#17Avril23: Les luttes paysannes sont la principale frontière de la résistance à l’agrobusiness y l’extractivisme.

Avec près d’une centaine d’actions, la Journée internationale des luttes paysannes a été commémorée dans le monde entier le 17 avril 2023.

(Bagnolet, le 3 mai 2023) La Journée internationale des luttes paysannes est commémorée par La Via Campesina chaque année le 17 avril en souvenir du massacre de l’Eldorado do Carajás en 1996. Ce jour-là, elle dénonce également la criminalisation, l’oppression et la répression continues des paysan·ne·s, des travailleur.euse·s agricoles, des femmes rurales, des migrant·es et des communautés noires et indigènes dans le monde entier. Lisez l’appel ici https://bit.ly/42jZOPU

Cette date est commémorée au niveau mondial par des initiatives de formation, de masse et de mobilisation d’organisations paysannes, indigènes, migrantes, d’agriculteur·rice·s et de travailleur·euse·s agricoles en général, qui soutiennent la lutte pour la souveraineté alimentaire, la réforme agraire populaire et foncière, les droits des paysan·ne·s et la promotion de l’agroécologie paysanne pour faire face à la crise climatique et à la faim dans le monde.

Lors de cette journée 2023, LVC a réaffirmé sa lutte pour la défense des droits humains et de la vie, comme le stipule la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Paysan·ne·s et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP) approuvée en 2018, un instrument qui reconnaît les paysan·ne·s comme sujets de droits et de transformations. Face à l’avancée du capital sur les territoires, les peuples paysans, indigènes et sans terre représentent aujourd’hui la principale frontière de résistance contre l’hydro-agro-extractivisme des méga-corporations transnationales.

#ElDoradoDosCarajas 27 ans d’impunité, dénoncent aussi les “milices rurales”

Les mouvements de la Via Campesina Brésil, 27 ans après le massacre de l’Eldorado do Carajás, dénoncent les nouvelles “milices rurales”. Selon le rapport Conflits dans Les Campagnes publié le 17 avril par la Commission Pastorale de la Terre, CPT, en 2022, 47 meurtres ont été enregistrés au Brésil, dont 6 de femmes. Rappelons qu’en 2021, l’ancien président Bolsonaro avait déclaré que le MST était une “organisation terroriste”, que les propriétaires terriens devaient se protéger avec des armes. C’est une question qui suscite encore des inquiétudes parmi les mouvements sociaux.

Le Brésil est l’un des pays ayant la pire répartition territoriale de la planète. Seul 1 % des Brésilien·ne·s possède plus de la moitié des terres arables, tandis que les petit·e·s agriculteur·rice·s, qui représentent les trois quarts de tous les producteur·rice·s, n’en possèdent que 20 %.  Il s’agit d’un héritage de l’époque coloniale qui, à ce jour, n’a pas beaucoup changé, car le pouvoir des propriétaires terriens est toujours intact et leur lobby au Congrès et dans la presse est très puissant. Cependant, cette année, le mouvement des Travailleur·euse·s Ruraux Sans Terre a organisé des centaines d’actions dans tout le pays dans le cadre d’Avril Rouge, qui convoque à commémorer l’assassinat de 21 sans-terre. La “courbe S” – le site du massacre où la police militaire de l’État du Pará a assassiné les travailleurs sans terre en 1996 – a accueilli la 17e édition du Camp Pédagogique des Jeunes Oziel Alves. Le nom du camp rend hommage au plus jeune militant de 17 ans exécuté d’une balle dans le front à Eldorado do Carajás, et a rassemblé des jeunes ruraux qui ont souligné l’importance de la solidarité, de l’étude, de l’art et de la culture en tant qu’outils de transformation.

« La réforme agraire contre la faim et l’esclavage : pour la terre, la démocratie et l’environnement » était le slogan de la Journée d’avril de cette année, en continuité et en actualisation de la lutte des paysans qui ont été brutalement assassinés il y a 27 ans. Depuis lors, la Via Campesina a instauré le 17 avril comme Journée Internationale des Luttes Paysannes.

Cette année, le mouvement paysan a également attiré l’attention et exprimé sa solidarité face à la grave violation des droits des communautés paysannes et la criminalisation systématique de leurs dirigeant·e·s dans des pays tels que la Palestine, le Paraguay, le Brésil, la Colombie, le Mali, l’Équateur, la France, l’Espagne, la Thaïlande, le Sri Lanka, l’Indonésie, la Corée du Sud, le Kenya, le Canada, Haïti, le Guatemala et le Pérou.

En route vers la #8èmeConfLVC en Colombie

Lors de la journée du 17 avril 2023, La Via Campesina a également lancé le slogan et l’affiche officielle de sa VIIIème Conférence Internationale qui se tiendra en novembre en Colombie. Il s’agit de l’espace décisionnel le plus important pour le mouvement paysan, ainsi que d’un espace d’évaluation, d’analyse et de construction de plans collectifs.

Face aux crises mondiales, nous construisons la souveraineté alimentaire pour assurer un avenir à l’humanité !

Webinaire La Via Campesina et la Défense des droits des paysan·ne.s

La Via Campesina et Defending Peasants’ Rigths ont organisé un webinaire public pour apprendre comment les collectifs et les communautés utilisent la Déclaration sur les droits des paysan·ne·s, UNDROP, pour rendre leurs luttes visibles, et pour promouvoir davantage et mettre en œuvre les droits inscrits dans l’UNDROP.
Des représentant·e·s paysan·n·es de différentes régions ont participé au webinaire pour discuter de la manière d’articuler les luttes autour de l’UNDROP, ainsi que pour présenter des exemples concrets de mise en œuvre et d’avancées juridiques depuis 2018.

Des actions locales pour des luttes globales !

Actuellement, le mouvement international La Via Campesina rassemble 182 organisations de paysan·ne·s, d’indigènes, de femmes, de sans-terre de 81 pays du monde. Cette année encore, il a démontré son unité d’action en organisant plus de 78 actions dans le monde entier. Ce jour-là, les organisations membres et leurs allié·e·s ont dénoncé les effets néfastes de l’agro-industrie et de l’industrie extractive, qui polluent les sols, l’eau et d’autres biens communs. Par des interventions dans les rues, des dons de nourriture, des distributions de semences, des plantations d’arbres, des forums, des foires et des débats, ils ont attiré l’attention sur la criminalisation de la mobilisation paysanne, la judiciarisation des dirigeant·e·s et l’impunité des meurtres.

La Via Campesina est désormais l’expression de l’action collective et de la résistance. Cette année, le mouvement mondial fête ses 30 ans et ses propositions telles que la Souveraineté Alimentaire, l’Agroécologie Paysanne, la Réforme Agraire Populaire et le Féminisme Paysan et Populaire sont plus que jamais d’actualité, face aux crises que le monde traverse, ce sont des réponses concrètes de la paysannerie vers un modèle systémique alternatif, une voie qui garantisse la justice sociale dans toutes ses dimensions.

Amériques Caraïbes : République dominicaine

Forum sur l’impact de l’exploitation minière, l’agroécologie et le droit humain à l’eau dans la région des Caraïbes

Haïti

Les paysan·ne·s organisé·e·s dans le MPP (Mouvement Paysan de Papaye) ont mené une action de dénonciation dans le cadre du #17avril23 et ont été brutalement réprimé·e·s par la force militaire BESAP. Lors de la mobilisation, les paysans ont scandé “dehors les voleurs, les accapareurs de terres paysannes”.

Amérique Centrale : Guatemala

II Rencontre centraméricaine sur les féminismes paysans populaires et la lutte des femmes indigènes de l’Articulation des femmes CLOC-Vía Campesina d’Amérique Centrale.

Honduras

Au cours de cette journée, les organisations paysannes ont réclamé l’accès à la terre et aux marchés paysans, le contrôle des semences entre les mains des paysan·ne·s, la protection des territoires, un financement adéquat du secteur paysan et la fin de la criminalisation de la lutte des paysan·ne·s, car ce sont eux et elles qui nourrissent la population.

Amérique du Sud : Colombie

Le forum “Paysannerie, terre et réforme agraire dans le plan de développement national 2023-2026” a été organisé.

Collectif LGBTQI

Lors de cette journée de dénonciation, le collectif LGBTQI d’Amérique du Sud a également organisé une série de matériels pour rendre visible la diversité de genre et sa participation active sur tous les fronts d’action et dans la défense de la souveraineté alimentaire. Ils ont également dénoncé la criminalisation et la lgbtiqphobie qui tue les paysan·ne·s dans le monde entier.

ARNA : Palestine

L’Union des comités d’agriculteur·rice·s, UAWC, a distribué des semis locaux aux agriculteur·rice·s de Palestine en commémoration de la Journée internationale des luttes paysannes 2023.

Afrique : Tanzanie

En Tanzanie, l’organisation MVWATA a organisé 24 actions locales dans tout le pays sous le slogan “Ardhi yetu, Uhai wetu” – “Notre Terre, Notre Vie” qui désigne les luttes paysannes et la résistance paysanne dans les territoires.

Mali

La deuxième édition du week-end bio organisé par la CNOP à Kalaban Koro s’est tenue au siège de l’AMSD. Cette activité visait à promouvoir les produits agroécologiques et biologiques, et la promotion de la souveraineté alimentaire.

LVC Campesina Afrique australe et orientale
Le #17avril2023 – Journée Internationale des Luttes Paysannes – la région SEAF a lancé la brochure de la Déclaration des Droits des Paysan·ne·s, UNDROP, dans huit langues africaines locales afin de garantir que de nombreux paysan·ne·s y aient accès, connaissent et utilisent l’UNDROP pour défendre leurs droits.

Asie : Thaïlande

La Fédération des paysans du Nord de la Thaïlande a affirmé sa lutte contre l’injustice, pour le droit à la terre, pour la souveraineté alimentaire et la sécurité alimentaire des agriculteur·rice·s et des paysan·ne·s. « Libérez la dette, restituez le sol, l’eau, la forêt ; les récoltes doivent avoir un prix, nous devons arrêter le libre-échange ! »

Indonésie
SPI a démontré au chef d’État de la République d’Indonésie que le modèle d’agriculture familiale est beaucoup plus bénéfique que l’agriculture d’entreprise. “Je suis heureux d’avoir utilisé un engrais organique fabriqué par l’Union des Agriculteurs Indonésiens”, a déclaré le président après la plantation du riz.

Sri Lanka
MONLAR et d’autres mouvements sociaux au Sri Lanka ont mis en garde lors de cette journée de mobilisation sur les conséquences de l’accord avec le Fonds monétaire international.

Europe : Autriche

L’ÖBV-Via Campesina Autriche a exhorté une fois de plus aux politiciens de donner des réponses efficaces et justes à la crise climatique devant le Parlement au son des cloches de vaches. #FarmersForTheFuture

Portugal
La Confédération Nationale de l’Agriculture, CNA, a revendiqué des prix justes pour ceux qui produisent des aliments de qualité et accessibles à la population face à la dictature de la grande distribution. La CNA a présenté des propositions concrètes et a affirmé qu’avec de la volonté politique, il est possible de créer les conditions pour la distribution de la production nationale à des prix justes pour les agriculteur·rice·s et les consommateur·rice·s.

Pour suivre le détail de toutes les actions menées dans les territoires voir aussi notre padlet :  https://padlet.com/lvcweb/2023-17abril-acciones-globales-d-a-internacional-de-las-luch-mnd9fbih9ybk1pxw

Communication populaire pour l’éducation, l’agitation et la mobilisation !

Au cours de ces 30 années, nous avons appris que la mondialisation de la lutte et de l’espoir n’est pas seulement un slogan, c’est notre stratégie politique. Au cours de ces années, l’art et la culture ont été fondamentaux pour nourrir notre culture paysanne, diversifiée en couleurs, en formes, en cosmovisions mais unie dans le projet de Souveraineté Alimentaire et pour les systèmes alimentaires paysans.

Dans cette section, nous voulons saluer toutes les initiatives de communication populaire, la recherche de nouveaux formats et récits de nos organisations membres et alliées, pour présenter nos propositions et nos luttes pour la vie. Nous voulons continuer à communiquer les mondes que nous construisons déjà dans nos territoires.

Résister, c’est s’organiser, cultiver les valeurs de l’étude, du travail, de la solidarité et de la fraternité. C’est valoriser et préserver la culture paysanne et populaire par nos actions et nos communications, en formant, en élargissant notre base sociale, en agitant les idées et en mobilisant les consciences.

Globalisons l’espoir ! Globalisons la lutte !