Entrevue de Rafael Alegria et José Bové

Dans une interview exclusive, réalisée il y à Sao Paulo, Brésil, José Bové et Raphaël Alegría ont discuté sur leurs prochaines réunions : avec le Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Kofi Annan, et avec la IV Conférence Internationale de la Via Campesina.

Pendant qu’a lieu la réunion brésilienne de la CNUCED (Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement) destinée à améliorer la cohérence entre les stratégies des développements nationaux et les processus économiques globaux visant la croissance et le développement, la société civile s’est aussi réunie à Sao Paulo poursuivant le développement à partir d’une différente perspective. Cet événement qui a lieu tous les 4 ans, le groupe décideur au plus haut niveau de la CNUCED, est suivi de très près par le Forum des ONGs (Organisations Non Gouvernementales) et la IV Conférence Internationale de la Via Campesina qui se réunissent actuellement.

Le Mouvement International de la Via Campesina lequel est reconnu comme étant le principal responsable de l’échec des négociations de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) au sommet ministériel de Cancun en Septembre 2003, coordonne les organisations des petits et moyens producteurs et travailleurs agricoles de l’Asie, l’Afrique, l’Amérique, et de l’Europe. Le Coordinateur du Secrétariat International Rafael Alegría et le Fondateur de la Confédération Paysanne Française José Bové sont prêts à rencontrer des leaders Internationaux au sujet des thèmes qui ont à voir avec cette organisation internationale : La Souveraineté Alimentaire, la Réforme Agraire et l’interdiction des OGMs.
Bové, porte-parole de la Via Campesina, a été nommé par des membres de la société civile pour rapporter leurs opinions communes au Secrétaire Général de l’ONU, Kofi Annan, lors d’une réunion qui a eu lieu le 13 juin à Sao Paulo. Le jour suivant, le 14 juin, des centaines de représentants des organisations paysannes et des peuples indigènes sont venus participer à la IV Conférence Internationale de la Via Campesina à Itaici, dans l’état de Sao Paulo. Cette rencontre à laquelle participent les peuples de 80 nations : Etats-Unis, Allemagne, France, Royaume Uni, ainsi que Palestine, Haiti, Cuba, Lyban, Rwanda, Nigéria, Syrie et 18 pays d’Amérique Latine et Caraïbes marque également le 20ème anniversaire de son membre brésilien, le MST (Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre) qui organise plus de 600.000 familles dans cette Nation d’Amérique Latine.

Rafael Alegria (Coordinateur du Secrétariat International de la Via Campesina) : « La Via Campesina initiera la IVème conférence mondiale à Sao Paulo, Brésil. Juste avant, il y aura une assemblée internationale de femmes et de jeunes agriculteurs. Cette assemblée coïncide avec la conférence du système des nations unies pour le commerce et la coopération. A ce sommet il y aura, également, une délégation de la Via Campesina sous la responsabilité de josé Bové qui séntretiendra avec le Secrétaire Général de l’ONU, Kofi Annan. Il, José Bové, défendra la position de la Via Campesina sur la souveraineté alimentaire, la réforme agraire, les transgéniques ainsi que d’autres thèmes fondamentaux pour l’agriculture paysanne et indigène dans le monde.
José Bové (Fondateur de la Confédération Paysanne et co-fondateur de la Via Campesina) : Pendant que démarre la IV Assemblée Générale de Via Campesina se tient le Forum Social des ONG en parallèle avec l’assemblée générale de la CNUSED et pour la première fois, l’ensemble du mouvement social international a pris des positions très claires sur la question de la souveraineté alimentaire. Sur la question du droit des peuples à se nourrir de leur propre agriculture et ce qui fait cette question centrale pour la via campesina est la question centrale qui va être ramenée demain devant le directeur général des nations unis Kofi Annan. Pour la première fois via campesina sera reconnue au niveau international et a partir de cette rencontre pourra défendre devant les nations unis devant son assemblée générale a la souveraineté alimentaire des peuples. Je crois que c’est un moment historique dans le combat que nous menons pour l’ensemble des paysans de la planète.

Rafael Alegria (Coordinateur du Secrétariat International de la Via Campesina) : Ce sera une magnifique opportunité pour que le Secrétaire Général de l’ONU reçoive la position des plus de 60 millions d’agriculteurs réunis au sein de la Via Campesina. Nous lui parlerons de la difficile situation que traverse l’agriculture dans le monde, du commerce injuste, de la défense de la biodiversité, de l’agriculture saine et tout cela doit être discuté avec le secrétaire général des nations unies.

José Bové (Fondateur de la Confédération Paysanne et co-fondateur de la Via Campesina) : Aujourd’hui la Via Campesina est en phase avec la majorité des pays de la planète. Il y a quelques jours, le G90 qui regroupe les pays d’Afrique, les pays ACP (Pays d’Afrique, des Caraibes et du Pacifique), les pays les moins avances a pris des positions très fermes par rapport aux prochaines négociations de l’Organisation Mondiale du Commerce. Aujourd’hui, entre Via Campesina, mouvement social international et ses pays du Sud les alliances sont en train de se concrétiser pour arracher l’agriculture a la logique de la marchandisation, a la logique l’Organisation Mondiale du Commerce. Notre combat aujourd’hui c’est de sortir l’alimentation et l’agriculture hors de l’OMC.

José Bové (Fondateur de la Confédération Paysanne et co-fondateur de la Via Campesina) : Depuis deux jours se tient donc en marge de l’assemblée de la CNUSED le forum des organisations non gouvernementales. C’est un travail qui a commencé il y a plusieurs mois a Genève ou a été élaboré un texte face au texte officiel de la CNUSED. Et ce qui est intéressant, ce qui est central dans ce texte c’est là de loin dénonciation du commerce comme facteur de développement. Aujourd’hui l’ensemble des ONG il est clair que le commerce dans le cadre de l’OMC est un facteur qui aggrave la situation de la majorité des peuples de la planète et que face à cela il faut créer des alternatives comme la souveraineté alimentaire mais aussi le maintien de tous les services publics c’est à dire la lutte contre l’accord Général du Commerce des Services (AGCS). Aujourd’hui c’est une position qui est commune a l’ensemble des organisations non gouvernementales et le texte qui va être remit au Secrétaire Général de l’ONU et qui va être lu devant l’assemblée de la CNUSED par un représentant de la société civile aura à ce moment la une portée politiques très importantes parce que pour la première fois dans l’instance internationale des Nations Unis, la société civile aura tout à fait son mot à dire et ne sera pas la simplement sur un strapontin.

NOTES : Raphaël Alegría : de l’Honduras, coordinateur international de la Via Campesina, est aussi le président du Mouvement International de la Voie Paysanne du Honduras José Bové : Né en 1953 à Bordeaux, France. Dans les années 1970, il est devenu un activiste environnemental, lorsqu’il a commencé à organiser les petits paysans de la région du Larzac et a fondé la Confédération Paysanne, en 1987.

Pour plus d’informations : www.viacampesina.org
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