Bulletin d’octobre : Nouvelles et actualités des membres de LVC dans le monde entier !
Ce mois d’octobre, et plus particulièrement pendant la semaine du 16 octobre, La Via Campesina et d’autres membres du mouvement mondial pour la souveraineté alimentaire ont célébré la Journée internationale d’action pour la souveraineté alimentaire des peuples contre les multinationales. Sur une carte virtuelle disponible sur le site officiel de La Via Campesina, le mouvement mondial a retracé de nombreux événements – dont des actions de solidarité, des foires alimentaires, des marchés publiques, des ateliers, des webinaires, des émissions de radio, des déclarations de presse, des tribunes, des messages vidéo et bien plus encore !
Le 20 octobre, le Comité international de planification pour la souveraineté alimentaire – le CIP – a tenu une table ronde virtuelle. Plusieurs membres et allié·es du CIP ont souligné la nécessité de construire une coalition plus large impliquant les syndicats, les mouvements sociaux urbains et d’autres secteurs alliés pour renforcer la lutte mondiale pour la souveraineté alimentaire.
Dans l’’édition d’octobre du podcast Voz Campesina de Radio Mundo Real, des dirigeant·es paysan·nes d’Amérique latine ont évoqué la création de nouvelles alliances plus fortes pour consolider le mouvement.
Face à la crise alimentaire mondiale causée par un système qui menace notre existence, ils présentent les solutions suivantes pour refroidir la planète et nourrir les peuples: l’agroécologie paysanne basée sur la souveraineté alimentaire, les droits des paysan·nes et des autres personnes travaillant dans les zones rurales ainsi que les systèmes alimentaires locaux.
La déclaration politique de La Via Campesina, publiée dans le cadre des actions d’octobre, appelle également à la mise en œuvre d’une Réforme Agraire populaire et intégrale pour mettre fin à l’accaparement de l’eau, des semences et des terres par les multinationales et garantir aux petit·es producteur·trices des droits équitables sur les ressources productives.
Paradoxalement, malgré ces actions publiques visibles et unifiées pour la souveraineté alimentaire, les défenseurs de l’agriculture industrielle ne cessent de promouvoir leurs idées technocratiques et leurs fausses solutions à travers le monde. Le mois d’octobre a été marqué par ce lobbying flagrant, les gouvernements du monde entier ont mené des actions pour ouvrir leurs portes ou assouplir les réglementations existantes sur les aliments génétiquement modifiés – tout cela sous couvert de lutte contre la crise alimentaire et la faim !
En Indonésie, les membres de Serikat Petani Indonesia ont organisé une série de manifestations devant le ministère de l’Agriculture contre les projets du gouvernement pour importer du soja génétiquement modifié.
Au Kenya, des organisations paysannes, dont la Ligue des paysan·nes kényan·es, ont dénoncé la décision prise par le gouvernement kenyan de lever l’interdiction sur l’importation et la culture de maïs blanc génétiquement modifié.
En Inde, le 18 octobre, le Comité d’évaluation du génie génétique (GEAC) a approuvé la culture de graines de moutarde génétiquement modifiées développées par le pays. Plusieurs organisations paysannes et groupes de citoyen·nes du pays ont dénoncé cette décision et ont souligné que le processus d’examen de la moutarde génétiquement modifiée n’était pas assez rigoureux.
En Europe, les organisations paysannes et les groupes de citoyen·nes se mobilisent actuellement contre les multinationales des semences et des engrais chimiques qui encouragent l’entrée de nouveaux organismes génétiquement modifiés (OGM) sur le marché. Ces entreprises font pression sur la Commission européenne depuis des années pour exclure les “nouveaux OGM” de la réglementation européenne sur les OGM, en vantant les prétendus avantages en matière de durabilité, de réduction des pesticides et de climat. Mais puisqu’ils détiennent les brevets sur les semences créées à l’aide de ces techniques, leur véritable motivation reste l’augmentation de leurs profits.
Au Canada, la National Farmers Union s’inquiète d’une éventuelle collaboration entre CropLife et l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA). En effet, l’ACIA aurait fait circuler une importante proposition réglementaire via un document qui proviendrait de CropLife Canada. Le document présente les propositions de l’ACIA sur la manière d’interpréter la réglementation relative aux nombreuses semences génétiquement modifiées. Il met en avant un système qui bénéficierait aux multinationales semencières en les autorisant à utiliser de nouvelles variétés de semences génétiquement modifiées sans évaluation indépendante du gouvernement en matière de sécurité.
La Via Campesina s’oppose depuis longtemps à ces solutions technocratiques et insiste auprès des gouvernements. Seule une réforme agraire et des politiques publiques, conforme à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan·nes et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP), peut garantir la souveraineté alimentaire des peuples. En octobre, dans le cadre de la 51ème session du « Conseil des droits de l’homme de l’ONU » (CDH), une délégation de La Via Campesina (LVC), soutenue par ses alliés CETIM et FIAN International, s’est réunie à Genève pour poursuivre le travail de plaidoyer en faveur de la promotion de l’UNDROP. LVC a notamment exigé la création d’un mécanisme de suivi des droits des paysannes sous la forme d’une Procédure Spéciale du « Conseil des droits de l’homme » de l’ONU.
Pourtant, l’agriculture paysanne continue d’être reléguée au second plan par les décideur·euses politiques. En Corée du Sud, la ligue des paysan·nes coréen·nes et l’association des femmes paysannes coréennes ont organisé une manifestation de grande ampleur pour attirer l’attention sur l’effondrement des prix du riz. Les mouvements sociaux ont imputé la chute des prix aux politiques gouvernementales qui ont aboli l’achat de céréales et les prix cibles, révisé la loi sur la gestion des céréales sans isolement automatique du marché et ouvert les marchés du riz sans mesures de protection.
À Londres, le 15 octobre, des centaines de paysan·nes, de travailleur·euses du système alimentaire, d’activistes environnementaux, de militant·es pour l’accès à la terre et de personnes soucieuses de l’avenir de l’alimentation et de l’agriculture sont descendus dans les rues de Londres. Ils ont exigé plus de fonds pour un programme de gestion environnementale des terres et un nouveau programme pour les intrants, afin de créer de bons emplois et une croissance durable pour les communautés rurales et urbaines.
En France, près de 6000 personnes ont manifesté à Sainte-Soline pour protester contre une mégabassine de taille industrielle qui menaçait les sources d’eau naturelles, la sécurité et la santé des sols de la région. Les paysan·nes et les citoyen·nes affirment que les mégabassines fournissent de l’eau aux grandes exploitations agricoles exportatrices et ne contribuent pas à la souveraineté alimentaire.
Au Brésil, le MST et le MAB, tous deux membres de La Via Campesina, ont salué les récents résultats des élections. Les mouvements sont convaincus que la nouvelle administration sera attentive au processus de transition et se préparera aux luttes nécessaires lors la prochaine période pour faire face à la faim, renforcer l’agriculture familiale et la réforme agraire, l’éducation, la santé et le travail du peuple brésilien.
En octobre, le MAB Brésil a également signalé que l’Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables (Ibama) a délivré, le mardi 11, le permis préalable pour le dragage et le renversement du Pedral do Lourenço sur la rivière Tocantins. D’après les informations du MAB, l’effondrement du Pedral est considéré comme essentiel pour l’installation de la voie navigable Araguaia-Tocantins, qui profitera à l’agribusiness et au secteur minier.
En Italie, l’Association rurale italienne (ARI) s’est jointe à une action paysanne à Bologne. Dans un communiqué publié à la mi-octobre, l’ARI insiste sur le fait que l’agrobusiness cause des dommages indéniables aux territoires, à l’environnement et à la santé des personnes et exploite les ouvrier·es agricoles et les travailleurs et travailleuses migrant·es.
Le mois d’octobre a également été marqué par plusieurs autres événements mondiaux, continentaux, régionaux et nationaux.
En Asie, du 14 au 16 octobre, les membres de l’Articulation de la jeunesse paysanne du continent ont été accueillis par l’Assemblée des pauvres, en Thaïlande, dans la province de Surat Thani. Les participant·es, issu·es d’organisations paysannes des pays d’Asie du Sud, du Sud-Est et de l’Est, ont participé aux débats, discussions et échanges et ont visité des communautés paysannes locales qui pratiquent l’agriculture agroécologique.
Dans le même ordre d’idées, la Coordination Nationale des Organisations Paysannes (CNOP) au Mali a également organisé un atelier agroécologique pour les femmes productrices de coton afin de soutenir la transition agroécologique dans la zone cotonnière du Mali (Agreco). Le Forum des petits exploitants agricoles d’Afrique orientale et australe (ESAFF) en Ouganda a également engagé des paysannes du sous-comté de Kakindu, dans le district de Mityana, pour discuter de l’amélioration de la participation aux programmes de développement publics. Le Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux – (CNCR) et le ROPPA au Sénégal ont sorti une vidéo en octobre dernier qui révèle comment près de 130 jeunes paysan·nes se sont unis pour restaurer le lac Tampa au début de cette année. La CNCR a également organisé une réunion à la fin du mois d’octobre pour renforcer les politiques publiques autour des exploitations familiales paysannes. En Europe, Ehne Bizkaia au Pays Basque a annoncé la première formation d’agroécologie féministe pour les femmes qui débutera le 15 novembre.
À Tunis, lors d’une conférence internationale organisée par La Via Campesina en octobre, le mouvement a rendu officielle la création de la région arabe et de l’Afrique du Nord pour organiser les paysan·nes, les travailleur·euses agricoles, les paysan·nes marginalisé·es, les pêcheur·euses, les femmes et les jeunes, afin de défendre leurs droits, une vie décente et la justice sociale. La Déclaration de Tunis s’inscrit dans la continuité des efforts pour la souveraineté alimentaire, la justice climatique et l’agroécologie, ainsi que les luttes contre les entreprises multinationales, transfrontalières et continentales.
Du 25 au 28 octobre 2022, Tegucigalpa, au Honduras, a accueilli la réunion mondiale de La Via Campesina sur les droits des migrant·es et des travailleur·euses ruraux·ales. Cinquante délégué·es paysan·nes de différentes régions du monde ont participé à cet événement hybride (présentiel et en ligne).
À Rome, une délégation de dirigeant·es de La Via Campesina a assisté à la réunion visant à élaborer des directives volontaires sur l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles (GEWE) au Comité des Nations Unies (ONU) sur la sécurité alimentaire mondiale (CSA). À la fin de cette réunion, avec le Mécanisme de la société civile et des peuples autochtones, La Via Campesina a cosigné une déclaration qui insistait pour que le CSA aborde la discrimination de genre de manière transversale puisqu’elle prive plus de la moitié de la population mondiale de son droit à l’alimentation.
À Genève, du 24 au 28 octobre, La Via Campesina a rejoint de nombreuses organisations de la société civile lors de la 8e session des négociations des Nations Unies pour un traité contraignant sur les sociétés transnationales et les droits humains. LVC et d’autres ont insisté sur le fait que le troisième projet révisé du texte du Traité est le seul document de travail légitime sur lequel négocier. Le troisième projet est un document construit sur sept années de négociations, basé sur les contributions des États et des mouvements sociaux.
(Avons-nous manqué une information importante ? Si c’est le cas, envoyez-nous un mail à communications@viacampesina.org et nous l’inclurons dans la prochaine édition. Seules les informations concernant les membres de La Via Campesina feront partie de ce bulletin d’information. Pour en savoir plus concernant les différentes initiatives lancées en octobre 2022, consultez notre site web)
Vous avez raté le bulletin de septembre ? Trouvez-le ici
Pour terminer, voici les liens vers les différentes publications parues en octobre 2022
1. Module de formation n°4 : Histoire de la domestication et de la diversification des semences.
2. Note d’information | Package de l’OMC de Genève 2022 : Historique ou simple rhétorique ?
Une version abrégée de notre bulletin d’information mensuel est également disponible en podcast sur Anchor FM et Spotify.
Cette publication est également disponible en English : liste des langues séparées par une virgule, Español : dernière langue.