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6ème Assemblée des femmes de la Via Campesina : « Nous apportons une force vitale à ce mouvement »

La 6ème Assemblée des femmes a été l’un des premiers espaces de la 8ème Conférence internationale de la Via Campesina (LVC). C’était un moment de retrouvailles : la première assemblée et la première conférence après la pandémie. L’Assemblée a eu lieu le 02 décembre, un jour après l’Assemblée des jeunes, qui a ouvert la conférence, et le même jour de deux espaces qui se sont déroulés pour la première fois : l’espace des hommes contre le patriarcat et l’Assemblée des diversités sexuelles, qui sont aussi les fruits de la construction du féminisme au sein de la Via Campesina.

Dans la mystique qui a ouvert l’assemblée, les femmes sont entrées dans la salle avec les drapeaux de leurs mouvements, démontrant la force de la relation entre les luttes locales et mondiales, ainsi que les alliances entre les organisations. Au cours de l’après-midi, une autre mystique a rendu hommage à Nalu Faria, compagne de la Marche Mondiale des Femmes décédée en octobre 2023, pour ses précieuses contributions au féminisme et à l’auto-organisation des femmes de la Via Campesina.

30 ans de la Via Campesina

Les femmes ont été impliquées dans la formation et la construction de la Via Campesina dans les territoires et les espaces internationaux, mais une lutte collective était nécessaire pour gagner de l’espace et de la visibilité, ainsi que pour guider le féminisme en tant que lutte inséparable de la lutte paysanne et des peuples du monde. Cette histoire a été discutée à la première table de l’Assemblée, intitulée « 30 ans de LVC : quelle est la contribution des femmes dans le processus et comment pouvons-nous avancer ? », avec Nettie  NettieWiebe (Syndicat National des agriculteurs du Canada),  Anuka Silva (Mouvement pour les réformes agraires et foncières, Sri Lanka) et PanchaRodríguez (Association nationale des femmes rurales et autochtones, Chili).

 « Nous prenons soin de la terre et du sol. Nous amenons plus de femmes qui souffrent dans les zones rurales. Chaque région souffre d’une manière spécifique et profonde à cause du capitalisme. 

Anuka de Silva

Nettie a repris l’avancée historique de la participation des femmes à la Via Campesina dès sa fondation. Elle a rappelé qu’en 1993, la déclaration de lancement de l’organisation ne faisait aucune mention aux femmes ; et qu’à la conférence de 1996 au Mexique, les femmes ne représentaient que 20 à 25 % des déléguées. À cette époque, le Comité international était composé initialement de seulement sept hommes. La conformation strictement masculine n’a pas été bien accueillie, car elle ne représentait pas la Via Campesina dans les territoires, où les femmes avaient toujours été très importantes. La liste est revenue à la discussion, et c’est ainsi que Nettie est entrée, étant la seule femme. « Mon rôle n’était pas seulement d’être une coordinatrice régionale, mais de faire entendre les femmes et d’avoir une place dans la Via Campesina en tant qu’égales dans la lutte. Ce n’était pas le travail d’une seule personne, c’était le travail de nous toutes », a-t-elle déclaré.

La première assemblée des femmes a eu lieu en 2000 lors de la conférence de Bangalore, en Inde. À ce moment-là, des définitions importantes ont eu lieu, initiant des changements structurels tels que la parité dans la coordination. « Cela nous a permis de mieux comprendre la solidarité, car nous sommes inclusifs », dit Nettie, et poursuit : « C’est un cadeau à la Via Campesina que nous soyons toutes ici. »

 « Nous n’avons pas à nous excuser pour quoi que ce soit, pensons que nous sommes secondaires. Nous sommes au cœur de ce mouvement. Nous apportons une force vitale à ce mouvement, ainsi qu’un bon travail d’analyse et de politique dans nos communautés et à l’échelle mondiale. »

Nettie Wiebe

Le débat sur la parité dans l’organisation fait partie du débat sur la division sexuelle du travail, que les femmes de la Via Campesina ont mené dans leurs espaces d’action et de réflexion. « Dans la plupart des maisons rurales, c’est le travail des femmes qui soutient réellement, ce qui est également injuste, car il devrait être égal : que nous ayons tous la même responsabilité pour la maison, que les hommes nous reconnaissent mais travaillent aussi avec nous, en s’occupant des enfants et de la récolte, pour réellement construire un monde de solidarité », explique Pancha.

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