Cancun: L’OMC hors de l’alimentation et de l’agriculture ! Non au brevetage des organismes vivants !

Position

Oui à la souveraineté alimentaire des peuples !
La souveraineté alimentaire est un droit fondamental pour chaque communauté Chaque communauté devrait avoir le droit de produire sa propre nourriture, le droit à la souveraineté alimentaire. Cela signifie que les communautés ont le droit de définir leurs propres politiques agricoles et alimentaires, de protéger et de réguler leur production intérieure agricole et de protéger leur marché intérieur du dumping des surplus agricoles des autres pays.

Cela implique aussi qu’elles ne fassent plus de dumping sur leurs produits agricoles et alimentaires, c’est à dire qu’elles ne les vendent pas sur les marchés internationaux à un prix inférieur au coût de production. La priorité doit être donnée à la production locale et régionale par rapport à l’exportation, en autorisant la protection vis à vis des importations à bas prix, en permettant l’aide publique pour les paysans, en soutenant la production alimentaire destinée à la consommation intérieure et en garantissant la stabilité des prix agricoles à un niveau international grâce à des traités sur la gestion de l’approvisionnement.

Le principal objectif de l’OMC, la soi-disant « libéralisation » de l’agriculture, a aggravé la crise La « libéralisation » de l’agriculture a aggravé la crise actuelle des sociétés rurales et a appauvri de larges parties de la population rurale. L’Accord sur l’Agriculture (AsA) favorise les grandes firmes transnationales qui sont soutenues par leurs gouvernements. L’Union Européenne (UE) et les Etats-Unis imposent des règles qui les autorisent à continuer le « dumping » de leurs surplus de production à des prix très bas ; cette pratique détruit les marchés locaux dont les paysans et les petits cultivateurs dépendent. Au même moment, beaucoup de pays importateurs sont contraints de baisser leurs taxes d’importation et d’éliminer toute protection qu’ils ont pu avoir pour leur agriculture.

En février 2003, l’OMC a rendu public la très controversée et inacceptable « Proposition Harbinson », rédigée par le président des négociations agricoles, Stuart Harbinson. L’objectif de ce texte est de restructurer la production et le commerce agricole dans le monde entier. Nous rejetons ce document car il représente un compromis entre deux positions toutes deux inacceptables : 1) les Etats-Unis et le Groupe de Cairns (un groupe dominé par l’Australie et d’autres pays industrialisés qui militent de façon agressive pour une agriculture d’exportation à bas prix ) tentent d’obtenir une baisse des taxes à l’importation. Ils ont déclaré que la proposition Harbinson ne répond pas à leurs attentes. 2) L’Union Européenne veut maintenir ses soutiens intérieurs qui profitent surtout aux gros producteurs et à l’industrie exportatrice. Aucune de ces deux positions, entre lesquelles Harbinson a cherché un consensus, ne prend en compte les demandes des communautés paysannes.

La publication récente de la proposition conjointe de l’Union Européenne et des Etats-Unis est aussi une tentative claire d’imposer une structure aux négociations qui pousse les autres pays à aller plus loin dans la libéralisation. Cette proposition Etats-Unis – Union Européenne ne comprend aucun engagement pour réduire les effets dévastateurs de leurs propres politiques de dumping et pour permettre le renforcement de la production alimentaire durable et locale. Le chapitre sur l’agriculture du projet de « déclaration de Cancun » qui circule en ce moment reprend presque exactement la proposition Etats-Unis – UE et ne change rien dans l’orientation des politiques imposées par l’OMC.

L’Accord sur l’Agriculture et les autres accords de « libre-échange » ont des conséquences catastrophiques pour la production alimentaire intérieure En Indonésie : le gouvernement a, de septembre 1998 à décembre 1998, réduit les taxes à l’importation du riz à 0%. Le riz est la base de l’alimentation en Indonésie. En conséquence, le marché s’est trouvé inondé de riz importé de Thaïlande et du Vietnam ce qui a cassé les prix du riz local. Après que les paysans avaient protesté, les taxes ont été remontées à 30%, mais cela ne suffit pas pour maintenir les prix et assurer aux paysans un niveau de vie décent. Nous avons besoin d’être protéger contre les importations ! En Europe : le prix intérieur des céréales a chuté de 50% ses dix dernières années pour permettre une baisse des taxes à l’importation et une élimination des subventions à l’exportation, remplacées par un soutien direct au revenu qui profite surtout aux gros producteurs et qui est accepté dans la « boîte verte » de l’OMC : l’Union Européenne continue de faire du dumping sur ses céréales qu’elle vend à très bas prix sur les marchés internationaux, et les petits producteurs de céréales continuent de disparaitre. Au Bangladesh : le gouvernement a signé l’accord du GATT en 1994 et il est automatiquement devenu membre de l’OMC en 1995. La même année le gouvernement d’alors a arrêté de donner des subventions à l’agriculture, en accord avec les règles de l’OMC. Le résultat a été une grave crise sur le marché des engrais agricoles, et notamment des fertilisants. D’un côté, il n’y avait plus de fertilisants sur le marché, de l’autre, leur prix était totalement hors de porté des communautés paysannes. Le gouvernement a fait usage de la répression pour faire taire l’agitation paysanne, et 17 paysans sont morts assassinés par la police.

En 1996, un nouveau gouvernement est arrivé au pouvoir, s’engageant à soutenir l’agriculture. Ils ont gardé un montant limité dans le budget national pour satisfaire la paysannerie. Bien que cette initiative insignifiante n’aie pas du tout bénéficié aux paysans, le gouvernement a utilisé ces subventions comme thème dans son campagne électoral. Mais les paysans souffrent beaucoup de ne plus recevoir aucun soutien, ce qui est une conséquence directe de l’OMC au Bangladesh. Au Mexique : selon l’Accord de Libre-échange de l’Amérique du Nord, une réduction de 24% des taxes à l’importation avait été décidée, ce qui signifie que le maïs se trouvait sur un marché sans aucune barrière douanière. Les importations de maïs, presque toutes en provenance des Etats-Unis, ont augmenté de 2,2 millions de tonnes en 1994 à 6,1 millions de tonnes en 2001. La production nationale mexicaine était dans cette période entre 18 et 20 millions de tonnes. Ainsi, l’existence de 2,4 millions de producteurs de maïs a été sacrifiée par le gouvernement mexicain. Ouvrant totalement le marché du maïs au Mexique, la production agricole est détruite. Les seules gagnantes des négociations sur le maïs de l’accord NAFTA sont les firmes multinationales qui ont renforcé l’intégration Mexique – Etats-Unis à leur bénéfice. En Thaïlande : l’importation de 23 produits agricoles (le lait, le riz, le soja, les oignons, les pommes de terre,…) a été libéralisée. Dans la période de 1995 à 2002, huit années de libéralisation selon l’Accord sur l’agriculture, la valeur des produits exportés a augmenté de 50% environ. Cependant, au même moment, des produits similaires importés de l’étranger étaient vendus à prix de dumping sur le marché intérieur. Le résultat a été désastreux : les prix ont chuté sous un niveau jusqu’alors jamais connu et les paysans ont du faire face à une baisse importante de leurs revenus. Cela a eu des conséquences catastrophiques pour la production alimentaire intérieure.

Les communautés de pêcheurs devraient voir leurs droits garantis Les communautés qui vivent sur la côte et qui dépendent de la pêche en mer ou en eau douce ont été particulièrement durement touchées par la commercialisation de leur travail. Elles ont besoin d’être protégées, d’avoir des garanties que les communautés de pêcheurs peuvent jouir de leur droit vis à vis des ressources maritimes et fluviales. Cela peut être réalisé par la négociation d’une convention internationale qui interdise la pêche illégale, irrégulée et non notifiée, et qui applique réellement les conventions maritimes internationales et les traités, tels que le traité des Nations Unies sur les populations de pêcheurs dans les zones internationales et dans les zones de fortes migrations. Des politiques basées sur les connaissances, les cultures et les expériences locales et indigènes de l’utilisation et de la gestion durable et équitable des ressources naturelles doivent être utilisées pour éradiquer la pauvreté et l’insécurité alimentaire des communautés côtières.

L’OMC hors des services publics ! L’OMC cherche à libéraliser et à privatiser les services publics. Cela nuirait fortement aux populations pauvres et marginalisées de nos sociétés. Nous avons besoin de ressources financières publiques suffisantes pour assurer des niveaux d’infrastructure et de service adéquats. Les négociations concernant l’Accord Général sur le Commerce des Services (AGCS) doivent cesser et le principe de « libéralisation progressive » doit être éliminé pour protéger les services publics et l’intérêt général.

L’OMC, l’ALEA, et les autres accords de « libre »-échange, hors de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation ! Nous demandons que les gouvernements adoptent immédiatement les mesures suivantes :
   cesser les négociations actuelles à l’OMC et ne pas commencer la négociation des « nouveaux domaines » ;
   annuler les négociations qui cherchent une plus grande libéralisation du commerce agricole dans le cadre de l’Accord sur l’Agriculture ;
   défendre les droits des paysans et la souveraineté alimentaire ;
   éliminer l’obligation d’un accès aux marchés minimal : l’obligation d’importer jusqu’à 5% de la consommation intérieure et toutes les clauses concernant l’accès aux marchés obligatoire ;
   interdire le brevetage de tout organisme vivant ou élément du vivant quel qu’il soit ;
   mettre en place des politiques de vraie réforme agraire et garantir les droits des producteurs agricoles sur les ressources essentielles telles la terre, les semences, l’eau, et autres. Prenez des mesures immédiates pour mettre l’alimentation et l’agriculture en dehors du contrôle de l’OMC. Une structure alternative devrait être créée, et inclure :
   les Nations Unies, réformées et renforcées, engagées activement dans la protection des droits fondamentaux de tous les peuples, avec un forum approprié pour élaborer et négocier les règles relatives à la production durable et au commerce équitable ;
   un mécanisme de résolution des conflits/problèmes intégré dans une cours de justice internationale, avec pour mandat d’empêcher le dumping et l’aide alimentaire transgénique ;
   un Comité Mondial pour l’Agriculture Durable et la Souveraineté Alimentaire, créé pour évaluer de façon exhaustive les effets de la libéralisation commerciale sur la souveraineté et la sécurité alimentaire, et pour proposer des alternatives ;
   un traité international qui définirait et défendrait les droits des paysans et des petits producteurs sur les biens, les ressources et la protection légale qui sont nécessaires pour exercer le droit de produire ; ce traité doit être intégré dans le système des Droits de l’Homme des Nations Unies et être associé aux autres traités appropriés qui existent déjà à l’ONU,
   une convention internationale qui se substituerait à l’Accord sur l’Agriculture et aux clauses relatives à l’agriculture dans les autres accords de l’OMC. Cette convention doit défendre et appliquer le concept de souveraineté alimentaire et les droits fondamentaux des peuples.

Nous soutenons le combat des organisations mexicaines Les organisations mexicaines se sont mobilisées fréquemment cette année pour demander un moratoire sur le chapitre agricole de l’Accord de Libre-Echange des Amériques (ALEA), pour défendre la souveraineté alimentaire grâce à la protection contre le dumping et pour demander un engagement plus fort de l’Etat en faveur de la production agricole paysanne. Notre présence à Cancun est aussi un soutien au combat des paysans et des peuples indigènes au Mexique.

Nous luttons ensemble contre l’OMC et les politiques néo-libérales Nous appelons toutes les organisations du mouvement social à se mobiliser, où qu’elles soient, et à se joindre à nous dans les marches et manifestations internationales qui auront lieu à Cancun, au Mexique, et dans le monde entier du 9 au 14 septembre, pendant la conférence ministérielle. Nous appelons les gouvernements à refuser les propositions et les concepts de l’OMC et à défendre le principe de la souveraineté alimentaire à Cancun.
Globalisons la lutte ! Globalisons l’espoir !
********************************************************** Programme à Cancun, Quintana Roo, Mexique Organisateurs : Via Campesina et les organisations membres de la Via Campesina au Mexique UNORCA – CIOAC – CODUC – CNPA,….
Du 8 au 11 septembre : Campement paysan international à Cancun
Les 8 au 11 septembre : Forum paysan international « Souveraineté internationale et libre-échange »
10 Septembre : Marche paysanne internationale « Pour les droits des paysans et la souveraineté alimentaire »
13 Septembre : Marche internationale et jour d’action mondial contre l’OMC
Pour plus d’info : www.unorca.org.mx ou www.viacampesina.org
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Documents Déclaration « La souveraineté alimentaire des peuples » http://www.viacampesina.org/art_fr.php3 ?id_article=54
La brochure sur « La souveraineté alimentaire » http://www.viacampesina.org/art_fr.php3 ?id_article=218
Comment contacter la délégation de Via Campesina à Cancun (5-15 Septembre)
Pour la presse (coordinateur contacts "presse" délégation Via Campesina) : (0052-998) 896 4148 (portable)
Portes Parole Via Campesina en dehors de l’espace officiel de Conférence, qui participent dans las actions, mobilisations, evènements : (+52-998) 896 5543 (portable),
Portes Parole Via Campesina dans l’espace officiel de Conférence : (+52-998) 896 5150 (portable),
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