Protéger les semences paysannes et développer l’agriculture paysanne en réponse aux crises de l’alimentation, de la biodiversité et du climat

Press Release – La Via Campesina

Une réunion ministérielle sur l’Alimentation, la biodiversité et le changement climatique aura lieu à Nusa Dua, à Bali, le 11 mars 2011, avant la quatrième séance de l’organe directeur du Traité International sur les Ressources Phytogénétiques pour l’Alimentation et l’Agriculture (TIRPAA), aussi appelée le Traité des Semences (14-18 mars 2011). La réunion ministérielle vise à résoudre les crises de l’alimentation, de la biodiversité et du changement climatique. La FAO a rapporté plus tôt cette année que 925 millions de personnes souffrent de la faim suite à ces crises multiples. La plupart d’entre elles vivent dans les zones rurales qui sont le centre de l’agriculture. Nous, les délégués de La Via Campesina, un mouvement international de paysans qui participe au Traité des Semences, regrettons donc que les paysans et les petits agriculteurs ne soient pas pris en compte dans cette réunion ministérielle.

L’expérience des paysans partout dans le monde prouve que l’agriculture agro-écologique et les marchés alimentaires locaux sont la meilleure réponse aux crises multiples actuelles. L’agriculture agro-écologique a démontré sa grande capacité à s’adapter aux conséquences du changement climatique et à contribuer à la lutte contre le changement climatique en stockant. Elle stocke les gaz à effet de serre de manière durable dans le sol et consomme bien moins de carburant fossile que l’agriculture industrielle, qui emploie du carburant non seulement pour la production alimentaire, mais aussi pour le transport, et la production d’engrais chimique. L’agriculture industrielle contribue donc fortement au changement climatique. L’agriculture agro-écologique garantit par contre la production alimentaire des familles paysannes et peut produire aussi bien pour les marchés locaux que les marchés urbains. De plus, elle accroît et conserve la biodiversité, ce qui mène à la diversification alimentaire et garantit l’alimentation de nos enfants.

La Via Campesina dit depuis longtemps que l’agriculture industrielle à grande échelle et la production en monocultures sont les causes principales des crises actuelles de la biodiversité, de l’alimentation et du climat. Nous continuerons de lutter contre elle et de défendre l’agriculture paysanne. La Via Campesina protège aussi les semences locales contre le contrôle de l’agriculture industrielle sous le système des semences néolibéralisé. Les semences sélectionnées dans les laboratoires de l’industrie ne sont adaptées qu’à l’engrais chimiques, aux pesticides et à la mécanisation, elles ont perdu toute capacité d’adaptation. Ce n’est que dans les champs des paysans et avec leurs savoirs faire qu’il est possible de sélectionner et de reproduire les millions de ,variétés adaptées par elles-mêmes à la diversité des champs, plus résistantes aux parasites et à notre climat changeant.  Les paysans et les petits agriculteurs, hommes et femmes, ont la capacité de développer toues ces nouvelles variétés.

Pour La Via Campesina, la planification et la mise sur pied de fermes industrielles, et de projets de marché du carbone ou d’agrocarburants, sont de fausses solutions aux crises multiples actuelles. Henry Saragih, coodinateur général de La Via Campesina dit que ces fausses solutions reproduisent le modèle colonial d’accaparement de terres et ne feront qu’accroître les conflits agraires et la criminalisation des paysans.

Au sujet de la réunion ministérielle et du Traité des semences de la FAO, Francisca Rodriquez de CLOC-La Via Campesina dit que sous ce modèle néolibéral beaucoup de paysans et de paysannes partout dans le monde sont encore confrontés à la criminalisation pour le développement et l’échange de semences locales. Ils perdent aussi leur droit d’accès à leurs semences, et leur droit de contrôler leurs semences. De plus, leurs ressources phytogénétiques et la biodiversité sont en train de disparaitre à cause du développement de semences OGM et hybrides. C’est ainsi que la production d’aliments et de nourriture pour animaux a été retirée des mains des paysans, qu’on nous déplace de nos terres et que nous perdons nos semences.

Alberto Gomez de La Via Campesina dit que le temps est venu d’étendre et de renforcer notre lutte sur les semences. Il est très important de soulever la question de notre droit de semer, de produire et d’échanger nos propres semences et de décider nous même quelles semences nous voulons utiliser.

Les délégués de La Via Campesina demandent à ce que les droits des paysans sur les semences qui ont déjà été reconnus dans le Traité soient respectés et mis en place dans les lois de tous les pays signataires.