vidéo | Indramayu, Indonésie et la lutte prolongée pour les droits fonciers et la réforme agraire
Un nouveau documentaire réalisé par Serikat Petani Indonesia, en collaboration avec ses allié·es, explore la longue lutte pour la terre à Tukdana, Indramayu, en Indonésie. À l’origine désignée comme terrain forestier, la zone a été reclassifiée comme terre cultivable en 1976 dans le cadre d’un programme d’échange de terres mis en place par le Ministère de l’Agriculture.
Cependant, en 1979, la société sucrière d’État PG Rajawali II a désigné la terre pour des plantations de canne à sucre, déclenchant un conflit prolongé entre les familles paysannes et la corporation. Certain·es ont été expulsé·es de force, d’autres sont entré·es à contrecœur en partenariat avec la société sucrière, tandis qu’une poignée de résistant·es ont refusé de céder, continuant à cultiver des cultures vivrières sur la terre contestée. Ceux et celles qui ont résisté se sont organisé·es sous l’union paysanne, Serikat Petani Indonesia (SPI).
Damar, président de la branche locale du syndicat paysan, réfléchit sur le désenchantement de ceux et celles qui sont devenu·es partenaires de l’entreprise sucrière, affirmant : “Certain·es des paysan·nes qui ont rejoint l’entreprise sucrière en tant que ‘partenaires’ ont vite réalisé qu’ils ne produisaient que pour l’entreprise et que le partenariat ne leur était que préjudiciable”.
Absori, un paysan sans terre, souligne la pratique durable de cultiver la terre appartenant à l’État pour soutenir leurs familles avec du riz et des légumes, déclarant : “Je n’ai pas de terre, mais c’est de la terre appartenant à l’État – et nous cultivons ici depuis longtemps”.
En 2018, l’entreprise a intensifié ses efforts pour recruter plus de paysan·nes en tant que partenaires, dans le but de diviser le front uni des paysan·nes. Cette tactique a entraîné une augmentation des hostilités et a semé des divisions parmi les paysan·nes. Selon le SPI, les paysan·nes qui cultivaient leur propre terre ont été soumis·es à des attaques, à la destruction de cultures et à un harcèlement intensifié au cours des deux dernières années.
Les paysan·nes allèguent que l’entreprise cherche à monopoliser la terre uniquement pour la culture de la canne à sucre, en contraignant des individus par des incitations financières, à convertir les terres à cette fin.
Sulaiman, un membre paysan du SPI, se souvient : “J’ai été appelé chez le maire et on m’a demandé d’identifier des terres pour la canne à sucre. On m’a offert 20 millions de roupies si je pouvais leur obtenir 1 hectare”.
Reconnaissant les effets néfastes de ces partenariats, de nombreux.euses agriculteur.rices cherchent à revenir à la culture traditionnelle du riz et se tournent vers Serikat Petani Indonesia (SPI) pour obtenir du soutien. Craignant de perdre leur terre au recouvrement de dettes, ces familles paysannes s’unissent contre la pression bureaucratique et corporative.
Le SPI joue un rôle crucial dans l’éducation des paysan·nes sur leurs droits, les techniques de culture et les principes de souveraineté alimentaire et de réforme agraire.
Utomo, un leader paysan, déclare : “Nous apprenons sur la souveraineté alimentaire et la réforme agraire ici. Aujourd’hui, 630 membres dans la zone cultivent environ 430 hectares, principalement du riz, des fruits et des légumes”.
Malgré l’échec de l’entreprise à remplir le plan d’échange de terres, les paysan·nes continuent d’occuper et de cultiver la terre, plaidant pour son retour dans le cadre du programme de réforme agraire du gouvernement.
Pour une compréhension plus approfondie de cette lutte en cours, nous vous encourageons à regarder ce film réalisé par Serikat Petani Indonesia, avec le soutien du Comité International de Planification sur la Souveraineté Alimentaire (IPC), FIAN International et d’autres organisations.