2023 | Bulletin d’information de mai : Faits marquants des membres de La Via Campesina dans le monde entier
L’édition de mai du bulletin d’information contient des mises à jour sur les actions de solidarité mondiale, la défense des droits fonciers, les webinaires et les foires organisées par les membres en Colombie, en Indonésie, au Vietnam, en Thaïlande, aux Philippines, au Sri Lanka, au Mali, au Brésil, à Porto Rico, au Panama, au Guatemala, en Europe et en Italie.
Le 1er mai, plusieurs membres de La Via Campesina ont marqué la Journée internationale des travailleur.euses en organisant des manifestations publiques et en publiant des déclarations de solidarité. A Bogota, en Colombie, le Comité de Coordination Internationale (CCI) de la Via Campesina, qui avait programmé sa réunion bisannuelle, s’est également joint aux actions de solidarité mondiale en participant à une mobilisation nationale organisée par FENSUAGRO et d’autres membres de l’organisation.
Plus tard dans la semaine, au cours de la réunion bisannuelle, le CCI a évalué les préparations en vue de la 8e conférence internationale, qui devrait se tenir en Colombie plus tard dans l’année. Dans le cadre de ces préparations, le Comité a lancé un processus visant à définir les domaines d’actions stratégiques du mouvement paysan mondial pour les quatre prochaines années. Les membres de la CCI ont également visité l’Instituto Agroecológico Latinoamericano María Cano (IALA Maria Cano), où ils ont discuté de comment le processus organisationnel et paysan renforce la consolidation d’une réforme agraire pour les territoires.
En outre, à Bogota, une délégation internationale de La Via Campesina a participé à un forum public sur le processus de paix en Colombie. Dans ce forum, LVC a joué le rôle d’observateur aux côtés d’autres institutions internationales. Les délégué·es participant·es ont salué l’engagement politique de l’administration actuelle en faveur de la paix et se sont déclaré·es en faveur de la création d’un tribunal agraire en Colombie.
Le 15 mai, LVC a célébré son 30e anniversaire avec des événements parmi lesquels une visite de son site fondateur à Mons, en Belgique, et un événement hybride à Bruxelles qui a été diffusé en direct sur les réseaux sociaux de LVC. L’événement a été marqué par la participation active des acteurs paysans du monde entier qui ont rendu hommage aux réalisations et aux défis remarquables des luttes de La Via Campesina en faveur de la souveraineté alimentaire.
Par ailleurs, en mai, des membres de LVC en Équateur, en Palestine, au Pakistan et en Haïti ont fait part de leurs préoccupations concernant la détérioration du climat politique dans leurs pays respectifs. En Équateur, les membres du mouvement ont exprimé leur opposition à la dissolution des institutions démocratiques. En Palestine, les membres de LVC et plusieurs organismes internationaux ont condamné l’agression israélienne, qui s’est traduite par quatre jours de bombardements incessants dans la bande de Gaza, causant la mort de 13 personnes et en blessant plusieurs autres. La Via Campesina a également exprimé sa solidarité avec les paysan.nes et les travailleur.euses d’Haïti, qui sont actuellement confronté.es à une crise politique et économique dans leur pays. Vous trouverez ces déclarations de solidarité sur le site officiel de La Via Campesina.
En Asie, l’Union des paysan·nes indonésien·nes (SPI) a organisé un webinaire en mai pour faire de la sensibilisation autour des efforts continus pour harmoniser les lois sur les semences et l’agriculture dans le pays, pour les adapter à la très controversée UPOV (union internationale pour la protection des obtentions végétales). La SPI a indiqué que certaines conditions énoncées dans l’accord de partenariat économique global (CEPA) de l’Union Européenne font pression sur le pays pour qu’il harmonise ses lois avec l’UPOV.
En Vietnam, L’Union des agriculteur·trices du Vietnam a publié un rapport concis sur les opérations et l’impact des centres de soutien aux agriculteur·trices gérés par l’Union. Dans tout le pays, le syndicat gère un centre national et 51 centres provinciaux, où ils fournissent divers services d’accompagnement tels que la distribution de semences, des aliments pour animaux, du matériel agricole, etc.
En Thaïlande, dans le cadre d’un nouveau gouvernement qui prend le pouvoir, la Fédération des paysan·nes du Nord a publié une déclaration publique appelant à une révision complète de la politique des droits fonciers et forestiers dans le pays afin de la rendre plus favorable aux communautés paysannes et indigènes. Par ailleurs, l’Assemblée des pauvres en Thaïlande, également membre de LVC, nous a informé·es d’un litige foncier actuel entre la société Univanich Palm Oil Company et les populations paysannes et autochtones de la province de Krabi. Le tribunal a ordonné une mission d’enquête sur le cas d’accaparement de terres.
Aux Philippines, la KMP a fait part de la résolution d’un conflit foncier datant de plusieurs décennies à Hacienda Tinang, Concepcion, Tarlac. La KMP a déclaré qu’après trois décennies de lutte, le département de la réforme agraire allait redistribuer 450 titres fonciers à des familles de paysan·nes de la région. Les plantations de sucre, y compris celles de cette région, ont été exemptées du code de la réforme agraire en raison de la volonté des Philippines de maintenir leurs quotas de sucre aux États-Unis. La nouvelle résolution vise à corriger cette injustice.
Au Sri Lanka, MONLAR a organisé un échange de formation sur les coopératives paysannes en mai. MONLAR a accueilli des équipes du Myanmar, du Liban et du Bangladesh à la société coopérative EcoAPE, qui rassemble des produits agroécologiques paysans de tout le pays.
En Afrique de l’Ouest, le CNOP au Mali a également organisé une session de formation en agroécologie au Centre international de formation en agroécologie agricole de Nyéléni. Outre les théories sur les pratiques agroécologiques dans le pays, la formation s’est également concentrée sur des aspects pratiques tels que la préparation de compost solide et liquide et de solutions pour le traitement naturel.
En Tanzanie, les membres de MVIWATA du district de Kongwa ont également organisé un échange entre paysans à la coopérative Mange SACCO dans le district de Kiteto. En Ouganda, l’ESAFF a également organisé un échange au cours duquel des membres de l’école d’agroécologie de la communauté d’Otubet ont dispensé une formation à la préparation de pesticides biologiques en utilisant des matériaux disponibles localement dans leurs communautés. Les échanges entre paysans tels que ceux-ci constituent un aspect important de la stratégie globale de La Via Campesina visant à promouvoir les pratiques agroécologiques paysannes partout dans le monde.
La région d’Afrique australe et orientale de LVC a organisé un séminaire continental sur les droits des paysan.nes en mai. Trente-deux délégué.es de La Via Campesina provenant de plus de 15 pays africains ont participé au séminaire à Harare du 9 au 11 mai 2023. Le séminaire visait à promouvoir une compréhension collective des tendances actuelles au sein du continent concernant les droits des paysan·nes et à élaborer des stratégies pour populariser et utiliser l’UNDROP afin d’assurer la réalisation des droits des paysan·nes. Les délégué·es ont également visité le centre de formation Fambidzanai (centre de permaculture), où ils ont eu l’occasion de découvrir certaines des pratiques agroécologiques promues par le centre.
Peu après le séminaire, du 13 au 15 mai 2023, ZIMSOFF, le membre local de La Via Campesina, a également accueilli la réunion continentale de la jeunesse paysanne, à laquelle ont participé 16 jeunes délégué·es de 15 pays africains. La réunion a permis aux jeunes de discuter des différentes questions concernant la coordination interne suite à la perturbation de leur fonctionnement/processus par la pandémie de COVID-19, et de préparer des contributions pour l’Assemblée des jeunes de La Via Campesina, qui aura lieu juste avant la 8ème Conférence internationale de LVC à Bogota, en Colombie.
Au Brésil, en mai, le MST a organisé sa foire nationale annuelle de la réforme agraire au parc Água Branca de São Paulo. Pendant quatre jours, plus de 560 tonnes de 1’730 produits différents ont été apportés à São Paulo par 1’700 vendeurs de tout le Brésil et vendus pour plus de 320’000 personnes. Ces produits ont tous été fabriqués par des familles installées dans le cadre de la réforme agraire, qui ont obtenu leurs terres grâce à la lutte organisée par le Mouvement brésilien des sans-terre (MST). Pour la première fois de son histoire, la foire a reçu des délégations et des produits du Mexique, de Colombie, d’Argentine, du Venezuela, de Bolivie, du Sri Lanka, du Népal, d’Indonésie, de Palestine, du Congo-Brazzaville et de Norvège. Pendant les quatre jours, les membres des délégations étrangères ont vendu leurs produits et participé à des tables rondes.
La FNSA au Maroc a tenu sa 9e conférence nationale et a organisé un symposium intellectuel en mai qui est concentré sur les politiques de l’État marocain dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche maritime et sur les défis à relever pour garantir la souveraineté alimentaire.
À Puerto Rico, BORICUÁ, membre de LVC, a organisé un atelier communautaire sur les solutions technologiques à petite échelle et les réparations pour les exploitations agricoles. En plus d’une analyse politique du mouvement mondial de numérisation, l’atelier s’est concentré sur les techniques de bricolage, telles que l’assemblage, l’entretien et la réparation d’un petit système solaire pour répondre aux besoins essentiels de la maison, de la ferme, de la parcelle ou du jardin.
Au Panama, UCP Panama a organisé un forum populaire contre l’exploitation minière et l’accaparement des terres par les entreprises. Ce forum a eu lieu le 15 mai, à l’occasion du 120e anniversaire de la mort du légendaire révolutionnaire paysan et icône nationale, le général Victoriano Lorenzo.
Au Guatemala, le Comité de l’unité paysanne (CUC) a participé à une manifestation publique pour commémorer le massacre des paysan·nes de Panzós Alta Verapaz en 1978, demandant la justice pour les familles des victimes.
À Cuba, l’ANAP a célébré le 64e anniversaire de la réforme agraire qui a éliminé les latifundios – les grandes propriétés privées – et redistribué les propriétés par le biais de titres de propriété aux travailleurs qui travaillaient auparavant sur ces terres. Près de 40 %, des terres agricoles ont été retirées aux propriétaires étrangers et aux entreprises pour être transférées à l’État, qui les a ensuite distribuées aux agriculteurs et aux travailleurs agricoles.
Au Honduras, l’articulation des femmes de La Via Campesina a tenu une réunion de deux jours en mai, afin d’évaluer et de mettre à jour les stratégies de plaidoyer pour exiger les droits économiques, sociaux et culturels des femmes paysannes et indigènes.
En Europe, la manifestation publique contre l’accord commercial UE-Mercosur et l’AECG a trouvé son écho au Comité national de la Confédération paysanne, ou les paysan·nes participant·es ont souligné l’impact négatif sur les prix, les conditions sociales, les droits des paysan·nes, la souveraineté alimentaire, la biodiversité et le climat sur les communautés paysannes des deux côtés de l’Atlantique.
En Suisse, le Comité pour le droit à l’alimentation, dont fait partie Uniterre, membre de la LVC, a lancé sa campagne pour inclure le droit à l’alimentation dans la Constitution genevoise lors des prochaines votations du 18 juin. Les militant·es appellent à des politiques publiques favorables aux paysan·nes en matière d’alimentation et à la garantie d’un accès à une alimentation adéquate.
En Italie, l’AIAB a exprimé sa solidarité avec les personnes touchées par les inondations catastrophiques en Émilie-Romagne. Dans son communiqué, l’AIAB a souligné l’importance de repenser la gestion hydrogéologique, l’agriculture et l’importance de l’agriculture agroécologique pour maintenir la stabilité de l’eau et de l’hydrogéologie dans les zones rurales et périurbaines.
Le Land Worker’s Alliance au Royaume-Uni a également publié en mai un nouveau rapport présentant douze exemples d’entreprises forestières et sylvicoles écologiques en Écosse, au Pays de Galles et en Angleterre. Le rapport fournit des preuves et des études de cas qui démontrent que les entreprises forestières écologiques et régénératives à petite et moyenne échelle au Royaume-Uni sont non seulement économiquement viables, mais qu’elles fournissent également d’importantes opportunités d’emploi aux communautés locales et qu’elles apportent de nombreux avantages aux écosystèmes forestiers et aux habitats de la faune et de la flore.Voilà toutes les nouvelles que nous avons recueillies auprès de nos membres pour ce mois-ci. Avant de terminer, jetez un coup d’œil à la cinquième et dernière partie du module de formation que nous publions sur les semences. Le dernier module s’est concentré sur les principaux espaces de gouvernance et les instruments juridiques internationaux liés au droit des paysans aux semences.
Si nous avons loupé une mise à jour importante, veuillez envoyer les liens à communications@viacampesina.org pour qu’ils soient inclus dans la prochaine édition. Nous n’incluons que les mises à jour des membres de La Via Campesina.
Pour une mise à jour complète des différentes initiatives de mai 2023, veuillez consulter notre site web. Vous pouvez également trouver les éditions précédentes de notre bulletin d’information sur notre site web. En outre, une version abrégée de notre bulletin d’information sera bientôt disponible en podcast sur Spotify.
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