Campagne pour la libération des prisonniers politiques du Mouvement Sans Terre au Brésil

(Brasilia, 13 avril 2017). Le Brésil vit depuis quelques mois un coup d’Etat d’extrême droite. Le gouvernement illégitime de Michel Temer a intensifié la criminalisation et la répression des mouvements populaires et des luttes sociales, en même temps qu’il a multiplié les réformes néolibérales dans le pays. Ces derniers mois se sont produits plusieurs cas d’arrestations et de persécutions politiques de leaders et activistes populaires, dans le but de démobiliser les mouvements sociaux. Le Mouvement Sans Terre compte actuellement 16 prisonniers politiques dans tout le pays. Ce sont des personnes emprisonnées pour leur activisme et pour leur lutte pour la terre et pour un monde plus juste.

Une campagne a été lancée contre la criminalisation des luttes et pour la libération immédiate des prisonniers politiques du Mouvement des Sans Terre dont Fabiana et Claudelei, emprisonnés depuis novembre 2016 dans l’État de Paraná, et accusés du délit d’organisation criminelle.

Les emprisonnements font partie de l’Opération Castra, commandée par la Police Civile de Paraná. Une autre action de cette même opération fut l’invasion de l’École Nationale Florestan Fernandes – ENFF, sans ordre judiciaire, en novembre passé, dans l´État de Sao Paulo.

 

Fabiana est une jeune militante du MST de 22 ans, qui vit dans l’unité agricole productive (asentamiento) Dom Tomás Balduíno. Claudelei Lima a 39 ans, vit dans l’unité agricole productive (asentamiento) Celso Furtado, est agriculteur, radio-amateur, et plus récemment conseiller municipal de Quedas do Iguaçu.

L’accusation contre ces personnes révèle de la tentative de criminaliser la lutte et l’organisation populaire. C’est pourquoi nous vous invitons à contribuer à la défense de la lutte des défenseurs des droits humains.

La campagne propose plusieurs actions de solidarité :

1. Signer le manifeste d’appui à la libération des prisonnières et prisonniers politiques du Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre (ci-joint, ci-dessous)

Vous pouvez signer en ligne ici : http://meucrimeelutar.com.br/

2. Envoyer un message de soutien aux prisonniers et prisonnières : depuis la page web http://meucrimeelutar.com.br/ aux quatre membres du Mouvement des Sans Terre emprisonnés dans l’État de Paraná. Les messages seront envoyés au mail de la campagne, imprimés et remis aux destinataires. Vous pouvez aussi envoyer directement votre message à meucrimeelutar@gmail.com avec copie à srimst@mst.org.br

3. Diffuser la page Web, le Facebook et le Twitter de la campagne.

Fabiana, Claudelei et tous les prisonniers politiques du MST comptent sur votre solidarité.

Manifeste pour la libération des prisonnier(e)s politiques du Mouvement des Sans terre au Brésil.

Pour la liberté des prisonniers politiques du Mouvement des Travailleurs Sans Terre

A l’attention du Tribunal de Justice de l’État du Paraná au sujet des actions pénales n° 0003169-83.2016.8.16.0140 y n°0003376-82.2016.8.16.0140

Nous, sympathisant(e) du MST soussignés, demandons à votre Excellence à travers cette lettre l’annulation des détentions préventives contre des membres de ce mouvement social. Nous comprenons que le MST est l’expression licite de l’exercice de la citoyenneté. Être sans terre, c’est agir pour l’amélioration des conditions de vie de milliers de personnes, dans le cadre des articles de la Constitution, pour que se réalise la réforme agraire au Brésil. Malheureusement cette politique publique ne se concrétise qu’à travers la mobilisation de paysans et paysannes: telle est la raison de l’existence des campements de travailleuses et travailleurs ruraux à Quedas do Iguaçu et Rio Bonito do Iguaçu.

Etre sans terre n’est pas une atteinte à l’ordre public. Ce n’est pas un crime de manifester pour la réforme agraire. L’imputation pour délit d’organisation criminelle représente une violation frontale des droits humains et d’assemblée, prévus dans plusieurs accords internationaux dont le Brésil est signataire, parmi lesquels le Pacte International des Droits civils et de la Déclaration Interaméricaine des Droits Humains.

En outre il n’est pas légitime d’affirmer sans preuves que des membres du MST, pour les simple fait d’être Sans terre, empêchent la production de preuves dans ces procès ou font obstacle à l’application du code pénal.

Toutes les personnes, dont les membres du MST, ont le droit de répondre aux accusations en liberté. Les emprisonnements préventifs contre des adhérents du MST, par leur caractère générique, attentent à la présomption d’innocence. La situation actuelle montre que les Sans terre sont coupables jusqu’à ce qu’ils réussissent à prouver leur innocence, ce qui va en sens contraire de ce qu’établit la Constitution de la République Fédérale du Brésil et plusieurs traités internationaux dont le pays est signataire.

Il n’existe pas de justification légale au maintien des emprisonnements préventifs alors qu’existent d’autres possibilités de mesures de précaution, tous les défenseurs des droits humains qui ont été criminalisés possèdant famille, résidence fixe, et occupation licite.

C’est pourquoi nous exigeons que soient révoqués les emprisonnements préventifs existant contre les adhérents du MST, garantissant à ceux-ci le droit fondamental à l’organisation et à la manifestation, ainsi que le droit d’être considérés innocents et en liberté pour qu’ils puissent prouver qu’ils n’ont commis aucun délit.

Nous croyons dans la Justice et sa capacité de discernement !

Joignez-vous à ce manifeste et envoyez votre signature à meucrimeelutar@gmail.com, avec copie à srimst@mst.org.br

Ou signez directement en ligne à travers le site http://meucrimeelutar.com.br/

Traduction : Thierry Deronne