CIN2 : la nutrition ne doit pas servir le profit
(Rome, le 20 novembre 2014)
La Via Campesina et URGENCI, ainsi que d’autres mouvements sociaux, se sont réunis à Rome à l’occasion de la deuxième Conférence internationale sur la nutrition (CIN2), au cours de laquelle l’OMS et les États membres de la FAO ont discuté et adopté un cadre d’action en faveur de la nutrition. Cette conférence, organisée conjointement par la FAO et l’OMS, intervient vingt-deux ans après la première CIN. Pendant cette période, aucune avancée n’a été réalisée par la communauté internationale dans ce domaine. Au contraire : ces vingt-deux années se caractérisent par la récupération de la nutrition par le secteur privé à des fins commerciales afin de proposer aux consommateurs une liste interminable de pseudo solutions « enrichies en nutriments » et génétiquement modifiées. Les entreprises transnationales n’ont pas leur place ni dans les accords commerciaux ni dans nos systèmes alimentaires !
En tant que mouvements de consommateurs et de petits paysans, LVC et Urgenci estiment qu’il est nécessaire de rappeler aux États membres que la malnutrition ne constitue pas un problème d’ordre technique uniquement, mais de nature systémique. Sans souveraineté alimentaire, il ne peut y avoir de nutrition saine et culturellement appropriée. Le premier mouvement japonais en faveur d’une agriculture soutenue par la communauté (ASC), Teikei, fut créé dans les années soixante-dix par des femmes au foyer japonaises en réponse aux problèmes de contamination des denrées par les métaux lourds industriels. Au cours des quarante dernières années, ce problème et ceux liés à l’accaparement des terres, des eaux et des océans, à la monoculture ou à la pollution imputable aux produits chimiques agricoles se sont aggravés.
Comme le souligne Marciano Da Silva, du mouvement des petits paysans brésiliens : « Si les systèmes agricoles paysans bénéficiaient de la protection des États, il serait possible de bien nourrir la population mondiale. Sans alimentation dans toute sa diversité, il n’y a pas de nutrition. »
Tianle Chang, du marché paysan de Pékin, ajoute : « (…) en Chine, un mouvement réunissant des producteurs bio à petite échelle et des consommateurs locaux est entrain de naître ; l’objectif vise à créer, ensemble, des communautés alimentaires durables. Des initiatives comme les marchés paysans ou l’ASC ont démontré qu’elles offraient de bonnes solutions aux problèmes de nutrition tout en favorisant la bonne santé de la population et de l’environnement. »
L’établissement de systèmes alimentaires locaux et durables représente un enjeu essentiel, tant pour les producteurs que les consommateurs. L’agroécologie associée à un changement économique et à des systèmes alternatifs de distribution alimentaire constituent des éléments fondamentaux permettant de concrétiser les objectifs de nutrition, le droit à l’alimentation ainsi que la souveraineté alimentaire !
La nutrition devrait être couplée à l’alimentation et relever du cadre inclusif qu’offre le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA). Par ailleurs, il est important que les politiques menées par les États et les institutions publiques en matière d’alimentation et de nutrition demeurent séparées et indépendantes de tout intérêt commercial privé.
La nutrition ne doit pas servir le profit !
Contacts presse LVC et Urgenci, à Rome :
Judith Hitchman (EN, FR), chargée de plaidoyer pour le réseau international Urgenci : +33680600391
Andrea Ferrante (EN, ES, FR, IT), La Via Campesina : +39 3480189221