Sénégal : mobilisation pour relever le défi du “consommer local”

Le 10 avril 2018 dans le cadre de la Foire Internationale de l’Agriculture et des Ressources Animales (FIARA), le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux – CNCR à travers son collège des femmes et son collège des jeunes a tenu au CICES un atelier sur le thème : « Promotion des systèmes alimentaires locaux et emploi des jeunes en milieu rural : Quelle articulation ? Quels leviers ? ». L’objectif général de l’atelier était de contribuer à une clarification des enjeux, défis et perspectives sur les systèmes alimentaires basés sur les produits locaux en lien avec l’emploi des jeunes.

Cette rencontre part d’un diagnostic lié à la population du pays qui a doublé sur les 30 dernières années avec un taux de croissance annuel de 2,7 %. Une population qui atteindrait selon les prévisions, 16 millions d’habitants en 2020, 20 millions en 2030 et 28, 6 millions en 2050. Une population qu’il faudra nourrir mais dont malheureusement plusieurs études sur leurs systèmes de consommation démontrent leurs caractères extravertis. Un état de fait déplorable qui pousse le CNCR à considérer que les défis actuels de la souveraineté alimentaire n’autorisent plus les organisations paysannes à s’accommoder de cette situation qui prive les producteurs d’une grande opportunité pour une meilleure mise en marché de leurs produits.

Il est nécessaire de réagir énergiquement pour augmenter les productions locales et réhabiliter les marchés locaux. Pour y parvenir, « une approche systémique (approche chaîne de valeur) est préférable à une approche par filière pour relever les défis tels que l’augmentation rapide des productions et de leurs consommations et la maîtrise des techniques agricoles qui doit reposer sur les jeunes » telle que l’a martelé Madame Ndèye Fatou Ndao du Collège des femmes du CNCR. Pour les jeunes du CNCR quant à eux, les quatre principaux défis qui ont été identifiés pour leur insertion dans ce secteur sont : (i) le renforcement de l’attractivité des exploitations familiales pour les jeunes, (ii) la réhabilitation de l’image des jeunes auprès des acteurs, (iii) l’accès des jeunes ruraux aux ressources productives et enfin (iv) la qualification professionnelle.

Partant de cette analyse, les panelistes ont tour à tour fait des présentations sur des initiatives innovantes en matière de Systèmes Alimentaires Territorialisées. Il s’agit des expériences liées à la panification avec la FONGS, la production et la commercialisation de l’huile Seggal de Mékhé avec l’Union des Groupements Producteurs de Mékhé, et le warrantage à Louga avec FAPAL. Les panélistes ont également fait des présentations sur trois études relatives au consommer local. Il s’agit du projet Système Alimentaire Durable et lutte contre la Malnutrition dans la région de Dakar (SADMAD) avec le GRDR, du Projet Riz Local avec CICODEV et les Céréales consommées avec l’IPAR. Le Représentant du Conseil Départemental de Rufisque a lui aussi expliqué la politique novatrice et pionnière de leur programme dénommé Plan Alimentaire Territorial (PAT). Des femmes maliennes, burkinabés et togolaises qui ont pris part à cet atelier se sont réjouies du partage d’expérience dont elles ont pu bénéficier.