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Rencontre des jeunes paysan-ne-s de la Via Campesina Europe

Journal Uniterre décembre 2007

La première rencontre des jeunes paysans et paysannes de la Via Campesina Europe a eu lieu du 15 au 17 novembre à Agurain au Pays Basque. Cette réunion fait suite à l’assemblée des jeunes qui s’est tenue en 2004 lors de la quatrième conférence de La Via Campesina. Cette rencontre avait marqué le début d’un processus pour structurer et développer les mouvements des jeunes des différents continents et régions.

Des jeunes agriculteurs de Belgique, d’Autriche, d’Allemagne, de France, du Pays Basque, d’Espagne et de la Suisse se sont retrouvés durant deux journées pour discuter de leurs situations, expériences et problèmes particuliers. La première matinée était consacrée à une présentation de la situation de l’agriculture des différents pays. Dans tous les pays européens les fermes continuent à disparaître à un rythme très rapide. En principe, il y a donc un potentiel de reprise.

Obstacles à l’installation

Plusieurs facteurs constituent cependant des obstacles à un équilibre entre les départs naturels et une reprise des fermes. Le manque de valorisation du travail de paysan au niveau social et économique comme les perspectives d’avenir incertaines dissuadent beaucoup de jeunes à reprendre les fermes. A ces aspects économiques s’ajoute le processus de concentration des terres qui concurrence les installations potentielles. Souvent, ce sont seulement les terres qui se libèrent, les bâtiments servant de logement aux paysans à la retraite. Le bâti rural est d’ailleurs de plus en plus fréquemment transformé en logement ou en résidence de vacances. Les prix spéculatifs des terres ou des fermes rendent la reprise souvent inabordable. Quant à la législation sur le foncier, elle semble moins bonne dans l’Union européenne qu’en Suisse où la loi sur le droit foncier rural est un bon outil pour la gestion des terres.

Mise en réseau et formation nécessaires

Dans certains pays, il y a des mouvements qui travaillent sur la question de l’accès à la terre. Il est fréquent que les jeunes désirant s’installer soient d’origine citadine. Depuis 2004, en Allemagne, l’université de Kassel développe un projet pour la promotion de l’agriculture et l’installation de jeunes. De nombreux jeunes bien formés veulent devenir paysans. 50% d’entre eux ne sont pas d’origine paysanne. En parallèle, beaucoup d’enfants de paysans ne sont pas intéressés par une reprise; les parents se retrouvent ainsi sans successeurs. Ces deux groupes sont donc complémentaires mais se rencontrent rarement en raison du fossé culturel. Or, la cohabitation peut être très positive pour la formation et la transmission des savoir-faire.

La position des organisations agricoles face à installation semble avoir évolué: d’abord très réticentes, elles reconnaissent dorénavant le fait qu’il y a des jeunes qui veulent s’installer et que cela peut s’avérer positif pour la profession. Malheureusement, les formations sont souvent inadaptées, car elles sont trop théoriques ou exclusivement orientées vers le productivisme. En France, il existe une ferme-école où les jeunes agriculteurs assument l’entière gestion du domaine pendant une année avec un suivi et un appui technique. Dans plusieurs pays, les organisations paysannes sont impliquées directement dans les formations. Les stages dans les fermes sont un bon moyen de formation bien que le cadre juridique et les assurances sociales ne soient pas encore suffisamment bien défini.

Tournées vers les consommateurs

Les installations se caractérisent souvent par des projets intensifs en travail, avec des capitaux limités et de fortes relations avec les consommateurs par le biais de différents modes de vente directe. Parfois les installations se font de manière progressive. L’accès au crédit n’est pas toujours adapté car il est souvent réservé à des gros projets d’optique productiviste. A ce propos, la deuxième journée a été consacrée à des questions de commercialisation et de transformation. En terme de commercialisation, une attention particulière a été portée sur les projets contractuels liant producteurs et consommateurs. L’inadéquation entre les normes sanitaires de transformation établies pour l’industrie et la grande distribution et la réalité de la production paysanne a été soulevée.