Sur l’ajournement du sommet de la FAO

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

L’AJOURNEMENT DU SOMMET DE LA FAO DÉMONTRE UN MANQUE DE VOLONTÉ POUR RÉSOUDRE LA FAIM DANS LE MONDE Via Campesina voit avec une grande inquiétude l’absence de volonté politique des gouvernements concernant l’organisation du Sommet de la FAO. Suite à un long processus de négociation entre le gouvernement italien et la FAO, il a été convenu d’ajourner le Sommet à 2002. Ce manque de volonté politique évident dont font preuve les gouvernements les plus puissants pour s’attaquer à la faim et la misère dans le monde est inacceptable, d’autant qu’ils restent déterminés à mener à bien la conférence ministérielle de l’OMC à Qatar. Une fois de plus, le commerce international prévaut sur les problèmes autrement plus urgents de nos sociétés. Plus de 70 % de la population rurale mondiale est en proie à la pauvreté et la famine. Le modèle de production alimentaire industrielle orientée vers l’exportation entraîne encore plus de misère et l’exclusion de millions de paysan(ne)s, deux conséquences des politiques de libéralisation et de privatisation promues par l’OMC. La réponse au problème de la faim n’est pas "plus de marché international", mais l’intégration de davantage de paysan(ne)s dans le secteur de la production alimentaire. Il est urgent d’assumer sur le plan politique le soutien – au niveau national et international – d’une agriculture paysanne durable, axée en priorité vers les marchés intérieurs. C’est là que réside la seule solution pour lutter efficacement
contre la famine.
Vía Campesina rejette l’OMC et considère que cette dernière n’est pas le forum approprié pour traiter les aspects internationaux de la souveraineté alimentaire. Vía Campesina demande à la FAO de "se mouiller" face à la crise agraire mondiale et que, en tant qu’agence de l’Organisation des Nations unies compétente en matière d’agriculture et d’alimentation, elle s’engage dans la défense du droit des peuples à la souveraineté alimentaire, à manger des aliments sains et à accéder aux ressources de production que sont la terre, l’eau et les semences. La FAO est dans l’obligation de défendre ces droits face aux intérêts du commerce imposé par l’OMC.

Via Campesina est disposée à mettre en place des espaces de dialogue avec la FAO, à condition qu’ils contribuent à renforcer l’engagement de cette organisation en faveur de la défense de ces droits et du changement des politiques en vigueur.
Nous exigeons des gouvernements qu’ils fassent preuve de volonté politique, mobilisent les moyens requis et créent les espaces politiques nécessaires pour que la FAO et d’autres agences puissent réellement participer à l’élaboration et à la négociation de règles et politiques internationales allant dans le sens d’une production alimentaire durable qui garantisse les droits des paysan(ne)s en ce qui concerne l’accès aux moyens de production, aux marchés et à la technologie.

Un thème crucial actuellement négocié par les gouvernements dans le cadre de la FAO est l’Engagement International sur les ressources phytogénétiques (voir également les lettres de Via Campesina datées du 24-4-2001 et du 19-6-2001). Les négociations se trouvent dans une phase critique et l’un des principaux points encore en suspens concerne les droits de propriété intellectuelle sur les ressources phytogénétiques. Il est indispensable, pour pouvoir maintenir une production alimentaire paysanne, de les interdire. Vía Campesina exige de la FAO et des gouvernements du monde entier qu’ils traitent de façon responsable les graves problèmes de l’insécurité alimentaire qui touchent la planète, et demande que des engagements internationaux soient pris au plus haut niveau. Elle appelle donc à une convocation sans délai du Sommet de la FAO.

MONDIALISONS LA LUTTE, MONDIALISONS L’ESPOIR
Tegucigalpa, M.D.C., Honduras, C.A.
COMMISSION DE COORDINATION INTERNATIONALE DE VIA CAMPESINA