Suisse, Révision de la loi sur le génie génétique
Communiqué de presse d’Uniterre
NON au diktat des multinationales qui n’est ni dans l’intérêt des consommateurs-trices ni dans celui des producteurs-trices.
(Lausanne, 16 mai 2013) UNITERRE dénonce ce projet de révision de la loi sur le génie génétique (LGG) et des ordonnances sur la coexistence et le matériel de multiplication, qui vise à introduire la culture d’OGM en plein champ dès 2018 à l’expiration du moratoire en 2017, alors même que le Parlement vient de se positionner à une large majorité en faveur de la prolongation du moratoire et que les consommatrices et consommateurs comme les agricultrices et agriculteurs n’y voient aucun avantage.
UNITERRE condamne le manque de cohérence entre ce projet d’assouplissement de la LGG et la stratégie Qualité de l’agriculture suisse, dont tous les représentants de la branche se sont entendus pour renoncer aux OGM. De même ce projet va à l’encontre de l’introduction du principe de souveraineté alimentaire dans la loi nouvelle loi sur l’agriculture.
Les OGM ne participent pas à la mise en œuvre de la souveraineté alimentaire.
Les OGM sont les produits d’une approche réductrice consistant à vouloir adapter notre environnement à des variétés créées dans des laboratoires sous prétexte que c’est la génétique qui est le facteur limitant la production, plutôt que de s’adapter aux écosystèmes et bénéficier de leurs propriétés multifonctionnelles. En outre, l’utilisation d’OGM induit une dépendance en intrants chimiques et diminue considérablement l’efficience énergétique de notre agriculture. Elle contribue à déposséder les paysannes et paysans de leurs savoirs, de leur autosubsistance, de leurs revenus et de leur dignité. Seule une production agroécologique basée sur le principe de la souveraineté alimentaire, tel que défini par la Via Campesina, permettra une production de nourriture saine, de stabiliser les rendements et les revenus et de diminuer la dépendance des agriculteurs envers l’extérieur.
En Suisse, 19 organisations ont signé des critères minimaux définissant clairement le principe de souveraineté alimentaire dans notre contexte local. L’équité dans l’accès aux ressources et particulièrement un accès libre aux semences, à leur multiplication, échange et commercialisation pour les paysannes et paysans en est un aspect clé. Vouloir lier les OGM à la souveraineté alimentaire est un non-sens !
Les résultats de recherche du PNR 59 ne lèvent pas les inquiétudes face à une agriculture intensive recourant au génie génétique en Suisse.
L’imprévisibilité connue de la relation entre environnement et les PGM ne permet pas de généraliser les résultats des essais ponctuels réalisés en plein champ, notamment les effets à long terme sur le sol et les organismes non cibles.
OUI à la maîtrise du contenu de son assiette
Une agriculture de proximité libre d’OGM répond aux attentes de la population, qui l’a clairement manifesté lors de la votation populaire en 2005 et réitéré dans plusieurs sondages récents (Quelle agriculture voulez-vous ? UNIL, 2012). Une application concrète de la souveraineté alimentaire devrait permettre aux consommatrices et consommateurs-trices et producteurs-trices de définir ensemble les modes de production et de transformation des denrées alimentaires, les informations fournies avec les denrées, de participer aux choix concernant la gestion des importations et de leur qualité, ainsi que d’obtenir des prix liés aux coûts de production.
OUI à une agriculture paysanne indépendante du diktat des multinationales
En appliquant des techniques de travail simples et efficientes, l’agriculture paysanne et familiale génère des économies considérables en terme de fourrage, engrais, énergie, pesticides, génétique et vétérinaire, ce qui aboutit à des rémunérations supérieures par rapport à l’agriculture industrielle dépendante de l’extérieur.
Pour les raisons évoquées ci-dessus, UNITERRE condamne l’assouplissement des mesures déjà prises.
UNITERRE demande :
– Une interdiction définitive des OGM. L’Etat n’est pas tenu de garantir l’accès aux plantes GM et doit garantir la liberté de choix des consommateurs en tant que droit de refus.
– que l’art. 19 LGG soit révisé à l’expiration du moratoire, en tenant compte d’une agriculture exempte d’OGM dans toute la Suisse.
– une protection de la production de semences exemptes d’OGM : l’Etat doit soutenir une production indigène de semences de base.
– Une protection de l’apiculture, car les abeilles ne se soucient pas des distances de sécurité. Un miel qui contient des parts indésirables de pollen génétiquement modifié, fussent-elles minimes, est impropre à la vente.
Pour plus d’informations :
Nicolas Bezencon, secrétaire syndical (fr/de): n.bezencon@uniterre.ch, 079-574-54-12
Ulrike Minkner, Co-présidente (de/fr): u.minkner@uniterre.ch, 032-941-29-34
Alexandre Delisle, Co-président (fr): a.delisle@uniterre.ch, 079-669-42-33