#8M2022 – Honduras : ” Nous sommes présentes parce que nous n’oublions pas et que nous n’acceptons plus de féminicides “.
Les organisations membres de la Plateforme 25 novembre, en ce 8 mars 2022, journée internationale de la femme, célèbrent le fait que nous avons la première femme présidente du pays, qui, nous l’espérons, marquera un avant et un après dans la lutte contre la violence faite aux femmes.
Le féminicide, en tant que forme extrême et mortelle de violence fondée sur le genre, continue de toucher des milliers de femmes et de filles au Honduras, malgré la visibilité accrue, la réponse de l’État et la pression massive exercée par les mouvements de femmes qui ont exprimé leur rejet de la violence basée sur le genre dans la région et dans le pays.
En ce jour, nous alertons aux différents pouvoirs de l’état que :
- Au moins 5764 femmes ont été victimes de fémicides entre 2009 et 2021, passant d’une moyenne annuelle de 222 avant le coup d’État à 443 après. Rien qu’au cours des mois de janvier et février 2022, plus de 50 crimes de violence fémicide ont déjà été recensés dans le pays. 39,28% des délits sont toujours concentrés à Cortés et Francisco Morazán, suivis par Olancho avec 11,3%, Atlántida (6,8%) et Yoro (6,25%).
- Il convient de noter que les jeunes femmes et les filles âgées de 0 à 30 ans sont les plus touchées (54,16%), les plus concernées étant les employées de maison non rémunérées, suivies des employées de maison rémunérées, des commerçantes, entre autres, bien que la majorité reste indéfinie selon le suivi des médias.
- Nous dénonçons le fait qu’il est difficile d’obtenir des preuves de la violence au Honduras, étant donné qu’il n’existe pas de couverture de Médecine Légale dans tout le pays et que le Ministère Public a réalisé 66% des examens cadavériques, puis 34% en 2020. La majorité des enquêtes dans le pays dépendent des témoignages, ce qui rend difficile l’élucidation des cas lorsqu’il n’existe pas de mécanisme efficace de protection des témoins dans le pays. Le Honduras est passé de 6,1 fémicides pour 100 000 femmes en 2019 à 4,7 pour 100 000 femmes en 2020, selon les chiffres de la CEPALC.
- Nous ne pouvons pas oublier, ni accepter l’impunité avec laquelle les crimes contre les femmes et les filles ont été perpétués dans le pays et aujourd’hui nous nous souvenons de MARGARITA MURILLO, combattante pour la défense de la terre, assassinée le 27 août 2014, de BERTA CACERES, leader autochtone et défenseuse des communs, assassinée le 2 mars 2016, de SOAD NICOLLE HAM BUSTILLO, étudiante défenseure des droits de 13 ans, assassinée le 24 mars 2015 et de KEYLA PATRICIA MARTÍNEZ RODRÍGUEZ, étudiante infirmière assassinée par des policiers présumés à La Esperanza, Intibucá, le 7 février 2021, entre autres.
Depuis notre plateforme P25N, nous ne cesseront jamais de rendre visible la violence qui affecte les femmes et les filles de notre Honduras et qui se répercute sur l’ensemble de la société, laissant de nombreux enfants orphelins et constituant un obstacle à la réalisation de l’égalité, du développement et de la paix.
NOUS EXIGEONS
- Que les organes d’enquête du pays, tant le ministère public que la direction de la police d’investigation, fassent la lumière sur tous les crimes commis contre les femmes et les jeunes filles, et que les unités d’enquête sur les morts violentes de femmes et les féminicides soient renforcées et étendues à tout le pays.
- L’installation de centres de médecine légale dans les capitales départementales du Honduras et l’achat de morgues mobiles, nécessaires pour ne pas perdre de preuves scientifiques, ainsi que la création de laboratoires criminels dans les capitales départementales du pays.
- Au pouvoir judiciaire de réduire les délais judiciaires dans les affaires de fémicides et de morts violentes de femmes.
- Au Congrès national d’approuver la loi intégrale contre la violence à l’égard des femmes et la création d’une commission spéciale de suivi des fémicides au sein du Congrès national.
Tegucigalpa, M.D.C., 8 mars 2022.
PAS UN SEUL FÉMICIDE SANS PUNITION
POUR KEYLA, BERTA, MARGARITA, SOAD ET LES AUTRES FEMMES ASSASSINÉES, NOUS CONTINUERONS À NOUS BATTRE.
NOUS NOUS LEVONS, NOUS PROPOSONS, NOUS NOUS ORGANISONS ET NOUS CONTINUONS À LUTTER CONTRE LES FÉMINICIDES.
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