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Devant le Conseil des ministres de l’agriculture de l’Union Européenne, ECVC défend les droits des paysan.ne.s

Communiqué de presse

Face à la stratégie de bioéconomie de l’UE et aux propositions de la présidence de l’UE sur la réforme de la PAC qui soutiennent les intérêts acquis des entreprises et les modèles agricoles industrialisés ou extractifs, ECVC et ECO RURALIS, réunis à Bucarest, rejettent ces propositions et exigent que les droits humains et ceux des paysan.ne.s prévalent dans la nouvelle PAC, en utilisant la décennie de l’agriculture familiale.

Bucarest, le 3 juin 2019 – Ces derniers jours, la production de biocarburants et la dérégulation des OGM, qui dissimulent les intérêts des entreprises derrière les préoccupations environnementales des citoyen.ne.s, figuraient parmi les priorités de la réunion des ministres de l’Agriculture de l’UE à Bucarest, en Roumanie.

La présidence roumaine de l’UE a également demandé à la dernière minute que la réforme de la PAC -pour laquelle elle a envoyé un projet- soit traitée lors de ce Conseil, dans le but de faire avancer les négociations pour le prochain Conseil officiel du 17 juin, bien que certains pays refusent d’aller de l’avant tant que le budget de l’UE n’aura pas été adopté.

La stratégie européenne de bioéconomie fut le fil conducteur des discussions des ministres, un plan destiné à “ouvrir la voie à une société plus innovante, plus efficace dans l’utilisation des ressources et plus compétitive”, ce qui en termes concrets se traduit par l’apport de fonds publics aux plus grands acteurs du secteur privé et par l’expansion de leurs marchés. Preuve en est le Consortium des Bio-industries (BBI – JU*) -où opèrent des sociétés telles que BASF, Total ou Cargill- que la présidence roumaine considère comme une réussite.

Par ailleurs, le projet de propositions sur la PAC que présente la présidence roumaine s’adresse aux intérêts des plus grandes exploitations et aux modèles industriels étant donné qu’il propose d’éliminer la redistribution obligatoire des aides.

Pendant ce temps, à quelques mètres de cet évènement européen, ECVC, son membre roumain Eco Ruralis et une douzaine d’organisations de petit.e.s agriculteur.rice.s et de la société civile d’Europe et d’Asie centrale, se sont réunis au côté d’experts en droits humains autour de plusieurs forums thématiques visant à permettre la mise en œuvre des droits des paysan.ne.s au sein de la PAC et dans les deux régions.

L’évènement du 1er juin a été marqué par la présence de toutes les institutions de l’UE impliquées dans le processus de réforme de la PAC: la présidence du Conseil de l’UE, le Ministère de l’Agriculture de Roumanie, la Direction générale de l’Agriculture de l’UE et le Parlement européen. En outre, deux institutions des Nations unies complétaient cette présence institutionnelle internationale: l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation – FAO (à partir de son siège international et de son Bureau régional pour l’Europe et l’Asie centrale) et le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme.

Les débats du 1er juin entre institutions, paysan.ne.s et expert.e.s juridiques exploraient les opportunités qu’offre le cadre des Nations unies pour la Décennie de l’agriculture familiale pour la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan.ne.s récemment adoptée, qui impliquerait la création de politiques publiques en faveur des petits paysan.ne.s. Les discussions sur l’orientation stratégique de la Politique agricole commune à l’égard des petit.e.s exploitant.e.s familiaux.ales ont également été approfondies.

Citations :

Il y a quelques jours à Rome, lors du lancement international de la Décennie de l’Agriculture familiale, ECVC a officiellement intégré la gouvernance de ce cadre onusien en tant que membre du comité directeur international. ECVC développe des liens et ouvre un espace politique pour l’alimentation et l’agriculture, en utilisant les instruments de l’ONU pour la protection de nos droits. Des dizaines de millions de paysan.ne.s attendent du processus de l’UE un changement vers une approche des droits humains pour répondre à la crise économique, sociale et climatique” a déclaré Ramona Duminicioiu, paysanne roumaine, représentante d’ECVC.

Aujourd’hui, dans la plupart des pays, le revenu moyen des agriculteur.rice.s représente [en moyenne] la moitié du revenu du reste des citoyen.ne.s de chaque pays. Au-delà de ça, la distribution des aides au revenu de la PAC qui devrait pour les agriculteur.rice.s compenser la politique de prix bas à la production promue par l’UE, exclut en réalité 40% des agriculteur.rice.s européen.ne.s et se concentre sur 8% d’entre eux qui reçoivent 75% des aides. Cela est inacceptable” a déclaré Jose Miguel Goncalves, représentant d’ECVC, devant l’enceinte qui accueillait le Conseil des ministres de l’agriculture de l’UE où ECVC et Eco Ruralis, avec d’autres organisations paysannes et de la société civile se sont rassemblées pour défendre une politique agricole commune basée sur les droits des paysan.ne.s.

Nous pourrions penser que nous payons peu pour la nourriture, mais en réalité cela coûte cher à la planète. Les impacts environnementaux de l’agriculture industrielle qui sont favorisés par les politiques agricoles de l’UE, tels que le changement climatique, le gaspillage alimentaire et l’effondrement de la biodiversité, sont un prix trop élevé à payer” a ajouté Stanka Becheva des Amis de la Terre Europe, au nom de l’alliance régionale pour la souveraineté alimentaire, Nyéléni Europe et Asie centrale.

Voir les photos de la rencontre ici : https://flic.kr/s/aHsmDZdZ5w

Contact:

Ramona Duminicioiu – Comité de Coordination d’ECVC : +40 746 337 022, ramona@ecoruralis.ro – RO, EN, FR, ES

Jose Miguel Pacheco – Comité de Coordination d’ECVC: +351 968 721 995 – PT, ES