| |

Afrique : Appui au renforcement du développement des compétences des jeunes qui protègent et restaurent les écosystèmes

Déclaration de l’articulation des jeunes de La Via Campesina en Afrique du Sud et de l’Est

Nous, les jeunes paysan·nes, membres de La Via Campesina en Afrique du Sud et de l’Est, nous sommes réunis à Harare, au Zimbabwe, du 12 au 19 juillet 2022 à l’occasion de la réunion d’articulation des jeunes de La Via Campesina d’Afrique du Sud et de l’Est (LVC SEAf).

Ces journées ont également inclus un temps de formation autogéré sur l’économie politique et l’agroécologie en Afrique. La session consacrée à ce thème a eu pour but de renforcer la capacité des jeunes hommes et femmes à comprendre le contexte historique des systèmes agricoles et alimentaires existants à l’échelle mondiale et continentale, ainsi que la mise en œuvre de l’agroécologie. La formation s’est également concentrée sur la crise climatique, en examinant le contexte, l’état actuel et la façon dont les jeunes peuvent jouer un rôle dans la promotion de solutions durables tout en mettant la justice climatique au cœur la problématique.

Nous sommes persuadés que l’agroécologie a la capacité de restaurer les écosystèmes agricoles dégradés, y compris la perte de biodiversité, et de nourrir durablement les populations en pleine expansion de nombreux pays africains. Les systèmes de production agroécologiques sont diversifiés et améliorent la santé et les services des écosystèmes, ce qui rend les écosystèmes plus résistants aux conditions climatiques changeantes, réduit de manière significative les émissions de gaz à effet de serre et s’attaque aux barrières socio-économiques qui perpétuent les injustices et les inégalités dans nos systèmes alimentaires. En outre, l’approche de l’agroécologie paysanne est transversale, contribuant de manière importante à diverses couches et dimensions des contextes sociaux locaux.

Nous reconnaissons le rôle important joué par de nombreuses parties prenantes dans divers pays d’Afrique du Sud et de l’Est et au-delà dans l’expansion des initiatives agroécologiques destinées aux petit·es exploitant·es agricoles, dont la majorité sont des femmes, des jeunes et des hommes aux ressources limitées qui résident dans les régions rurales et fournissent plus de 70% de la nourriture que nous consommons. Nous sommes également conscients que le développement de l’agroécologie nécessitera que tous les groupes concernés travaillent ensemble de manière cohérente et vers un objectif commun.

Nous sommes aussi persuadés que l’agroécologie est le meilleur moyen de s’adapter au changement climatique et d’en atténuer les effets. Elle utilise des techniques agricoles telles que la diversification des cultures, le labour de conservation, les engrais verts, les engrais naturels, la lutte biologique contre les parasites, la récupération des eaux de pluie et la production de cultures et de bétail dans des conditions qui permettent de stocker le carbone et protéger durablement les biens communs.

Nous demandons aux gouvernements de :

  • Prendre des mesures concrètes pour mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan·nes et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP) qui établit des mécanismes pour que les voix des communautés rurales soient entendues et souligne que les petit·es agriculteur·trices, en particulier les jeunes, ont le droit de protéger et de conserver les ressources de production et la capacité de production de leurs terres.
  • Soutenir la création des conditions permettant de renforcer le développement des compétences des jeunes afin de créer des opportunités éthiques et profitables dans des domaines et les activités qui protègent et restaurent les écosystèmes.
  • Soutenir les exploitations familiales paysannes de toutes les manières possibles, car elles sont des acteurs clés de l’agroécologie et une voie essentielle pour parvenir à la justice climatique.

Nous appelons tous les jeunes à :

  • Participer aux espaces de débat et de négociation politique afin d’influencer les plans d’atténuation du changement climatique et de promouvoir la pratique plus large de l’agroécologie.
  • Adopter l’agroécologie et les systèmes alimentaires durables, en démontrant à leur tour que les avantages dépassent les efforts de sa mise en œuvre.
  • Participer dans des programmes de recherche et de formation dirigés par les agriculteur·trices et basés sur l’agroécologie.

Nous appelons tous les acteurs à :

  • Faire des efforts résolus pour soutenir les jeunes dans la conception et la mise en œuvre de stratégies visant à augmenter de manière significative leur l’implication dans les chaînes de valeur agroécologiques. Les stratégies comprennent l’utilisation de solutions appropriées et justes basées sur les technologies de l’information et de la communication (TIC), des collaborations et des interventions dans les écoles et les collèges, ainsi que l’utilisation du divertissement et la promotion de chaînes de valeur innovantes et profitables pour susciter l’intérêt et la capacité à intégrer davantage de jeunes dans ces processus.
  • Populariser et informer les jeunes au niveau local, national et régional sur l’agroécologie paysanne.