2023 | Bulletin d’info de juillet : L’actu des membres de La Via Campesina dans le monde entier
Pour La Via Campesina, le mois de juillet a été marqué par des mobilisations mondiales pour la défense des droits des paysan.nes et une dénonciation claire des systèmes alimentaires industriels et des accords de libre-échange qui les facilitent. Ce fut également un mois d’échanges et de formation, centré sur la préparation de la 8ème Conférence Internationale et la promotion de l’Agroécologie Paysanne.
Ce mois-ci, La Via Campesina et ses membres ont rejoint les mobilisations mondiales pour dénoncer le fait que le deuxième sommet de l’ONU sur les systèmes alimentaires, qui s’est tenu à Rome les 25 et 26 juillet, renforce encore les systèmes alimentaires industriels et les multinationales. « En ces temps de faim croissante et de crises multiples, il est plus urgent que jamais que les gouvernements et les Nations unies nous écoutent », a déclaré une dirigeante de LVC, qui a également appelé à un changement d’orientation de ces politiques internationales en faveur de la souveraineté alimentaire, des droits humains et de l’agroécologie paysanne. La région de l’Asie du Sud et du Sud-Est s’est également jointe à ces actions de masse, en organisant une réunion virtuelle intitulée « S’élever contre les systèmes alimentaires industriels », à laquelle ont participé des dirigeant.es paysan.nes du Sri Lanka, du Pakistan et de l’Indonésie.
Aux États-Unis, la National Farmworker Family Coalition s’est jointe aux mobilisations en publiant une déclaration ferme contre le pouvoir des multinationales de leur pays au niveau mondial et en demandant que l’agriculture paysanne et l’existence de millions de paysan.nes aux États-Unis soient prises en compte et reconnues.
Par ailleurs, préoccupée par l’accord UE-MERCOSUR et le sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires, une importante délégation de la CNA du Portugal et du MST du Brésil s’est réunie à Coimbra pour renforcer leurs relations et promouvoir l’agriculture paysanne. Iels ont abordé la crise des prix et de l’accès à la terre, dénonçant la criminalisation des paysan.nes et mettant l’accent sur la lutte pour la mise en œuvre de l’UNDROP et de la souveraineté alimentaire. Cette action représente les premiers pas de l’engagement des membres de la Coordination européenne de La Via Campesina à rejoindre les actions contre les accords commerciaux (et d’investissement) UE-Mercosur, UE-Mexique et UE-Chili..
De nombreuses manifestations ont également eu lieu sur le continent asiatique. À Séoul, la Ligue coréenne des paysan.nes s’est jointe à des centaines de travailleur.euses pour une manifestation publique contre une nouvelle répression de l’État à l’encontre des syndicats et des organisations d’agriculteur.trices. Les organisations d’agriculteur.trices du pays, dont la KPL, protestent depuis longtemps contre l’augmentation du coût des engrais et des aliments pour animaux, alors que le prix de leurs récoltes ne cesse de baisser. La Ligue des paysan.nes coréen.nes a accusé la décision d’importer du riz d’être l’une des principales raisons de l’effondrement des prix sur les marchés locaux. Au même moment, en Thaïlande, l’Assemblée des pauvres a organisé une manifestation contre la construction du barrage de Tha Sae dans la province de Champon. Environ 700 ménages agricoles seront touchés. L’Assemblée des pauvres a insisté sur le fait que ce qui est nécessaire pour résoudre la crise de l’eau, c’est une meilleure gestion de l’eau, et non de grands barrages.
Dans les Amériques, les mobilisations pour défendre les droits des paysan.nes se sont également poursuivies. Au Pérou, les organisations nationales Confederación Campesina del Perú – CCP, FENMUCARINAP et Confederación Nacional Agraria – CNA se sont jointes aux mobilisations nationales appelées Tercera Toma de Lima pour dénoncer l’assassinat de plus de 60 personnes, principalement paysannes et indigènes, qui, au début de cette année, ont protesté contre l’imposition du gouvernement de Dina Boluarte. A ce jour, les manifestations se poursuivent dans tout le pays pour exiger la démission de l’actuelle présidente.
De même, au Guatemala, le Comité d’unité paysanne (CUC) a dénoncé, lors d’une conférence de presse, les expulsions judiciaires et extrajudiciaires constantes que subissent les familles de diverses communautés paysannes du pays. Les représentant.es de l’organisation ont demandé au gouvernement d’agir rapidement pour protéger la vie et la production paysanne, car cette situation engendre des déplacements forcés, ainsi que de graves violations des droits humains.
Au sein du mouvement, la formation reste un exercice constant. La Coordinadora Latinoamericana de Organizaciones del Campo (CLOC) – La Via Campesina, a entamé un processus de formation interne pour préparer ses membres à la 8ème Conférence du mouvement. Cette importante conférence internationale aura lieu en décembre en Colombie. Au Salvador, la Fédération des coopératives de réforme agraire de la région centrale – FECORASEN – a intensifié son travail de développement des cercles de jeunes dans le but de renforcer les capacités des jeunes paysans et indigènes.
En Allemagne, l’organisation paysanne ABL a demandé au ministre de l’agriculture et au ministère de la vie de son pays de rejeter d’urgence la proposition de loi sur le génie génétique de la Commission de l’Union européenne. Cette proposition vise à harmoniser les règles de l’ancien et du nouveau génie génétique, ce qui constituerait une déréglementation des règles existantes et mettrait en péril la production agricole et alimentaire sans OGM. Les agriculteur.trices allemand.es s’inquiètent de l’influence de leur gouvernement sur les politiques de l’UE.
La région arabe d’Afrique du Nord a publié un rapport décrivant la situation urgente au Soudan. Depuis quatre mois, la population est en proie à des affrontements entre l’armée et les forces de soutien rapide. Les agriculteur.trices craignent que cela ne menace la production alimentaire et n’aggrave la pauvreté et la faim dans le pays. Iels ont également alerté sur la grave crise financière qui serait à l’origine du conflit, les prêts bancaires manquant et les intrants essentiels tels que les engrais, les semences et le carburant ayant des prix élevés. Les conséquences de la guerre ont également eu un impact sur les importations de denrées alimentaires et de matières premières et bloquent l’aide étrangère destinée aux agriculteur.trices et aux populations vulnérables du pays.
En Palestine, au cours de l’année 2023 , une vaste étendue de terre de 44 595 dunams, équivalant à 2 380 km2 de la Cisjordanie, a été saisie par les mesures du colonialisme. Cette saisie a également entraîné l’abattage et le déracinement de 2961 arbres, causant des dommages importants à l’environnement et aux moyens de subsistance des Palestinien.nes. Aussi le gouvernorat de Naplouse a enregistré un total de 470 attaques de colons selon les données de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et d’autres agressions comprennent 576 attaques contre des propriétés, 287 contre des citoyens, 140 contre des cultures agricoles, et 116 autres attaques visant à maintenir le contrôle sur les terres palestiniennes. La persistance de ces agressions soulève des inquiétudes majeures quant aux droits et à la sécurité des Palestinien.nes, appelant à une résolution juste et durable pour mettre fin à ces violations continues.
Au Maroc, les travailleur.euses de la coopérative agricole COPAG à Rabat se sont mobilisé.es pour défendre leurs droits, avec le soutien de notre organisation membre, la FNSA, et de l’Union marocaine du travail. Ensemble, iels ont organisé des manifestations pour dénoncer les attaques contre leur activité syndicale, pour exiger la fin des transferts arbitraires, pour améliorer leurs conditions de travail et pour obtenir une vie digne. Iels exigent que leur droit de se syndiquer soit respecté et sont prêt.es à le faire de manière constructive et pacifique. Leur lutte va au-delà de la COPAG et symbolise l’espoir d’un changement au profit de la classe ouvrière du pays. Les travailleur.euses doivent vivre dans la dignité en tant que travailleur.euses et militant.es syndicaux.ales.
Au cours de ce mois, plusieurs activités ont également eu lieu pour commémorer les luttes paysannes. En Haïti, l’organisation Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen a commémoré les 36 ans du massacre qui a coûté la vie à 139 paysan.nes qui, à l’époque, faisaient partie des mobilisations contre le régime d’Henry Nanphy et l’oligarchie du pays. Ces meurtres ont marqué une étape importante dans les luttes paysannes pour la réforme agraire et contre l’exploitation de la paysannerie dans les plantations essentiellement étrangères. Un précédent douloureux mais salutaire qui s’inscrit dans la lutte anticoloniale du peuple haïtien.
En Indonésie, le Serikat Petani Indonesia – SPI – a célébré son 25ème anniversaire ce mois-ci en organisant des forums publics et des séminaires. Le syndicat a également invité le ministre des coopératives et des petites et moyennes entreprises à une récolte où les membres du SPI cultivent du riz en utilisant des méthodes agro-écologiques.
Au Chili, dans la région de Ñuble, à l’occasion de la Journée du paysan et de la paysanne, la Confédération Ranquil a organisé une discussion sur l’unité populaire et la campagne chilienne..Au Chili, dans la région de Ñuble, à l’occasion de la Journée des Paysan.nes, la Confédération Ranquil a organisé un débat sur l’Unité Populaire et le monde rural chilien.
La Fédération des travailleur.euses. agricoles du Bangladesh (BAFLF) a mobilisé des agriculteur.trices et des ouvrier.ères agricoles dans et autour de Gazipur pour demander de meilleurs salaires et la régularisation de celles et ceux qui travaillent comme ouvrier.ères embauché.es dans des fermes de recherche gérées par le gouvernement, telles que la Société de développement agricole du Bangladesh, l’Institut du riz du Bangladesh, l’Institut de recherche sur le jute et l’Institut de recherche sur le blé et le maïs.
Au Mali, une délégation de femmes de la Coordination des organisations paysannes (CNOP Mali) a participé au Forum “Femmes, économie et résistance”, en exposant la variété de produits laitiers, de fruits, de graines à l’état naturel et transformés, qu’elles produisent elles-mêmes. L’organisation paysanne a estimé que ce type d’activités était nécessaire pour faire connaître l’énorme contribution de l’Afrique de l’Ouest à la Souveraineté Alimentaire du monde.
Au Sénégal, le Conseil National de Concertation de la Coopération Rurale (CNRC) a travaillé avec des organisations de la société civile pour faire avancer les statuts et la reconnaissance des professions agricoles. Il a également été discuté des droits à la protection sociale des personnes engagées dans le travail rural ou l’agriculture familiale, d’une série de mises à jour et des défis posés par les lois existantes du pays.
La Landworkers Alliance – une alliance d’agriculteur.trices, de forestiers et de travailleur.euses ruraux.ales au Royaume-Uni – a lancé le livre “With the Land” à l’occasion de son 10ème anniversaire. Ce livre explore ce que signifie travailler avec la terre et célèbre ce qui peut être réalisé grâce à l’action collective. Au début du mois, l’organisation a également publié le rapport « Debt, Migration and Exploitation », qui expose les raisons systémiques de l’exploitation des migrant.es dans le pays, tels que les cueilleurs saisonniers de fruits et légumes.
Enfin, l’agroécologie paysanne reste l’espoir des paysan.nes dans de nombreuses régions du monde. En Tanzanie, l’organisation MVIWATA, à l’occasion de la Journée nationale des paysan.nes, a invité le grand public à participer à des activités d’apprentissage et de partage sur l’agroécologie, ainsi qu’à promouvoir le commerce de miel, de riz, de semences locales, de jus, de fruits et de légumes agroécologiques qu’iels produisent eux-mêmes.
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