Appel à l’action | 8 mars 2023 – Journée internationale des luttes pour les droits des femmes
#8M23 : “Avec la rébellion nous faisons germer les Féminisme paysan et populaire, nous produisons de la Souveraineté alimentaire et nous nous organisons contre la crise et les violences ! “
La Via Campesina appelle à des actions de solidarité globale le 8 mars 2023, Journée internationale des luttes pour les droits des femmes. En tant que paysannes, sans terre, autochtones, pêcheuses, éleveuses, salariées agricoles, migrantes et diversités organisées à La Via Campesina, nous saluons les luttes concrètes, l’organisation, la construction des féminismes populaires et la rébellion des femmes qui résistent sur leurs territoires et à travers le monde, pour la défense de la vie, la souveraineté alimentaire et la justice sociale.
Nous dénonçons la dimension patriarcale et raciste du capitalisme qui opprime les sociétés, notamment les femmes, les enfants et la diversité. Dans le contexte actuel de crise, de guerres et d’inégalité, il est urgent d’affirmer nos valeurs telles que la solidarité et l’internationalisme, d’exiger des formes plus démocratiques et participatives pour les peuples et de continuer à lutter contre toute forme de violence. L’organisation collective est fondamentale pour résister, pour continuer à produire des aliments sains et pour consolider la souveraineté alimentaire dans nos espaces de vie et nos territoires.
En vue de notre VIIIème Conférence internationale de La Via Campesina et notre VIème Assemblée de Femmes qui se tiendra du 23 au 28 novembre au Nicaragua, nous avançons dans la construction de notre Féminisme paysan et populaire, et de notre campagne pour stopper les violences faites aux femmes, comme outils pédagogiques internes et externes, de dialogue avec les sociétés, en nous assumant comme sujets politiques des transformations et en reconnaissant notre rôle fondamental dans la production d’aliments.
Notre Féminisme paysan et populaire est anti-systémique et nous nous battons contre le système hétéropatriarcal, raciste et colonialiste qui installe diverses formes d’oppression sur la vie, les corps et les territoires. Tout au long de ces 30 années de notre mouvement, nous avons compris qu’il ne sera possible de démanteler ce modèle capitaliste que si nous parvenons simultanément à surmonter cet ensemble de relations oppressives.
Actuellement la logique d’accumulation capitaliste dans les campagnes est soutenue grâce à l’ensemble d’oppressions de l’agrobusiness et de l’extractivisme, à travers la dépossession, les expulsions et les accaparements des terres. Elle exacerbe la discrimination et la violence dans les campagnes. Pendant cette journée d’action commune nous avons le défi de positionner plus fortement la remise en cause globale du modèle actuel et la vision urgente d’une nouvelle société : avec de nouvelles relations, avec d’autres formes de division du travail, garantissant la vie et créant de nouvelles valeurs basées sur l’autonomie et la réciprocité. En tant que femmes de La Via Campesina nous luttons pour la terre, car avec la Réforme agraire, nous, les paysannes avons garanti par la loi le droit à la terre. Et sur cette terre, nous produisons des aliments pour soutenir nos familles et nos sociétés, garantissant nos revenus et en diminuant les taux de violence basée sur le genre.
En cette journée nous demandons également aux États de s’engager sérieusement et durablement en faveur de la Déclaration des Nations unies sur les Droits des paysan·nes, en particulier de l’article 4 qui fait référence à la non-discrimination á l’égard des femmes « 1. Les États prendront toutes les mesures voulues pour éliminer toutes les formes de discrimination envers les paysannes et les autres travailleuses des zones rurales et pour promouvoir leur autonomie de manière qu’elles puissent, dans des conditions d’égalité avec les hommes, jouir pleinement et équitablement de l’ensemble des droits de l’homme et des libertés fondamentales et oeuvrer et participer au développement économique, social, politique et culturel et en bénéficier en toute liberté ».
Il est urgent d’agir face aux taux élevés de féminicides dans le monde, ainsi qu’à l’inefficacité de la justice, qui conduisent à l’impunité et à la marginalisation. Nous avons besoin de politiques publiques visant à éradiquer toutes les formes de violence subies par les femmes et évoluer vers un modèle de société plus juste pour tou·tes. Les États doivent également investir dans des programmes de prévention, d’éducation et de communication qui construisent des sociétés et des relations de genre plus saines.
C’est pourquoi aujourd’hui nous n’oublions pas toutes nos camarades du Pérou qui sont en train de lutter dans les rues depuis deux mois, affrontant toute la répression de l’État et la criminalisation de la protestation pour défendre des droits fondamentaux et la démocratie. Nous n’oublions pas non plus Angelina, Olivia et Rosa du Guatemala, les trois leaders maya q’eqchi’ condamnées par l’État, dans un processus politique, pour avoir défendu leur territoire contre le pillage et la dépossession par les hommes d’affaire et les gouvernants à leur service. Ce procès a démontré, une fois de plus, le racisme structurel du système judiciaire guatémaltèque qui criminalise celleux qui défendent la terre et le territoire. Nous levons également notre poing pour la dignité des Palestinien·nes et le droit à leur territoire occupé depuis plus de cinquante ans par Israël. Ainsi que la courageuse résistance haïtienne qui lutte contre l’impérialisme. Après les séismes dévastateurs qui ont frappé la Turquie, des féministes et des organisations de femmes ont créé un groupe de solidarité féministe pour les secours en cas de catastrophe, dont font partie des dizaines de femmes. Le groupe a été créé non seulement pour la solidarité avec les femmes et les LGBTI+ dans les zones touchées, mais aussi pour dénoncer la négligence des gouvernements et les systèmes de construction mortels de la Turquie qui ont conduit aux violations des droits dans la gestion des catastrophes et à la mort de milliers de personnes en Turquie.
Ces trois dernières années post-pandémie, les conditions et les caractéristiques dans lesquelles les féminicides se perpétuent ont varié : ce sont des formes misogynes plus dangereuses et exacerbées contre la vie des femmes et qui laissent de milliers d’enfances orphelines et abandonnées par l’État.
C’est pourquoi ce #8M23 il est nécessaire de rendre les femmes visibles en tant que sujets politiques de transformations, de dénoncer la violence et de nommer ces autres féminicides qui se produisent au-delà des contextes familiaux, et qui ont à voir avec les scénarios d’économies criminelles, les disputes territoriales entre gangs de trafiquants de drogue et la haute prévalence de la criminalité.
Avec la rébellion nous faisons germer les Féminisme paysan et populaire, nous produisons de la Souveraineté alimentaire et nous nous organisons contre la crise et les violences !
Pour en savoir plus sur le Féminisme paysan et populaire, consultez notre publication graphique ici.
Rejoignez l’action ! #8M23
- Nous nous préparons activement à cette journée en créant des banderoles, en organisant des dénonciations publiques et en menant des actions directes.
- Rejoignez-nous et suivez-nous sur les réseaux sociaux en utilisant les hashtags : #8M23 #FemmesEnLutte #SouverainetéAlimentaireMaintenant #8ConfLVC
- Participez à des actions symboliques telles que des marches, des forums, des foires et des prises de parole publiques pour exiger la reconnaissance de nos droits dans les politiques gouvernementales et la justice, et pour mettre fin à la violence contre les femmes et la communautés LGTBQ+.
Envoyez vos communiqués, déclarations, photos, vidéos à communications@viacampesina.org
Nous vous invitons également à créer vos propres affiches en téléchargeant nos modèles et en les traduisant dans votre propre langue. Toutes les ressources nécessaires à la communication sont disponibles en téléchargement ici.