il s’agit surtout de renforcer la formation politique des jeunes militantes et militants de La Via Campesina, déjà en cessant de séparer celle-ci de la formation technique. Tous les cours et formations en agroécologie devraient comporter les deux volets. La jeune apicultrice, membre d’AbL en Allemagne a également rappelé que, « tout comme les politiques que nous souhaitons, les formations ne vont pas tomber du ciel. L’échange de connaissances, d’expériences et de compétences entre nous est fondamental, ensuite l’effet papillon fait son travail. »
Quelques récits des camarades d’Amérique centrale et du sud ont une fois encore été très inspirants pour les autres jeunes et ont apporté un bel espoir. Les exemples d’écoles paysannes au sein des organisations et les formations de paysan à paysan, sont autant de pistes à creuser par tous les jeunes membres de la Via Campesina, afin de prendre les devants dans la guerre de plus en plus violente que lui livre le néoliberalisme. Beaucoup de jeunes ont aussi rappelé avec joie les opportunités à saisir. Déjà, il y a La Via Campesina, cet immense mouvement qu’ils veulent investir d’avantage, et, pour reprendre les paroles de la camarade brésilienne du MPA, « nous devons utiliser nos forces ; la créativité, l’énergie, la connectivité et tous les outils d’agitation qui nous sont propres. Atteindre un haut niveau de communication afin d’atteindre notre but : que l’agroécologie nourrisse »
Equipe de communication de la Via Campesina