2024 | Bulletin d’information du mois de septembre : Mises à jour des organisations membres dans le monde entier
Ce mois de septembre a été marqué par de nombreuses luttes, actions et protestations menées par les membres de La Via Campesina dans le monde entier en réponse aux défis urgents de la crise climatique, aux menaces qui pèsent sur la souveraineté alimentaire et aux droits des paysans et paysannes. Parmi ces actions, la Journée internationale d’action contre l’OMC et les accords de libre-échange du 10 septembre 2024, ainsi que la participation à la 57e session du Conseil des droits humains pour plaider en faveur de la mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et paysannes et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP) ont été les plus marquantes. En outre, le lancement des écoles continentales d’articulation des femmes ce mois-ci vise à renforcer la lutte des femmes paysannes face à l’injustice sociale et aux politiques oppressives.
Commençons par le Zimbabwe, où ZIMSOFF a organisé ses festivals annuels de l’alimentation et des semences dans quatre groupes (centre, ouest, est et nord) afin de présenter et de protéger les semences paysannes et les aliments traditionnels. L’un de ces événements, qui s’est tenu à Nemamwa Growth, dans la province de Masvingo, sous le thème “Célébrer la diversité et la résilience des aliments zimbabwéens”, a rassemblé plus de 40 agriculteur-ices pour promouvoir l’agroécologie, les semences et la souveraineté alimentaire, partager des connaissances et échanger des semences. Elle a également servi de préparation à l’événement national sur l’alimentation et les semences qui s’est tenu au jardin botanique de Harare à la mi-septembre.
En Ouganda, ESAFF Ouganda organise la 6e Semaine nationale annuelle de l’agriculture biologique 2024 sous le thème de la promotion de l’agriculture biologique comme voie vers la production alimentaire durable et la résilience climatique. Du 30 septembre au 4 octobre, l’événement vise à populariser les meilleures pratiques agroécologiques parmi les petit-es agriculteur-ices, les écoles et les dirigeants locaux, à éduquer les consommateur-ices sur l’importance de consommer des produits biologiques et à promouvoir la certification biologique à l’aide du système de garantie participatif (PGS). Il mettra également l’accent sur le rôle de l’agriculture biologique dans la conservation de l’environnement et l’atténuation du changement climatique.
Dans la foulée, la première École continentale des femmes s’est tenue au Togo du 9 au 14 septembre, réunissant des paysannes de toutes les organisations membres de La Via Campesina en Afrique. Les sessions de formation se sont concentrées sur la compréhension des luttes des femmes paysannes et des petit-es exploitant-es agricoles, donnant aux participant-es les moyens de plaider en faveur de transformations justes dans les communautés rurales. Les discussions ont porté sur la manière dont le patriarcat et le capitalisme créent des inégalités et privent les femmes de leurs droits fondamentaux. L’école visait également à donner aux femmes les moyens de s’exprimer contre la violence et mettait l’accent sur l’agroécologie pour la souveraineté alimentaire.
Au Sénégal, le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR) a mobilisé des femmes et des jeunes pour planter plus de 35 hectares de mangrove. Ce reboisement, réalisé fin août 2024, a concerné plusieurs communes d’Oussouye et de Bignona dans la région de Ziguinchor. L’activité vise à soutenir les femmes et les jeunes ruraux dans leur adaptation au changement climatique tout en renforçant leur résilience.
De même, en Asie, les membres de La Via Campesina ont organisé l’École continentale d’articulation des femmes asiatiques du 19 au 26 septembre. Près de 60 femmes issues d’organisations paysannes et de petit-es producteur-ices de denrées alimentaires de 13 pays ont participé à cette école, accueillie par l’Assemblée des pauvres à Bangkok, en Thaïlande. Les participant-es ont partagé des témoignages sur la dépossession des terres, l’augmentation de la dette rurale, l’influence croissante des sociétés privées de microfinance et la mainmise des entreprises sur les systèmes de semences indigènes. L’école a également organisé des sessions d’étude sur la prolifération des accords de libre-échange et leur impact sur la production alimentaire rurale, la souveraineté alimentaire et les services publics. Une session s’est concentrée sur la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et paysannes, explorant son potentiel à façonner les politiques publiques sur l’accès des femmes à la terre, aux semences et aux biens communs.
Au Sri Lanka, MONLAR a également organisé une session de formation sur la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et paysannes et des autres personnes travaillant dans les zones rurales dans la province orientale du pays. La province orientale est l’une des régions les plus complexes du pays sur le plan ethnique, et les droits fonciers ont été un facteur déterminant dans le conflit ethnique qui a duré plus de deux décennies. Aujourd’hui encore, des conflits fonciers opposent régulièrement les communautés locales à l’État, à ses forces de défense et à des entreprises privées. L’objectif de l’atelier de formation était d’expliquer aux communautés les différents droits garantis par cette déclaration non contraignante des Nations unies, dont le Sri Lanka est signataire.
En Inde, les syndicats d’agriculteur-ices de l’État du Madhya Pradesh s’agitent pour réclamer une augmentation des prix de soutien pour le soja, le blé et le paddy. La Bhartiya Kisan Union s’est jointe aux agriculteur-ices protestataires et a organisé un défilé de tracteurs à Seoni Malwa, exigeant une augmentation d’au moins 23 % du prix de soutien actuel pour le soja. Il convient de noter que la demande de longue date des agriculteur-ices indiens d’obtenir un soutien des prix sous la forme d’une garantie légale n’a pas encore été satisfaite, et iels sont plusieurs à se plaigner d’être souvent contraint-es de vendre sur les marchés privés à des prix bien inférieurs au prix de soutien officiel, en désespoir de cause.
Le Mouvement des agriculteur-ices familiaux (Nouminren) et ses alliés au Japon ont lancé un appel le 10 septembre pour protester contre la mauvaise gestion du gouvernement qui a créé une situation grave pour les producteur-ices de riz, contraint-es de supporter des prix bas et de réduire leur production, alors que les citoyens ne peuvent pas acheter de riz et que les détaillants ne peuvent pas en vendre. Ces derniers mois, le Japon a été confronté à une pénurie de riz. Les vendeur-euses en ligne et les épiceries ont eu du mal à répondre à la demande de cet aliment de base essentiel, tandis que l’incertitude des prévisions météorologiques et sismiques et la chaleur extrême ont également entraîné des goulets d’étranglement au niveau de la production et des ruptures d’approvisionnement pour les agriculteur-ices et les consommateur-ices japonais-es. Historiquement, les pénuries de riz ont conduit à l’instabilité politique et même à des émeutes, comme on l’a vu en 1918 et plus récemment en 1993.
En Indonésie, le Serikat Petani Indonesia (Union des agriculteur-ices indonésien-nes) a commémoré la Journée nationale des paysans et paysannes le 24 septembre en organisant un grand rassemblement devant le palais présidentiel et le bâtiment du Parlement. Les manifestant-es ont insisté sur la nécessité urgente d’accélérer la réforme agraire pour promouvoir la souveraineté alimentaire. Le président du SPI, Henry Saragih, a appelé à la redistribution des terres afin de garantir la justice pour les agriculteur-ices. Il a souligné que les rizières du pays ont considérablement diminué, passant de 8 à 9 millions d’hectares à environ 7 millions d’hectares, et a noté une augmentation du nombre d’agriculteur-ices de subsistance possédant moins de 0,5 hectare au cours de la dernière décennie.
La Coordination européenne Via Campesina (ECVC) a publié une série de recommandations politiques concernant la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et paysannes et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP). Grâce à ces recommandations, la paysannerie européenne entend influencer les décisions politiques du Parlement européen nouvellement élu à Strasbourg. Les nouveaux eurodéputés doivent considérer les droits des paysans et paysannes et l’UNDROP comme un cadre pour réglementer l’avenir de la souveraineté alimentaire sur le continent.
Le 13 septembre, les agriculteur-ices membres de l’ABL en Allemagne, ainsi que des organisations alliées, ont lancé les “Semaines d’action pour une agriculture et une industrie alimentaire sans OGM”. Cette campagne de 30 jours vise à mobiliser la société allemande contre les réglementations et déréglementations de l’UE qui favorisent l’industrie du génie génétique. Les agriculteur-ices de l’ABL craignent que ces politiques ne menacent leur droit de produire, de traiter et de commercialiser des semences sans OGM.
La Confédération nationale de l’agriculture (CNA) du Portugal a demandé au gouvernement d’apporter un soutien immédiat aux petit-es et moyen-nes viticulteur-ices. Malgré des difficultés financières persistantes, ces producteur-ices n’ont pas reçu d’aide adéquate, ce qui a entraîné des pertes importantes pour les familles d’agriculteur-ices. La CNA a critiqué la décision du gouvernement d’allouer 100 millions d’euros de crédit aux grand-es producteur-ices de vin, tout en négligeant les besoins des petit-es producteur-ices.
Au Pays basque, le syndicat agricole EHNE Bizkaia a organisé un rassemblement de collectifs agroécologiques pour échanger des connaissances sur les pratiques de l’agriculture biologique. Pendant trois jours, des agriculteur-ices d’Espagne et d’autres pays européens ont discuté de leurs expériences et des défis à relever pour renforcer l’agroécologie paysanne et la souveraineté alimentaire. L’événement a également donné lieu à un échange intercontinental avec des initiatives de formation en Indonésie, au Chili et au Mali.
Le Comité de l’unité paysanne du Guatemala a publié une étude mettant en lumière la violence à laquelle sont confrontées les femmes indigènes de la vallée de Polochic, en soulignant comment la dépossession des terres a nui à leur vie et à leur famille. Les femmes défenseuses ont été criminalisées pour avoir protégé leurs terres, tandis que des problèmes structurels tels que la discrimination, le racisme, le sexisme et la violence sexuelle continuent d’avoir une incidence sur leurs droits. L’étude vise à donner aux communautés les moyens d’exiger la justice et des politiques qui s’attaquent à ces injustices.
Au Paraguay, après une lutte de 12 ans qui a coûté la vie à 11 paysans et paysannes, les organisations paysannes et indigènes ont réussi à récupérer les terres du parc Marina Kue. Cet acte représente un moment important de justice et de liberté, avec l’engagement de transformer la zone en un modèle de respect de la nature.
En République dominicaine, la CONAMUCA s’est jointe à une campagne nationale visant à revendiquer l’identité noire du pays. L’organisation a souligné l’importance de reconnaître et de valoriser l’identité afro-dominicaine pour mettre fin à la discrimination persistante. Avec d’autres groupes, elle a affirmé que la véritable équité et la justice ne peuvent être atteintes que lorsque toutes les femmes dominicaines, quelle que soit la couleur de leur peau, sont respectées. La campagne cherche à faire reconnaître leur identité ethnique par l’État afin d’obtenir des politiques publiques qui garantissent la justice sociale.
La région arabe et d’Afrique du Nord ARNA a lancé la campagne #StopTheGenocideOfGazaChildren en tant qu’action de solidarité avec la Palestine, visant à attirer l’attention sur les violations flagrantes des droits humains fondamentaux et la privation totale des droits d’une population entière à la terre et à la souveraineté alimentaire. Alors que des millions d’enfants dans le monde se préparent pour une nouvelle année scolaire, les enfants de Gaza se trouvent au milieu des décombres, de la destruction, de la maladie et de la famine, privés de leurs droits fondamentaux à l’éducation et à la vie. Cette campagne rappelle de manière cruciale le besoin urgent de justice et de soutien aux communautés palestiniennes qui endurent ces graves difficultés.
En Palestine, l’Union des comités de travail agricole (UAWC) a lancé sa campagne annuelle de récolte des olives, intitulée “Sumud et solidarité”. Cette campagne, qui se déroule du 15 octobre au 30 novembre, prévoit une série de journées de volontariat destinées à aider les petit-es agriculteur-ices et les femmes rurales à accéder à leurs terres et à récolter les olives de leurs vergers. Cet appel s’adresse aux activistes internationaux et solidaires qui souhaitent participer à cette importante initiative en tant qu’acte de solidarité avec les paysans et paysannes. Les personnes intéressées sont invitées à remplir le lien ICI
Si nous avons manqué des mises à jour importantes, veuillez envoyer les liens à communications@viacampesina.org afin que nous puissions les inclure dans la prochaine édition. Nous n’incluons que les mises à jour des membres de La Via Campesina. Pour une mise à jour complète des différentes initiatives de septembre 2024, veuillez consulter notre site web. Vous pouvez également trouver les éditions précédentes de notre bulletin d’information sur notre site web. Des versions condensées de notre bulletin d’information sont disponibles en podcast sur Spotify.
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