UGANDA : Les paysan·nes s’engagent collectivement à se transformer vers l’agroécologie paysanne
Lors de la 6e Semaine Nationale de l’Agriculture Biologique organisée par le Forum des Agriculteur·rices à Petite Échelle d’Afrique de l’Est et australe (ESAFF), les participant·es ont fait l’éloge de la Politique Nationale de l’Agriculture Biologique (NOAP) et ont également apprécié les efforts déployés pour le développement de la Stratégie Nationale d’Agroécologie (NAS).
La 6e Semaine Nationale de l’Agriculture Biologique 2024, qui s’est tenue du 31 septembre au 4 octobre 2024, a rassemblé 875 participant·es, y compris des agriculteur·rices à petite échelle, des décideur·euses politiques, des organisations de la société civile, des médias et d’autres acteur·rices clés, pour explorer comment l’agriculture biologique peut être un moteur de développement durable en Ouganda dans 8 districts. On estime que plus de 3 500 000 personnes ont été touchées par l’information diffusée par les médias et les matériaux d’information distribués lors des différents événements de la semaine.
Il a été clairement souligné que l’Ouganda continue de faire face à des défis critiques liés à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, à la dégradation de l’environnement, à l’accès limité aux ressources productives, aux pratiques agricoles intensives et au changement climatique, entre autres. Les agriculteur·rices à petite échelle axé·es sur l’agriculture biologique rencontrent des défis tels que la concurrence non réglementée avec les producteurs inorganiques, une infrastructure déficiente, une faible valorisation des produits biologiques et des coûts élevés de certification, entre autres.
En réponse à ces défis, les agriculteur·rices à petite échelle sont à l’avant-garde de la promotion et de l’adoption de pratiques agricoles biologiques et agroécologiques. L’agriculture biologique offre une approche plus durable et résiliente en favorisant la santé des sols, la conservation de l’eau, la biodiversité et la résilience climatique. Malgré ses promesses, la transition vers les pratiques biologiques est freinée par les pressions liées à la promotion de méthodes agricoles intensives en produits chimiques, le faible engagement des consommateur·rices, ainsi que le manque de politiques de soutien et d’investissements.
Nous, les agriculteur·rices à petite échelle, remercions le gouvernement pour l’adoption de la Politique Nationale de l’Agriculture Biologique (NOAP) et apprécions également les efforts en cours pour le développement de la Stratégie Nationale d’Agroécologie (NAS). Cela montre l’engagement du gouvernement ougandais à transformer le système alimentaire national en un système plus sain et plus durable.
Nous, les agriculteur·trice·s à petite échelle réuni·e·s lors de la Rencontre Nationale des Agriculteur·trice·s à Petite Échelle sur l’Agriculture Biologique, dans le cadre de la 6ème Semaine Nationale de l’Agriculture Biologique (SNAB) 2024, avec une compréhension claire de l’importance croissante du rôle des agriculteur·trice·s à petite échelle dans la construction d’un avenir agricole durable, faisons la déclaration suivante :
- Engagement envers l’Agroécologie et l’Agriculture Biologique : Nous réaffirmons notre engagement envers l’agroécologie et l’agriculture biologique comme voies durables pour atteindre la sécurité et la souveraineté alimentaires, protéger notre environnement et lutter contre les effets dévastateurs du changement climatique. Nous reconnaissons que les pratiques agricoles biologiques sont essentielles pour la conservation de l’eau, l’amélioration de la santé des sols et le renforcement de la résilience climatique. En tant que gardien·ne·s de la terre, nous nous engageons à adopter des pratiques qui protègent la biodiversité, améliorent la santé des sols et réduisent les émissions de gaz à effet de serre. Nous nous engageons à poursuivre nos pratiques de préservation de nos semences et aliments indigènes et locaux.
- Appel au soutien politique et à la sensibilisation : Nous exhortons les décideur·euse·s politiques à prioriser et intégrer les aspects agroécologiques dans les stratégies agricoles nationales afin d’assurer le bien-être des générations futures. Nous appelons également le gouvernement, les autorités locales et les parties prenantes concernées à fournir un soutien politique solide aux services de vulgarisation agroécologique. Nous incitons en outre le gouvernement à sensibiliser les agriculteur·trice·s à petite échelle aux différentes politiques, afin de leur permettre une participation éclairée aux processus décisionnels.
- Augmentation des investissements en faveur de l’agriculture biologique : Nous demandons au gouvernement d’augmenter les investissements visant à promouvoir les services de vulgarisation agroécologique. Ces investissements devraient viser à renforcer les capacités des agriculteur·trice·s, à promouvoir les systèmes de certification biologique, y compris l’adoption du Système de Garantie Participative (SGP) comme processus alternatif de certification des produits biologiques, et à développer des marchés qui priorisent les produits biologiques locaux. Ce faisant, l’Ouganda pourra renforcer son leadership en matière d’agriculture biologique et contribuer aux efforts mondiaux de durabilité.
- Renforcement des compétences et formation des prestataires de services de vulgarisation : Nous appelons également le gouvernement et les institutions à intégrer l’agroécologie dans leurs services de vulgarisation afin d’atteindre davantage d’agriculteur·trice·s à petite échelle et d’amplifier son impact à travers le pays. De plus, le gouvernement devrait développer un programme de formation pour le perfectionnement de tou·te·s les prestataires de services de vulgarisation et rendre obligatoire une formation aux pratiques agroécologiques pour ces dernier·ère·s.
- Protection des droits des agriculteur·trice·s et promotion de marchés équitables : Nous appelons à la protection des droits des agriculteur·trice·s à petite échelle pour l’accès aux ressources productives, y compris la terre, l’eau et les semences, sans interférence de l’agriculture intensive en produits chimiques. Nous soulignons l’importance de viser l’équité de genre. Nous appelons également le gouvernement à développer des marchés équitables et accessibles qui bénéficient aux agriculteur·trice·s à petite échelle et valorisent les produits biologiques pour leur contribution à la santé humaine, à la biodiversité et à la résilience climatique.
- Développement de l’agroécologie et renforcement des apprentissages : Nous nous engageons à continuer de partager les connaissances et les meilleures pratiques en agroécologie au sein de nos communautés. Nous insistons sur l’importance des échanges d’apprentissages entre agriculteur·trice·s et des collaborations pour construire des systèmes agricoles résilients.
- Protection de l’environnement et action climatique : Nous exhortons tous les secteurs de la société à nous rejoindre dans la lutte contre la dégradation de l’environnement en soutenant la transition vers l’agriculture biologique et en plaidant pour des politiques fortes d’action climatique, qui reconnaissent le rôle crucial des agriculteur·trice·s à petite échelle.
- Appel aux consommateur·trice·s et aux médias : Nous appelons les consommateur·trice·s ougandais·e·s et au-delà, ainsi que les médias, à adopter les produits biologiques et à soutenir les efforts des agriculteur·trice·s à petite échelle en choisissant des aliments biologiques produits localement. Ensemble, nous pouvons créer un système alimentaire plus sain et plus résilient, au bénéfice des personnes et de la planète.
- Renforcement des partenariats pour le changement : Nous appelons à des partenariats renforcés entre les agriculteur·trice·s à petite échelle, les organisations de la société civile, le secteur privé et le gouvernement afin d’amplifier notre voix collective et de garantir un espace civique protégé, où les agriculteur·trice·s à petite échelle peuvent librement exprimer leurs opinions. En travaillant ensemble, nous pouvons surmonter les défis posés par l’agriculture intensive en produits chimiques et promouvoir une transition vers un système alimentaire plus durable
Cette déclaration représente notre engagement collectif à transformer l’agriculture en Ouganda pour le bien de tou·tes, en particulier des communautés rurales et des générations futures. Nous sommes uni·es dans notre vision d’un système alimentaire juste et résilient.
Cette publication est également disponible en English.