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Srilanka : la société civile appelle à la transparence lors du sommet sur le climat

Dans un communiqué de presse publié le 9 mai, plusieurs membres de la société civile au Sri Lanka, dont MONLAR, organisation membre de La Via Campesina, ont appelé à la redevabilité et à la transparence lors du sommet sur le climat de la Chambre de commerce de Ceylon. Ils ont allégué que ce sommet sous le thème Code rouge : Risques et opportunités climatiques pour les entreprises sri-lankaises est une tentative d’écoblanchiment par des multinationales.

« Il a été publié que cet événement vise à examiner les menaces et les opportunités potentielles du secteur économique, ainsi qu’à décrire les changements politiques souhaités pour une économie à faible émission de carbone et résiliente. Parmi plusieurs préoccupations concernant la nature de cet événement, qualifier un sommet d’affaires visant à assurer la prospérité économique avec une motivation centrée sur le profit dans le contexte de la crise climatique de “sommet sur le climat” est trompeur et relève de l’écoblanchiment », peut-on lire dans le communiqué de presse.

Manque d’Inclusivité

Les organisations ont allégué que la Chambre de commerce facturant un montant très framineux de 40 000 roupies par participant pour un sommet sur le climat soulève des inquiétudes quant à l’accessibilité et à un véritable engagement en faveur du changement.

« Si ces entreprises sont véritablement intéressées à atténuer les risques climatiques et à renforcer la résilience en investissant dans des solutions inclusives, il est essentiel d’accorder une attention particulière à une participation diversifiée. Cela implique la présence d’agriculteurs et de pêcheurs, de femmes et d’entreprises dirigées par des femmes, d’organisations travaillant avec des personnes et des communautés marginalisées touchées par la crise climatique, ainsi que d’autres parties prenantes engagées, y compris les enfants et les jeunes qui hériteront des conséquences du changement climatique. Sans une telle diversité, ce sommet risque de manquer l’objectif de justice climatique dans le processus décisionnel, en devenant plutôt un événement exclusif et coûteux »

Redevabilité et Justice

Les organisations protestataires affirment que les grandes lignes de la politique ont été élaborées lors d’un événement à huis clos avec le monde des affaires n’incluront pas la redevabilité ou la justice pour les petit·es agriculteur·rices, les pêcheur·euses en eau douce, les communautés pêcheur·euses côtier·ères et les femmes victimes du changement climatique d’origine humaine induit par la déforestation, les machines lourdes, les méthodes agricoles de monoculture qui retardant la croissance de la biodiversité et l’utilisation de produits chimiques dans l’agriculture industrielle,  les émissions dues à la durée de la vie des aliments  les émissions dues à des kilomètrages alimentaires plus longs, aux ordures, à la pollution plastique, etc. En tant qu’île touchée de manière disproportionnée par le changement climatique alors qu’elle traverse une crise économique, la crise climatique du Sri Lanka est directement liée à sa crise de la dette.

Ecoblanchiment  des marques polluantes

Les organisations ont également souligné que le changement climatique ne doit pas être perçu comme une opportunité axée sur le profit mais comme une série de problèmes qui nécessitent des efforts efficaces et des solutions globales donnant la priorité aux personnes dont les moyens de subsistance et l’existence dépendent de l’environnement naturel et aux générations futures.

“Avoir Nestlé, l’une des marques les plus polluantes au monde, comme sponsor de cet événement est une extension de l’hypocrisie de cet événement. Ce partenariat soulève des questions sur l’engagement de la Chambre à l’égard de véritables efforts en matière de durabilité. Il y a quelques mois, le CCC a honoré Nestlé Sri Lanka en lui décernant le « Prix de la Meilleure Entreprise Citoyenne de Durabilité 2023 ». Cependant, Nestlé a été critiqué à plusieurs reprises pour être l’un des principaux pollueurs mondiaux de plastique, laissant une traînée de déchets plastiques dans 41 pays, mentionne le communiqué.

« Lorsque le marché sri-lankais permet aux multinationales polluantes d’utiliser le pays comme marché pour l’écoblanchiment, cela a non seulement un impact sur l’accès du Sri Lanka à un financement climatique propre et transparent, mais aussi sur les PME et les coopératives qui font véritablement des efforts pour rendre leurs activités durables », ont ajouté les organisations.

Recommandations

Les membres de la société civile ont demandé au CCC de réévaluer ses parrainages et ses partenariats, et de donner la priorité à la transparence. Ils ont appelé à des mesures pour empêcher le sommet de devenir une chambre d’écho pour les entreprises afin de promouvoir des objectifs inatteignables, de rejeter la responsabilité sur les consommateur·rices et les générations futures, et de modifier le discours concernant les impacts du changement climatique, créant des lacunes dans les cadres politiques.

Ils ont exhorté les médias à être plus responsables dans leurs reportages car ils détiennent le pouvoir de rendre disponible l’information au public et à être plus conscients de leurs préjugés et de leurs reportages éthiques, sans déformer ou induire le public en erreur.

Les organisations ont également appelé les citoyen·nes à examiner attentivement l’ordre du jour et les résultats du sommet.

« Une véritable action climatique nécessite l’accessibilité, des conversations honnêtes, une participation inclusive, des solutions concrètes, un véritable engagement de toutes les parties prenantes et la transparence. Pas seulement un marketing coûteux enveloppé d’écoblanchiment”, conclut le communiqué.


L’image de couverture est représentative et provient de la marche du 1er mai organisée par la société civile au Sri Lanka cette année

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