Bulletin d’août : Nouvelles et actualités des membres de LVC dans le monde entier !
Le Pakistan est en proie à des inondations sans précédent qui ont déjà fait plus de 1 100 victimes et affecté plus de 33 millions de personnes. Les pluies torrentielles ont également emporté des routes, des cultures, des maisons, des ponts et d’autres infrastructures. Lundi 29 août, la ministre fédérale du changement climatique du pays, Sherry Rehman, a qualifié la situation de « catastrophe humanitaire d’origine climatique aux proportions épiques ».
Le Comité Kissan Rabita du Pakistan, membre de LVC au Pakistan, a travaillé avec d’autres groupes de citoyens pour mobiliser du matériel et des volontaires pour les camps de secours dans les régions de Sindh, Balochistan et Saraiki Waseeb. Des membres de la société civile de Lahore se sont réuni-e-s pour collecter du matériel et constituer une équipe de médecins bénévoles qui pourraient travailler dans les camps de secours.
Les inondations monstrueuses au Pakistan ne sont pas des événements isolés. Les vagues de chaleur, les sécheresses et les incendies de forêt font de plus en plus souvent la une des journaux dans le monde entier. En mai, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a prédit que le monde est sur le point de franchir une barrière thermique cruciale d’ici 2025.
Pourtant, malgré ces phénomènes climatiques extrêmes qui touchent de manière disproportionnée les paysan-ne-s, les pêcheurs et les populations autochtones, les gouvernements et les entreprises agroalimentaires ne cessent de réprimer celles et ceux qui résistent et remettent en question le statu quo.
Le Bulletin de juillet s’est terminé par une alerte sur la répression croissante de la Thaïlande contre les manifestant-e-s et les étudiant-e-s. En août, les cas de répression à l’encontre des mouvements sociaux et des militant-e-s des droits de l’homme n’ont fait qu’augmenter, avec l’annonce de l’arrestation de Chintaka Rajapaksa de MONLAR et d’autres militant-e-s au Sri Lanka pour avoir participé à une manifestation populaire, puis la détention, l’emprisonnement et la criminalisation de cinq paysans en Indonésie pour avoir protesté contre l’accaparement des terres par une entreprise de plantation. Chintaka a été libéré sous caution le 26 août. La Via Campesina condamne également la récente arrestation de Walden Bello aux Philippines pour des déclarations qu’il a faites pendant la campagne électorale.
Il est inacceptable que les gouvernements du monde entier aient recours à des actions policières brutales et à des détentions illégales pour nous faire taire et nous intimider. Dans un autre incident choquant ce mois-ci, les bureaux de six organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme, y compris l’organisation membre de LVC, UAWC, ont été illégalement perquisitionnés et enfermés par les forces militaires de l’occupation israélienne. De multiples institutions internationales, telles que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, ont dénoncé les tactiques d’intimidation et de criminalisation suivies par l’armée israélienne. Pourtant, ces actes illégaux et criminels se poursuivent en toute impunité.
Dans un autre cas au Pérou, le siège de la Confédération nationale agraire, membre de LVC, a été attaqué le 9 août. Un tir de grenaille a détruit la façade en verre du bâtiment. L’attaque s’est produite après que plusieurs dirigeant-e-s nationaux paysan-ne-s et indigènes ont annoncé une conférence de presse concernant la crise politique du pays. Ce bâtiment est habituellement le point de rencontre de plusieurs organisations nationales pour construire un processus en faveur de la Souveraineté Alimentaire et de la récente loi sur la Réforme agraire. Cette tendance à la persécution et au harcèlement par des groupes privés intéressés par l’accaparement des terres s’inscrit dans le cadre de ce qui se passe à Santiago del Estero, en Argentine, où plusieurs familles de paysan-ne-s ont été violemment expulsées de leurs maisons avec le soutien d’ordonnances judiciaires.
Ces actions violent de manière flagrante les nombreuses dispositions citées dans la Déclaration des Nations unies sur les Droits des Paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales et dans de nombreux autres instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme.
Malgré ces difficultés, les paysan-ne-s membres du mouvement continuent à faire avancer leurs luttes pour les droits des paysan-ne-s.
En Thaïlande, l’Assemblée des Pauvres a organisé des webinaires et des réunions publiques sur la réforme foncière et l’utilisation des terres dans les régions du sud et du centre du pays. La Fédération des Paysans du Nord (NPF) a organisé une manifestation publique contre la Politique de récupération des Forêts qui, en substance, accuse les personnes qui vivent dans les « zones forestières » d’être à l’origine du changement climatique et des catastrophes naturelles. Dans le même sens, le Mouvement d’Action Paysanne et d’autres associations ont appelé à une manifestation à la gare centrale de Bruxelles le 4 septembre, Journée mondiale des Amazones. Ils insistent sur le fait que les gouvernements doivent assumer leurs responsabilités face à la crise climatique, qui ravage les populations avec des vagues de chaleur, des feux de forêt, des pluies torrentielles et des sécheresses dans le monde entier.
Les mouvements paysans et indigènes du Chili vivent un moment crucial pour l’avancée de leurs luttes. Le 4 septembre, le gouvernement soumettra à référendum la proposition d’une Nouvelle Constitution. Les organisations paysannes et indigènes qui font partie du processus ont inclus, parmi leurs principales recommandations, le droit des paysan-ne-s et des peuples indigènes à l’utilisation et à l’échange sans restriction des semences traditionnelles. Si ce droit est approuvé, il s’agira d’une avancée significative contre les politiques néolibérales que le pays promeut depuis des années.
Les mouvements paysans indiens ont attiré l’attention du monde entier en 2021 après une année de protestation contre les tentatives d’introduction de réformes favorables au marché dans le secteur agricole. Ils ont également exigé un prix de soutien minimum (MSP) légalement garanti pour leurs produits. Cette protestation historique avait forcé le gouvernement indien à retirer les lois controversées, et l’État avait garanti la création d’un comité consultatif chargé de revoir les prix de soutien. Pourtant, plusieurs mois plus tard, la coalition de syndicats agricoles à l’origine de la protestation restait désillusionnée par l’absence d’actions significatives et concrètes visant à instaurer le MSP. En août, ils ont organisé un rassemblement de 75 heures à Lakhimpur Kheri en Inde, lieu du meurtre horrible de paysans manifestants l’année dernière, exigeant la démission d’un ministre de premier plan dont le fils serait impliqué dans ce crime. Des manifestations similaires ont également eu lieu dans d’autres endroits. Les paysan-ne-s ont prévenu qu’ils prévoyaient une agitation générale si leur demande d’un prix de soutien garanti par la loi n’était pas satisfaite. L’Union Bhartiya Kisan et Karnataka Rajya Sangha, toutes deux membres de LVC, font partie de la coalition de syndicats agricoles à la tête de cette agitation.
Les travailleurs et travailleuses des jardins de thé du Bangladesh manifestent dans les rues. Près de 150 000 travailleurs et travailleuses des jardins de thé, parmi les moins bien payé-e-s du pays, exigent une augmentation de 150 % de leur salaire journalier. Pendant ce temps, alors même que les travailleurs/euses luttent pour des salaires de base, des négociants en grains aux supermarchés, les sociétés transnationales se gavent de profits tout au long de la chaîne alimentaire !
Dans des nouvelles similaires en provenance de Floride, United Farm Workers ( Les Travailleurs agricoles unis) et les travailleurs/euses agricoles de Californie ont accomplie une marche de 335 miles jusqu’au Capitole de l’État pour dire au gouverneur Newsom de signer le projet de loi donnant aux travailleurs/euses agricoles de plus grands droits de vote pour la syndicalisation sur le lieu de travail.
L’Union Paysanne au Canada nous alerte sur une action collective contre Syngenta, un fabricant d’herbicides, au Québec : elle est déposée au nom de toustes les Québécois-e-s diagnostiqué-e-s de la maladie de Parkinson après avoir été exposé-e-s de façon répétée à cet herbicide commercialisé principalement sous la marque Gramoxone. L’Union paysanne a également annoncé sa participation au Festival des récoltes urbaines de Québec, le 10 septembre, où ses membres partageront leurs connaissances de l’agriculture biologique et paysanne.
L’Agroécologie paysanne est au cœur du mouvement
La Via Campesina a souligné à plusieurs reprises qu’une révision radicale du système alimentaire mondial est urgente et nécessaire pour répondre aux crises actuelles de la faim, des migrations, de la pauvreté et du réchauffement climatique. Le mouvement a insisté sur le fait que la souveraineté alimentaire obtenue par des méthodes agroécologiques paysannes est un pilier essentiel de cette lutte pour un changement systémique.
Les écoles d’agroécologie dirigées par des paysan-ne-s montrent à quel point ces solutions sont pragmatiques. Dans le cadre d’une série sur l’agroécologie pour Mongabay, l’autrice et défenseuse de l’alimentation durable Anna Lappé a eu la chance de rencontrer le leader paysan Chukki Nanjundaswamy en août (via Zoom), où ils ont discuté de cette philosophie plus en détail.
Dans le même ordre d’idées, dans le dernier épisode d’une série de podcasts en trois parties – Agroécologie et construction d’un système alimentaire qui fonctionne!– Jessie MacInnis, paysanne, universitaire, militante et membre du conseil d’administration du NFU, explique comment l’agroécologie est utile pour son exploitation et peut profiter aux agricultrices et agriculteurs de toutes tailles.
Des processus éducatifs similaires se déroulent en France, où nos membres, le MODEF et la Confédération Paysanne, organisent respectivement une conférence de sensibilisation à la souveraineté alimentaire le 3 septembre et une rencontre des travailleuses de la terre les 17-18 septembre.
Pour relier ces solutions à nos luttes paysannes aux États-Unis, nos membres, la Coalition nationale des fermes familiales et la Coalition rurale, participent à un événement conjoint sur l’accaparement des terres ce 7 septembre, abordant les questions de droits fonciers, d’éco-justice, de climat et de spéculation financière.
En Ouganda, le Forum des petits exploitants agricoles d’Afrique orientale et australe (ESAFF Ouganda) a lancé une initiative visant à former des journalistes et des communicateurs à l’agroécologie. Les petit-e-s agriculteurs/ices ougandais sont déterminé-e-s à faire évoluer l’agroécologie par des actions pratiques et politiques. L’organisation pense que si les journalistes et les communicateurs comprennent l’agroécologie, ils feront davantage de reportages et contribueront à l’expansion de cette pratique.
L’école latino-américaine d’agroécologie (ELAA) du Brésil propose un cours pour les étudiant-e-s et les jeunes adultes qui ont déjà terminé l’école secondaire et qui recherchent une formation politique et technique en agroécologie. L’école est un produit de la lutte des organisations paysannes de LVC Brésil et vient de fêter son 17ème anniversaire.
Depuis la région des Caraïbes, une déclaration politique du XVIIe camp de jeunes CLOC – Via Campesina, qui s’est tenu du 25 au 28 août en République dominicaine, nous raconte le processus de formation politique et agroécologique dans lequel des jeunes de plusieurs pays de la région sont protagonistes.. La République dominicaine a également accueilli l’École de formation de l’Articulation des Femmes de la région des Caraïbes.
L’Association coréenne des Femmes Paysannes a organisé un atelier politique pour ses membres paysannes afin d’étudier et d’analyser le statut juridique des agricultrices dans le pays. Les membres de la KWPA et de la Ligue des Paysans coréens ont également participé à un échange d’apprentissage agroécologique organisé par Serikat Petani Indonesia. Ils y ont utilisé la méthode d’apprentissage de paysan-ne à paysan-ne pour partager des pratiques agroécologiques. Le Sister’s Garden a continué à promouvoir ses produits agroécologiques sur sa page Facebook. La Korean Peasant League a également publié la dernière édition de son bulletin d’information paysan qui résume les nombreuses actions menées dans le pays.
Le ciné-club de l’Alliance des Travailleurs de la Terre donnera le coup d’envoi de sa deuxième saison en projetant, le dimanche 18 septembre, le long métrage documentaire primé et acclamé par la critique « L’île et les baleines », suivi d’une séance de questions-réponses en direct. Vous pouvez le regarder en direct ou en différé jusqu’au 25 septembre. Ils participeront également au Sommet de l’alimentation des peuples, avec des ateliers, des discussions, de la nourriture et de la musique sur la manière de construire la souveraineté alimentaire en Angleterre, en Écosse, au Pays de Galles et en Irlande du Nord.
Dans la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, nos membres ont commencé à préparer la 8ème Conférence Internationale (prévue au Nicaragua). Les membres de La Via Campesina du Ghana, de la Guinée Bissau, de la Gambie, du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Sénégal, du Congo et du Togo se sont réuni-e-s pour discuter de diverses questions touchant les paysans de la région.
Au Mali, la CNOP a organisé un atelier d’échange entre producteurs/ices et consommateurs/ices sur la commercialisation des produits issus de l’agroécologie paysanne. L’échange permet d’établir un dialogue et des modalités sur les prix et l’approvisionnement. Plus de 40 participant-e-s, paysan-ne-s et consommateurs/ices, ont assisté à la rencontre.
Dans le Vermont rural, aux États-Unis, la rencontre agroécologique “Chacun enseigne à l’autre » a vu la participation d’une importante délégation d’agriculteurs/ices de la région et de différents pays. L’organisation hôte était Vermont Rural, qui fait partie de la Coalition nationale des fermes familiales. L’événement a permis un partage exceptionnel des différentes expériences de formation à l’agroécologie que le mouvement possède à travers l’IALA et plus encore.
(Avons-nous oublié une mise à jour importante ? Si oui, vous pouvez envoyer les liens à communications@viacampesina.org, que nous inclurons dans la prochaine édition. Seules les mises à jour provenant des membres de La Via Campesina feront partie de ce bulletin d’informations. Pour une mise à jour complète des différentes initiatives en août, visitez notre site web).
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