Fort·e·s de nos droits et de nos valeurs démocratiques, nous continuerons à construire la justice sociale et climatique !
Communiqué de La Via Campesina – COP25
(Harare, 29 novembre 2019) Sous le mot d’ordre : Fort·e·s de nos droits et de nos valeurs démocratiques, nous continuerons à construire la justice sociale et climatique ! La Via Campesina appelle à des actions à Madrid et à Santiago, dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, COP25, tout en unissant sa voix à celle du peuple chilien, massivement mobilisé contre les politiques néolibérales et extractives du gouvernement du Président Sebastián Piñera et pour une nouvelle Constitution. LVC dénonce également la violence brutale exercée par l’Etat chilien ainsi que sa tentative de maintenir la « présidence » de la COP25 tout en abandonnant unilatéralement ses responsabilités locales vis-à-vis de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
Le transfert de la COP25 de Santiago, au Chili, à Madrid renforce notre conviction que la pleine démocratie et le respect non négociable des droits humains, des droits des paysan·e·s, des droits des peuples autochtones et des droits des peuples qui luttent et résistent, sont le seul moyen de construire la souveraineté alimentaire et la justice sociale et climatique. Ainsi, à Santiago, le Sommet des Peuples est maintenu et, en même temps à Madrid, s’organise le Sommet Social pour le Climat. La Via Campesina se mobilisera dans les deux espaces de solidarité et d’échange, avec les peuples et les jeunes du monde qui combattent le système capitaliste.
Depuis plusieurs années, La Via Campesina dénonce la cooptation de la CCNUCC par les sociétés transnationales et les gouvernements qui les défendent. Les multiples contradictions de l’Accord de Paris (COP21), notamment son caractère non contraignant et son incapacité à dépasser la logique du marché, sont le résultat de ladite cooptation. Et maintenant voici la COP25, où des mécanismes de « coopération internationale »” doivent être définis afin de mettre en œuvre les ” Contributions prévues et déterminées au niveau national “, c’est-à-dire des mécanismes de marché qui permettront à certains pays – et à leurs transnationales – de continuer à polluer au détriment du climat et des droits.
En 2018 et 2019, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a confirmé ce que nos peuples et nos organisations disent depuis un certain temps : en Afrique, en Asie, en Europe et dans les Amériques, la crise climatique est arrivée, l’agrobusiness en porte l’énorme responsabilité et les transformations de sociétés entières sont urgentes ! Il existe de multiples exemples de cette crise climatique, nous la vivons déjà au Mozambique avec le Cyclone Idai, en Inde avec des inondations dans le Karnataka et le Maharastra, en Europe et en Amérique du Nord dévastés par des vagues de chaleur dépassant les 45° C et en Amérique Latine avec son Amazonie en feu.
La Via Campesina croit fermement que le climat ne doit pas changer, il faut changer impérativement le système capitaliste qui exploite, pollue et détruit les biens naturels, patrimoine des peuples du monde. Pour nous, les transformations urgentes et nécessaires doivent avoir lieu dans le cadre d’une transition juste, or elles ne seront possibles que si elles intègrent pleinement la réalisation de nos droits de paysan·e·s, peuples autochtones et autres personnes travaillant dans les zones rurales, avec l’élimination de toutes les formes de violence à l’encontre des femmes et autres sujets, et avec le contrôle démocratique des terres, des eaux, des territoires et autres biens naturels.
Les communautés paysannes du monde entier nourrissent déjà la grande majorité des populations (70% de la population mondiale) avec un accès réduit aux biens naturels (25%). Alors que, la monoculture agro-industrielle exporte des marchandises, détruit la biodiversité, rend les gens malades, déplace les communautés locales, tue ceux qui résistent et réchauffe la planète.
La Via Campesina rejette catégoriquement toutes les fausses solutions à la crise climatique, y compris les marchés du carbone (concernant notamment les terres agricoles), REDD et REDD+, les agrocarburants, les OGM et leur soi-disant “agriculture intelligente pour le climat”, sans parler de la géo-ingénierie particulièrement dangereuse. Ce que nous voulons, et ce que nous construisons jour après jour sur nos territoires, c’est la souveraineté alimentaire fondée sur l’agroécologie paysanne, la justice sociale et climatique en respectant une transition juste et la dignité pour la majorité.
L’histoire nous a appris que les solutions viennent du peuple, mais nous exigeons que ceux qui devraient nous représenter assument leurs responsabilités, plutôt que d’être des serviteurs serviles du capital.
Il n’y a pas de meilleur exemple du lien existant entre les droits, la démocratie et la justice climatique que le coup d’État criminel dont a été victime dernièrement le peuple bolivien. C’est là, dans l’État plurinational de Bolivie, qu’une opposition antidémocratique aux côtés des élites économiques et des intérêts transnationaux – avec la complicité des forces armées et de la police boliviennes – cherche à imposer une privatisation totale en utilisant les balles, le mensonge et la censure. Ces opposants veulent fermer les portes à la démocratie et aux droits dans ce pays qui, dans sa majorité, est un digne compagnon du processus de la Déclaration des droits des paysans. Nous, à La Via Campesina, nous disons Non au coup d’Etat en Bolivie !
C’est pourquoi qu’à Santiago, Madrid, La Paz et partout sur la planète, nous nous mobiliserons pour dire :
Forts de nos droits et de nos valeurs démocratiques, nous continuerons à garantir la justice sociale et climatique !
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