2024 | Bulletin d’information du mois d’août : L’actualité de nos organisations membres dans le monde entier
Août a été marqué par la résistance et l’autonomisation des communautés face aux défis posés par les diverses crises humanitaires, climatiques et politiques du monde entier. Le mouvement paysan s’est uni dans la force par le dialogue et la coopération, développant des actions locales de formation en agroécologie, en féminisme paysan populaire, tout en dénonçant les actions colonialistes qui détruisent la biodiversité. Une délégation de La Via Campesina a participé au Sommet Paysan PréCOP à Fusagasugá, en Colombie, abordant des thèmes clés tels que la dimension environnementale des paysan·nes, leur rôle d’allié·es dans la conservation, l’agroécologie, la souveraineté alimentaire et la lutte pour la terre. Cet événement marque une étape importante pour porter l’agenda du mouvement paysan en matière de souveraineté alimentaire et de durabilité aux négociations mondiales.
En Colombie également, du 20 au 24 août, une réunion du Collectif de Formation de l’Amérique du Sud s’est tenue à Viotá, dans les locaux de l’Université Paysanne Institut Agroécologique Latino-américain (IALA) María Cano. Les discussions ont porté sur la conjoncture internationale et géopolitique, la méthode matérialiste historico-dialectique, les principes de formation de la CLOC-LVC, ainsi que le rôle fondamental de la mystique dans les processus de formation. D’autres thèmes importants comprenaient le Féminisme Paysan Populaire, les défis actuels et la présentation ainsi que l’approbation du plan d’action pour l’articulation de la formation dans la région.
Toujours en Amérique du Sud, à São Mateus, au Brésil, entre le 4 et le 8 août, s’est déroulée la IVe École Féministe de La Via Campesina Brésil, réunissant 60 femmes issues de 10 organisations et mouvements sociaux ruraux. L’activité a été marquée par l’unité, la résistance et la formation. Pendant cinq jours, des sujets centraux ont été abordés pour renforcer le Féminisme Populaire Paysan (FCP) et construire une unité de lutte contre les forces conservatrices qui menacent les droits. L’échange d’expériences et le débat sur l’avancée de l’extrême droite ainsi que les défis du mouvement féministe ont été des moments d’apprentissage précieux et de réaffirmation de la lutte. Elles ont également affirmé : “Nous restons fermes dans la construction d’un avenir plus juste et égalitaire pour tou·tes.”
Au Chili, au cours des premières semaines d’août, l’École Citoyenne Itinérante de l’ANAMURI a parcouru le pays pour objectif d’autonomiser les femmes rurales et paysannes afin qu’elles influencent les décisions et actions politiques dans leurs territoires. L’école a mis un accent particulier sur la mémoire collective des femmes pendant la dictature en défense des droits humains et sur le Féminisme Paysan Populaire pour affronter l’impérialisme, le capitalisme, le colonialisme et le patriarcat.
En Amérique centrale, au Salvador, la Fédération des Coopératives de la Réforme Agraire de la Région Centrale (FECORACEN) a signé un protocole d’entente avec la Faculté des Sciences Économiques de l’Université du Salvador. Cette action vise à renforcer les relations de coopération et de soutien mutuel entre les deux institutions à travers la collaboration académique, scientifique, culturelle et en recherche. L’objectif est de renforcer les activités de #FECORACEN, ainsi que de contribuer au développement, à la qualité et à l’amélioration des programmes d’études offerts par la Faculté, en soutenant le personnel enseignant et étudiant pour mener un travail académique en phase avec les réalités rurales.
Au Guatemala, le Comité d’Unité Paysanne (CUC), avec d’autres organisations, a présenté le 30 août le rapport “Violence contre les femmes indigènes et son impact dans leur vie dans la vallée du Polochic“. Ils ont souligné l’importance de comprendre les réalités des femmes indigènes de cette communauté et de discuter des étapes à suivre pour lutter contre la violence et promouvoir leurs droits.
En Amérique du Nord, aux États-Unis, le 15 août, des membres du personnel de l’Association des Travailleurs Agricoles de Floride (FWAF) à Apopka ont rencontré le programme National Monitor Advocate du Département du Travail des États-Unis pour un dialogue important et une révision sur place des conditions de travail des paysan·nes en Floride. La réunion a également inclus des représentant.es de l’organisation Florida Non-Profit Housing, qui aide à fournir des logements aux travailleur.euses agricoles. L’objectif était de poursuivre le dialogue pour mieux aborder les réalités vécues par ces paysan·nes.
Toujours aux États-Unis, lors de la retraite de la Coalition des Fermes Familiales à Berea, KY, il a été dénoncé que le système industriel et corporatif des produits de la mer cherche à imposer des solutions illusoires, telles que des animaux génétiquement modifiés, des poissons d’élevage industriels et des poissons capturés par chalutage, pour nourrir le Midwest et le reste du monde. Les participant·es, dont des fermiers, pêcheur·ses et défenseur·ses de la nourriture, ont unanimement dit : NON à ces fausses solutions destructrices.
Depuis le Canada, l’Union Nationale des Fermiers (NFU) continue sa campagne de dénonciation du système alimentaire industriel. Le système alimentaire canadien s’est de plus en plus concentré ces dernières années, avec seulement quatre corporations contrôlant la gestion des grains et 68 % des magasins d’alimentation. Cette concentration nuit à tou·tes. Ils appellent à construire des alternatives et à soutenir les paysan·nes canadien·nes pour nourrir la population.
Dans les Caraïbes, en août, l’Organisation Boricuá de Porto Rico a organisé un cycle d’ateliers avec son “École Itinérante”. Le 29 août dernier, ils ont organisé une discussion : “Porto Rico au Comité de Décolonisation des Nations Unies (1973-2024)”, pour comprendre le processus de ces 50 ans — qui n’est toujours pas terminé — et qui exige que le peuple en lutte, en particulier les jeunes générations, reconnaissent les impacts et les actions nécessaires pour poursuivre cette lutte nationale. Lors de cette activité, une réflexion a été offerte sur le processus à Porto Rico et son lien avec les impacts de certaines politiques publiques sur le secteur agricole.
Avec la participation de plus de 70 jeunes des zones rurales et urbaines, en République dominicaine, le XIIIe Campement Peralta Verde a eu lieu, organisé chaque année par les organisations de la CLOC-Via Campesina. Le thème du campement cette année était “Droits des paysan·nes MAINTENANT”, avec un accent sur l’agroécologie pour refroidir la planète, la construction de la souveraineté alimentaire, et le renforcement de l’égalité et de l’équité de genre. Durant ces journées, des ateliers, échanges et débats ont été organisés.
En Tanzanie, MVIWATA organise des réunions de formation en agroécologie dans tout le pays. En août, MVIWATA a organisé des expositions à Morogoro, Arusha et Zanzibar pour que le public et les paysan·nes puissent apprendre et écouter les petit·es paysan·nes sur leurs luttes et les alternatives qu’ils et elles ont créées pour démocratiser les systèmes alimentaires par l’agroécologie, la commercialisation des produits agricoles et l’accès à des services financiers adaptés aux zones rurales, ainsi que sur les actions locales pour la justice climatique. Les centres d’exposition proposaient également à la vente une variété de produits agricoles (y compris des épices, des céréales et des produits forestiers non ligneux) afin de soutenir directement les petit·es paysan·nes.
En Afrique de l’Ouest, dans un contexte où les effets du changement climatique se font de plus en plus sentir, la Coordination Togolaise des Organisations Paysannes et de Producteurs Agricoles (CTOP) continue de renforcer les capacités des paysan·nes en pratiques agroécologiques pour mieux s’adapter. En août, du 14 au 16, plus de 20 paysan·nes et conseiller·es agricoles de différentes régions du Togo ont participé à une formation intensive pour développer les connaissances et les compétences nécessaires afin de promouvoir et de mettre en œuvre des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, tout en augmentant la résilience des systèmes de production face aux perturbations climatiques.
Au Sénégal, les mangues jouent un rôle important dans l’économie et dans la vie des paysan·nes. Elles permettent au pays de gagner des milliards de francs CFA, fournissent des dizaines de milliers d’emplois, et leurs feuilles sont utilisées à des fins médicinales. C’est pourquoi le manguier a été un arbre d’intérêt lors de la Journée de l’Arbre, une journée où les individu.es et les groupes sont encouragés à planter des arbres. Le Conseil National de Concertation et de Coopération des Réfugié·es (CNCR) a organisé une campagne de sensibilisation à Oussouye sur les effets et les conséquences des feux de forêt, de l’abattage des arbres et de l’occupation des forêts classées à des fins résidentielles. Ils ont invité la population à éradiquer la menace pour l’écosystème.
En Australie, l’élan pour protéger les terres agricoles du développement envahissant et de l’accaparement des terres par les entreprises a conduit l’Alliance Australienne pour la Souveraineté Alimentaire (AFSA) à engager des discussions profondes avec divers acteurs du système alimentaire afin d’aborder des questions cruciales concernant la création d’une fiducie foncière agricole. En août, l’AFSA a organisé une session spéciale, invitant des voix de tout le pays à trouver des moyens de sécuriser les terres pour la production de nourriture agroécologique et de les préserver pour l’avenir.
La Ligue Paysanne de Corée (KPL) a alerté sur le fait que les paysan·nes du pays font face à la plus grande baisse des prix du riz jamais enregistrée. Récemment, les prix du riz ont de nouveau commencé à baisser, et la barre des 180 000 wons a également été franchie. Lors de la récolte de l’année dernière, une baisse importante de 17,5 % des prix avait été observée, proche de la forte baisse vécue en 2022. La KPL affirme que l’administration de Yoon Seok-youl a largement ignoré le problème, en reportant la responsabilité sur les coopératives agricoles. La KPL s’est engagée à mobiliser les paysan·nes pour se défendre et lutter pour des prix équitables du riz.
Un groupe de jeunes paysan·nes de MONLAR Sri Lanka s’est rendu au Karnataka, en Inde, ce mois-ci dans le cadre d’un échange d’agroécologie, où ils ont également visité les fermes de plusieurs praticien·nes de l’agriculture naturelle, membres de l’Association des Agriculteur·rices de l’État du Karnataka. L’échange, basé sur une méthode pédagogique de paysan·ne à paysan·ne, a aidé le collectif agroécologique de MONLAR à apprendre des expériences des techniques d’agriculture naturelle largement utilisées dans les États du sud de l’Inde. La délégation invitée a également participé à des sessions participatives à Amritabhoomi, l’école des paysan·nes agroécologiques de l’Association des Agriculteur·rices de l’État du Karnataka.
Alors que le Bangladesh émerge de semaines d’agitation politique, la Fédération des travailleur·ses agricoles du Bangladesh (BAFLF) a rappelé au gouvernement provisoire la nécessité de prendre des mesures immédiates pour mettre en œuvre les 13 revendications des travailleur·ses agricoles en grève. Ces demandes incluent la régularisation des travailleur·ses sous-traité·es employé·es par la Corporation de développement agricole du Bangladesh et l’augmentation de leur salaire journalier à 1000 taka bangladais. Alors que le syndicat poursuivait ses revendications, il a également attiré l’attention sur l’aggravation de la situation des communautés paysannes rurales, perturbées par des pluies torrentielles et des inondations dans huit districts du Bangladesh.
En Europe, au Royaume-Uni, l’Alliance des Travailleurs de la Terre a achevé le projet “Growing the Goods”. Au cours des quatre dernières années, cette initiative a doté les producteur·rice·s horticoles, de toutes tailles, d’outils pour les paiements liés à l’agriculture durable, répondant aux défis posés par les coûts de production et le changement climatique, tout en remplaçant les anciennes subventions de la PAC de l’UE. Il appartient désormais au Département de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires Rurales (Defra) d’utiliser ces résultats pour créer un incitatif à l’agriculture durable adapté à l’horticulture.
En Espagne, après cinq ans de lutte menée par le syndicat SOC/SAT Almería, le Tribunal Social n°3 a déclaré nuls les licenciements de 17 travailleurs de Haciendas Bio et Agrosol Nature fin juillet. La bataille a commencé lorsque les travailleur·ses ont exigé le respect de la convention collective du secteur agricole et de leurs droits. Iels ont fait face à des représailles, des licenciements, des atteintes à la liberté syndicale et à des accusations de racisme, bien que ces dernières n’aient pas été mentionnées dans le verdict. Les entreprises devront réintégrer les employé·es, leur verser les salaires non perçus et les indemniser pour violation des droits fondamentaux, pour un montant total dépassant un million d’euros.
L’Union des Paysan·nes de Mauritanie s’est engagée à garantir les droits et à améliorer les conditions de vie des paysan·nes mauritanien·nes, en leur fournissant une assurance médicale et en les sensibilisant à leurs droits sociaux. Dans le cadre d’un effort récent, l’Union a obtenu une assurance médicale gratuite pour 2.100 paysan·nes dans la région de Labrakna. Ces paysan·nes ont été inscrit.es au Fonds National de Solidarité pour la Santé, une étape cruciale pour garantir qu’ils et elles reçoivent leurs cartes d’assurance et aient accès aux services de santé essentiels.
En Palestine, l’Union des Comités de Travail Agricole, en collaboration avec le Réseau des ONG Palestiniennes, a inauguré un Centre de Services aux Citoyens à Deir al-Balah, dans la bande de Gaza, dans le cadre du projet de relèvement précoce et de reconstruction. Cette initiative vise à renforcer la résilience de la population locale de Gaza en fournissant des services vitaux, y compris un soutien agricole essentiel. Elle cherche à autonomiser les communautés afin qu’elles puissent résister et surmonter les défis profonds posés par les crises humanitaires complexes causées par la guerre en cours et les actes de génocide.
Si nous avons manqué des mises à jour importantes, merci d’envoyer les liens à communications@viacampesina.org afin que nous puissions les inclure dans la prochaine édition. Nous n’incluons que les mises à jour des membres de La Via Campesina. Pour une mise à jour complète des différentes initiatives de juillet 2024, veuillez consulter notre site web. Vous pouvez également trouver les éditions précédentes de notre bulletin d’information sur notre site web. Des versions condensées de notre bulletin d’information sont disponibles en podcast sur Spotify.
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